La semaine vue par Éric Heyer économiste , Cette baisse du chômage n’est pas un artifice

La semaine vue par Éric Heyer économiste ,  Cette baisse du chômage n'est pas un artifice

Inversion de la courbe

« Il y a un faisceau d’indicateurs qui vont dans le même sens et indiquent une amélioration sur le marché du travail. Dans les chiffres de Pôle emploi, depuis le début de l’année, la catégorie A baisse de 74 000, et l’ensemble ABC de 35 000. Les chiffres de l’INSEE indiquent aussi une diminution du chômage d’environ 0,5 point depuis le milieu de l’année 2015.

Est-ce une bonne ou une mauvaise baisse Est-ce dû au fait que les chômeurs sont découragés ou est-ce dû à une reprise d’emploi Selon l’INSEE, l’économie recommence, depuis un an, à créer des emplois dans le secteur marchand. Nous sommes sur un rythme de 150 000 créations nettes. Le secteur crée donc suffisamment d’emplois pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail, soit 130 000. Il y a aussi les non-salariés, le secteur non marchand, les emplois aidés’ Cette baisse du chômage n’est donc pas un artifice. Elle correspond à une hausse du taux d’emploi. »

Validation de la politique de Hollande

« Le gouvernement s’est trompé en début de quinquennat. Prenons sa mesure phare : le pacte de responsabilité, avec son CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). Une partie des bons résultats d’aujourd’hui viennent de là. Mais une partie des mauvais de ces dernières années ont pour cause cette même politique. Les 40 milliards d’euros vers les entreprises ont été notamment financés par la hausse de la TVA. C’est donc un choc d’offre positif pour les entreprises, mais aussi un choc de demande négatif pour les ménages. Or, l’impact du second est plus rapidement ressenti que celui du premier. D’abord, l’économie a été pénalisée. Ensuite, les effets positifs sont venus contrebalancer les effets négatifs. Il faut avoir en tête l’intégralité de ces deux tendances. Aujourd’hui, nous sommes encore au-dessus du niveau de chômage de 2012. »

Nouvelles baisses d’impôt

« A-t-on les moyens de baisser les impôts Pour le faire, soit vous baissez les dépenses du même montant, soit vous creusez les déficits. Le gouvernement dit qu’il baissera les impôts à la fois sur les ménages et sur les PME. Comment pourra-t-il le financer Si vous diminuez les dépenses, notamment les prestations sociales, vous baissez d’un côté l’impôt sur le revenu pour donner du pouvoir d’achat, mais vous le reprenez de l’autre en réduisant les prestations sociales.

Cela peut même être catastrophique pour la gauche : en baissant l’impôt sur le revenu, on ne touche pas les ménages modestes qui n’en paient pas, mais en diminuant les prestations sociales, on les pénalise. L’exécutif peut aussi dire qu’il n’a pas besoin de financer parce qu’il est légèrement en avance sur les prévisions de réduction du déficit, ou se contenter d’un léger dérapage. On attend avec impatience le projet de loi de finances. »

Candidature Sarkozy

« Les programmes à droite contiennent une baisse d’impôt de 30 milliards d’euros pour les entreprises et les ménages, financée par 100 milliards de réduction des dépenses publiques. C’est énorme. Cent milliards, c’est cinq points de PIB. Dans le dernier quinquennat Sarkozy, les économies ont été de 17 milliards.

Cela montre l’ampleur de la difficulté. Les candidats devront nous expliquer comment ils pensent y arriver. Surtout qu’il y a une grande chance que cette politique soit récessive. Quand Nicolas Sarkozy parle de 300 000 fonctionnaires de moins, ce sont des emplois en moins. Normalement, vous baissez les impôts et les dépenses du même montant. Là, il y a un choc d’austérité de 70 milliards, ce qui coûte 3,5 points de croissance en moins sur cinq ans. »

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