La vie d’Inès 11 ans bouleversée après un vaccin contre la méningite

La vie d'Inès 11 ans bouleversée après un vaccin contre la méningite

«
Avant, elle n’avait rien. Elle faisait du vélo, du karaté, elle avait un avenir prometteur. Tout s’écroule.
» Célinda Mornave est «
à bout de forces
». Cette mère combative observe impuissante la détérioration de la santé de sa fille. Depuis l’automne 2014, Inès vit un calvaire au quotidien. Son corps fragilisé souffre de maux inexpliqués : des gonflements musculaires, des raideurs et douleurs articulaires survenus peu après sa vaccination, le 9 septembre. «
Il y avait une recrudescence de méningites. Mon médecin m’a proposé le Méningitec. À l’époque, rien ne le contredisait
», raconte Célinda.

Blocages articulaires

Deux semaines après, «
elle a commencé à faire des blocages articulaires au niveau des coudes, des poignets, des épaules. Le matin, elle se levait toute courbaturée
».

Au départ, la famille y voit des problèmes passagers, puis «
c’est devenu plus régulier
». Des analyses sont pratiquées, des spécialistes consultés
: chirurgiens orthopédiques, pédiatres, ostéopathes, traumatologues. Pas moyen de poser un diagnostic. «
On me dit soit arrêtez de faire les hôpitaux, apprenez à vivre normalement avec votre enfant, soit

ce n’est pas de ma compétence. Mais c’est de la compétence de qui Je suis face à des murs car ma fille n’a pas de nom de maladie
».

Corsets et ceintures abdominales

Aux urgences de la polyclinique de Bois-Bernard où elle conduit régulièrement Inès, Célinda est «
connue comme le loup blanc
». Elle ne compte plus le nombre de plâtres posés pour éviter les blocages. «
Une bonne vingtaine.
» D’un tiroir de la commode du salon, elle sort des attelles, corsets et ceintures abdominales que la jeune fille, scolarisée en 6e, doit porter. Parfois, elle doit rouler en fauteuil. «
C’est rare les jours où elle n’a rien et ça ne dure pas longtemps.
Aux vacances de Noël, elle avait une minerve, le pied et le bras droits plâtrés.

Elle n’a pas la vie d’une petite fille de son âge.
»

Combat au quotidien

C’est en août dernier par Facebook que Célinda et Inès font le rapprochement avec une information sur le Méningitec dont 21 lots ont été retirés du marché le 26septembre 2014, des particules d’oxyde de fer et d’acier ayant été détectés lors de contrôles qualité. Parmi eux, le lot H62959, d’où vient le vaccin inoculé à Inès. Célinda a engagé une action en justice et se bat « au quotidien pour qu’elle soit reconnue ALD
» (affection longue durée).

En espérant qu’Inès soit prise en charge au service pédiatrique de l’hôpital Necker à Paris. Car sa santé se dégrade. «
Elle avait un blocage tous les mois, tous les 15 jours, là c’est plusieurs par semaine.
Maintenant, il y a des gonflements, Inès ne supporte plus ses douleurs.
Je ne sais pas quel sera son avenir.
» À ce stress permanent s’ajoute un sentiment de culpabilité : «
Au départ, on fait ça pour protéger nos enfants…
»

Méningitec: près de 600 plaintes déposées

Au fil des mois, la mise en cause du Méningitec s’amplifie. Depuis un an et demi, des quatre coins de France dans les médias ou les réseaux sociaux, des parents témoignent de symptômes constatés sur leurs enfants : fièvres, sautes d’humeurs, perte de cheveux ou d’autres comparables à ceux d’Inès. Tous apparus peu après la vaccination.

Depuis septembre 2014, le Méningitec est retiré du marché à titre préventif suite à la détection de métaux lourds (oxyde de fer, acier inoxydable, chrome, zinc) dans des seringues. Le rappel se fait dans toute l’Europe. À l’origine de ce retrait, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), dépendant du ministère de la Santé, avait considéré à l’époque «
qu’il n’existe pas de risque pour la santé des personnes vaccinées lié à ce défaut qualité
».

Expertise

Une plainte a été déposée auprès du tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand pour mise en danger de la vie d’autrui contre CSP, le laboratoire auvergnat distributeur du Méningitec en France. Célinda Mornave l’a rejoint le 1er septembre 2015 comme près de 600 familles.

Inès sera expertisée par une commission de pédiatres et toxicologues, à la demande du tribunal. Jusqu’à présent, les recherches en métaux lourds faites sur la jeune Rouvroysienne n’ont rien apporté : «
Tout est normal apparemment. » Comme beaucoup d’autres parents, avec lesquels elle échange sur les réseaux sociaux, Célinda estime que « l’affaire Méningitec » n’en est qu’à ses débuts. «
Des enfants ont été vaccinés alors que les lots avaient été retirés. Il y a des centaines d’enfants dans le Pas-de-Calais qui sont concernés.
» Célinda insiste sur le fait qu’elle n’est pas «
anti-vaccin
».

Dans d’autres pays, d’autres procédures sont en cours, comme en Grèce et en Italie où une analyse toxicologique d’un vaccin « sain » (non retiré de la vente) vient d’être réalisée en laboratoire. Ses résultats mettent en évidence la présence de métaux lourds, voire radioactifs (zirconium) dans la composition du Méningitec. Du coup, l’ANSM a annoncé le 14 avril dernier des «
analyses complémentaires
».C. L. C.

Leave A Reply