Le gouvernement veut proroger l’état d’urgence de deux mois

Le gouvernement veut proroger l'état d'urgence de deux mois

Le gouvernement souhaite que l’état d’urgence, instauré en France au soir des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, soit prolongé de deux mois à compter du 26 mai, a annoncé Manuel Valls mercredi 20 avril au micro de France Info. Le premier ministre a expliqué qu’« au vu de la menace » l’exécutif souhaitait que la sécurité soit maximale pour l’Euro de football, qui se déroulera du 10 juin au 10 juillet, et le Tour de France, du 2 au 24 juillet.

« L’état d’urgence ne peut pas être un état permanent, mais, à l’occasion de ces grandes manifestations, nous avons considéré qu’il fallait prolonger cet état d’urgence pour assurer pleinement la sécurité des Français. »

La mesure sera présentée mercredi en conseil des ministres par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. Le texte sera transmis au Conseil d’Etat puis au Parlement, qui sera appelé à voter. L’état d’urgence a déjà été prorogé à deux reprises, le 19 novembre puis le 16 février.

Le mouvement d’occupation Nuit debout, à Paris et en province, n’est en revanche pas un problème pour l’état d’urgence, a assuré Manuel Valls. « Aucune manifestation, aucun événement public n’a été interdit [en dehors des rassemblements dans le cadre de la COP21], a-t-il expliqué. Nous pouvons assurer la sécurité des Français, en tout cas mettre tous les moyens pour assurer leur sécurité, et en même temps organiser des événements. »

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Valls regrette « l’ultimatum » du Medef

Interrogé sur la position du président du Medef, Pierre Gattaz, qui a menacé de se retirer des négociations sur l’assurance-chômage si le gouvernement ne rétablissait pas dans sa version initiale le projet de loi El Khomri dans un délai de trois semaines, Manuel Valls a appelé M. Gattaz à « revenir à la table des négociations » sur le projet de réforme du code du travail.

« Je regrette cette méthode qui consiste à poser des ultimatums. Prendre en otage la négociation de l’assurance-chômage c’est-à-dire sur le revenu de ceux qui ont perdu un emploi. C’est, je crois, ne pas être à la hauteur des responsabilités en tant que partenaire social. »

Le projet de loi qui sera en discussion à compter du 3 mai à l’Assemblée nationale ne peut être l’« otage d’enjeux internes au patronat », a-t-il ajouté.

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Un « grand débat » sur le revenu universel

Le premier ministre est également revenu sur la question d’une refonte des minima sociaux et de la suppression de la barrière pour les jeunes de moins de 25 ans. « Ce que j’ai dit, c’est qu’il faut ouvrir un grand débat sur le revenu universel à partir du rapport que nous a remis le député Christophe Sirugue et qui propose une réforme en profondeur des minima sociaux », a-t-il précisé.

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Ce sera une réforme « progressive », a souligné Manuel Valls, pour une application en 2018. « La solidarité est une exigence, a-t-il dit. A ceux qui parlent d’assistanat, un mot blessant pour ceux qui sont en difficulté, le gouvernement oppose celui de solidarité’. »

Manuel Valls a aussi appelé à une mobilisation de la gauche et à ce qu’elle soit « fière de ce qui a été engagé au cours [du] quinquennat » :

« Arrêtons d’être toujours en train de nous excuser ! Répondons avec force à ceux qui nous accusent de trahir nos engagements ou nos idéaux. C’est un appel à toute la gauche que je formule aujourd’hui, pour qu’elle s’engage pleinement dans le soutien à l’action qui est la nôtre. »

« Nous habituer à vivre sous ce régime »

La Ligue des droits de l’homme (LDH) a dénoncé mercredi la décision d’un gouvernement « drogué à l’état d’urgence » et dont les « mesures d’exception n’ont aucune raison de subsister », affirme-t-elle dans un communiqué.

« Alors que le gouvernement s’apprête à obtenir du Parlement qu’il intègre certaines dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun et qu’il renforce considérablement les pouvoirs du parquet et de la police, voici qu’il y ajoute une prolongation de mesures d’exception qui n’ont aucune raison de subsister. »

« Il traduit aussi sa volonté de nous habituer à vivre sous ce régime, espérant ainsi que les femmes et les hommes de ce pays oublieront que la défense de nos libertés est aussi un des moyens essentiels de lutter contre les actes de terrorisme », ajoute-t-elle, appelant « chacun à ne pas tomber dans ce piège ».

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