L’avis très attendu sur l’accord de distribution entre BeIN et Canal +

L'avis très attendu sur l'accord de distribution entre BeIN et Canal +

Le Monde
| 09.06.2016 à 06h39
Mis à jour le
09.06.2016 à 08h05
|

Par Alexandre Piquard

Le verdict est très attendu tant Canal+ l’a présenté comme crucial pour sa survie : l’Autorité de la concurrence rend, jeudi 9 juin vers la mi-journée, son avis sur l’accord de distribution exclusif noué entre la filiale de Vivendi et BeIN Sports.

Pour le groupe présidé par Vincent Bolloré, pouvoir vendre de façon privilégiée la chaîne de sports qatarie est le moyen de tenter de stopper l’hémorragie d’abonnés de Canal+, qui a perdu d’importants droits de retransmission du football au profit de sa rivale. Mais l’accord pose aussi des questions de concurrence, qui ont fait anticiper un avis négatif de l’antitrust français.

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Concrètement, Canal+ a demandé à l’Autorité de la concurrence la levée d’une injonction qui lui interdit de distribuer de façon « exclusive » une chaîne premium comme BeIN Sports. Celle-ci fait partie de 33 restrictions décidées par l’autorité en 2006, puis 2012, en raison de sa fusion avec son rival de l’époque, TPS.

Pour convaincre l’Autorité de la concurrence, Vivendi s’est employé à prouver que son contexte économique a bien changé : jadis dominateur, Canal+ a commencé à perdre de plus en plus d’argent sur ses chaînes en France, ont martelé Vincent Bolloré et son état-major : 250 millions d’euros en 2015, puis 400 environ en 2016 et même 450 en 2017, selon leurs calculs. Or, d’ici à 2020, il n’y aura pas de nouveaux droits sportifs importants à acheter pour renverser la tendance’ Et de nouveaux concurrents arrivent sur ce marché, à l’image de SFR-Numéricable, qui s’est arrogé le championnat anglais de football à l’automne.

Inquiet, le milieu du cinéma français, largement financé par Canal+, s’est mobilisé pour que l’autorité donne un avis positif.

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Hostilité des opérateurs télécoms comme SFR

En réponse, les concurrents de Canal+ ont rétorqué que le groupe reste largement bénéficiaire grâce à son bouquet thématique CanalSat ou ses activités internationales. Voire qu’il a dramatisé la situation pour peser sur la décision de l’Autorité de la concurrence.

SFR s’est montré particulièrement hostile au deal avec BeIN Sports. En effet, tous les opérateurs télécoms distribuent actuellement BeIN Sports et touchent une commission sur les clients qu’ils lui rapportent. Ils craignaient de voir cette manne remise en cause et de perdre l’accès direct à ces clients, si Canal+ obtenait le droit de devenir distributeur exclusif de BeIN Sports.

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Canal+ et BeIN Sports ont signé un projet d’accord

Pour tenter d’obtenir un feu vert de l’autorité, Canal+ a pris des engagements, notamment celui de laisser BeIN accessible à 13 euros, sans exiger un abonnement à Canal+ ou à CanalSat. L’Autorité de la concurrence a suggéré d’autres conditions supplémentaires, qui limitaient encore davantage la portée de l’exclusivité de l’accord avec Canal+. Quitte à risquer de faire perdre à Vivendi le goût d’aller au bout du deal en l’état : celui-ci a été négocié à un prix élevé, estimé entre 300 et 400 millions d’euros.

En cas de refus de l’Autorité de la concurrence, se posera pour Canal+ la question de sceller avec BeIN Sports un autre accord, moins cher mais aussi moins ambitieux. Vivendi devra aussi trouver un autre discours pour accompagner sa stratégie.

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