Le musée de La Chartreuse prête un tableau mystère au Louvre-Lens

Le musée de La Chartreuse prête un tableau mystère au Louvre-Lens

«
Ce que l’on sait de ce tableau, explique Anne Labourdette, conservatrice du musée de La Chartreuse, c’est qu’il a été peint au XVIIe siècle et remis à la ville.
» Une habitude du Roi-Soleil, qui offrait ainsi des uvres le représentant en glorieuse posture. Une façon de marquer son territoire, à une époque où les photos sous verre n’existent pas encore. Il a été récupéré par le musée au début du XIXe siècle et y est depuis présenté en permanence. Après avoir connu quelques vicissitudes (voir ci-dessous) il est arrivé jusqu’à nous. Mais son état dégradé a, une nouvelle fois, rendu nécessaire une restauration d’importance. Elle a porté sur le support, la couche picturale et l’encadrement. Étant donné l’impossibilité de faire restaurer l »uvre au musée, celui-ci a sollicité l’assistance du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) de Versailles, où il a été envoyé en août 2013. Pour cette opération, la ville a demandé l’aide financière de trois partenaires. La Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) a apporté 13574,40 . L’association Muse & Art, société des Amis du musée : 10 000 . Et la Fédération régionale des amis des musées du Nord Pas-de-Calais : 3000 .

Ces travaux n’ont pas permis d’en apprendre beaucoup plus sur l’histoire de ce tableau, attribué au départ au peintre Van der Meulen, puis réattribué à Le Brun, ou tout du moins à son atelier. Les pigments utilisés ont notamment permis de corroborer cette thèse. Mais quid du véritable auteur Mais un livre de comptes des Bâtiments de France, d’époque, sur lequel figurent les dimensions d’une toile similaire, avec un paiement en un nom, a lui permis d’émettre une autre hypothèse. Le peintre pourrait être Pierre Rabon (1619-1684), un obscur peintre normand, né au Havre, et qui gravitait dans l’entourage de Le Brun. Quoi qu’il en soit, l »uvre restera au Louvre-Lens jusqu’au 29 août, avant de retrouver ensuite sa place au musée douaisien.

Le tumultueux destin d’une uvre

Outre le fait qu’il subsiste encore des zones d’ombre en ce qui concerne la création de ce tableau, et notamment l’auteur exact, le destin de cette toile représentant Louis XIV sur un cheval cabré, est un roman à lui tout seul.

D’abord, la toile. On peut se demander où le peintre est allé chercher un cheval pareil Il semble disproportionné. En tout cas plus proche des montures des Mongols de Gengis Khan que d’un pur-sang arabe. Peut-être pour masquer la petite taille du roi «
Pas certain », assure Anne Labourdette, la conservatrice du musée. «
Louis XIV n’était finalement pas si petit que ça. Ce n’était pas le Sarkozy de l’époque ! » Quant au cheval, ce serait un palomino, une espèce très prisée alors.

Pour ce qui est des aventures, la toile en a connues. D’abord en 1917, où elle a été « évacuée » avec le reste des collections, par l’armée allemande, qui occupait la ville. Pour prendre moins de place, elle avait été coupée et roulée. Retrouvée et rendue, elle a été réinstallée sur un châssis.

Un Lambrésien trouve la toile dans son jardin !

Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est restée ici, mais a heureusement échappé aux destructions. Mais en 1947, elle a été volée. Et les circonstances de sa récupération sont incroyables. Un Lambrésien, qui allait chercher des légumes dans son jardin, découvre en chemin un tuyau avec quelque chose de roulé à l’intérieur. C’était la fameuse toile ! Comment est-elle arrivée là Et pourquoi a-t-elle été abandonnée Mystère. Elle est rendue au musée, et à nouveau remontée. Mais toutes ces aventures avaient causé des dégâts.

Une restauration avait été effectuée fin des années 50. Qui, elle aussi, donnait des signes de fatigue. D’où la dernière en date.

La restauration

Après avis très favorable de la commission scientifique interrégionale de restauration des musées de France, en novembre 2014, le travail de remise en état du tableau a finalement été confiée au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) de Versaillles, chez qui il a été déposé de 2013 à 2016.

Cette restauration en profondeur s’est achevée en mars. Et la toile est revenue à Douai le mois dernier. Avant de se retrouver ensuite au Louvre-Lens, où elle doit rester jusque dans le courant du mois de septembre.

Ensuite, elle reviendra à Douai.

À noter qu’en mars, un photographe, Thomas Clot, a entrepris une campagne photographique de l »uvre au C2RMF.

Et qu’une découverte de la restauration, ainsi que de l’exposition, sera offerte aux mécènes et partenaires du chantier, au Louvre-Lens, le 26 mai.

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