La sécurité privée forme ses agents à tour de bras à quelques jours de l’Euro 2016

La sécurité privée forme ses agents à tour de bras à quelques jours de l'Euro 2016

«
Pôle emploi m’a contacté. Ils finançaient des formations en vue de l’Euro. Et comme les métiers de la sécurité m’intéressaient’
» Ils sont nombreux, les témoignages de cette nature dans les salles de cours de Thésée Formation. Comme d’autres, cet organisme spécialisé dans la formation des agents de prévention et de sécurité (APS) constate depuis quelques mois une nette hausse du nombre de candidats. «
L’Euro génère des besoins supplémentaires. Pour un Lille – PSG, il faut 500 stadiers. Là, ce sera beaucoup plus, autour de 1 000 parfois. Les attentats ont accru le phénomène
», explique Laurent Leman, formateur.

« 20 % des demandeurs sont écartés »

Pour suivre la demande des boîtes de sécurité privée, Thésée a musclé son offre. L’organisme est passé d’une formation au certificat de qualification professionnelle (CQP) d’APS par mois en moyenne en 2015 à quatre groupes de douze en ce moment.

Mais ne devient pas « APS » qui veut. Il faut l’autorisation du CNAPS, l’administration qui encadre la profession. «
20 % des demandeurs sont écartés après enquête en moyenne
», la faute à un casier pas irréprochable, souvent. Ensuite, direction les cours. «
Pour le CQP, il faut suivre 140 heures, avec des modules tels que la gestion de conflit avec mises en situation, la sécurité incendie avec un feu à éteindre, les premiers secours, du droit’ Et réussir l’examen !
» L’idée n’est pas de savoir appréhender un terroriste. «
Notre métier, c’est la prévention. Quelqu’un qui veut commettre une malveillance, s’il voit qu’il y a palpation, ça va le freiner. Nous sommes le premier rideau, nous observons, alertons la police. Nous ne faisons pas son travail
», explique Jérôme Lagneaux, directeur de Thésée.

Communiquer avec la police

Exposés, sans armement comme la loi l’oblige pour éviter les dérives, les APS l’ont d’ailleurs été en novembre au Bataclan, au Stade de France. La formation a un peu évolué. «
On insiste davantage sur la remontée d’information à la police, l’identification des interlocuteurs, les signaux à envoyer à la police.
» Avec l’espoir que ce maillage renforcé suffira pour passer un Euro tranquille.

Fan zones à Lille et Lens, le point critique

La région accueille l’Euro à Lille et à Lens pour 10 matchs, sans compter les deux fan zones ouvertes 16 jours à Lens et 23 à Lille. On pourra, entre autres, y suivre les matchs sur écran géant, dans une ambiance que les organisateurs souhaitent joyeuse. Mais la gestion de la sécurité y sera particulièrement épineuse.

À Lille, la sécurité de la fan zone a été confiée à la société Agora basée à Hénin. À Lens, c’est Torann France, installée à Lille qui uvrera. Les deux entreprises se présentent comme des spécialistes de la sécurité événementielle. Les règles sont simples : si l’accès aux fan zones est gratuit, pour entrer il faudra montrer patte blanche, sans aller toutefois jusqu’à décliner son identité. Pas de portique comme à Nice, mais une palpation systématique est prévue. À Lens, en jauge basse (7 500 personnes) la fan zone sera encadrée par 75 agents de sécurité privée. Un chiffre qui montera à 100 agents en jauge haute (10 000 personnes), avec un objectif de faire entrer ces 10 000 personnes en 1 h 15 maxi.

À Lille, où le maximum attendu est de 25 000 personnes, ce sont jusqu’à 200 agents qui pourront être déployés. Près d’un million d’euros, sur un total de 3,6 millions, ont été budgétés sur le site lillois pour la sécurité.

Il sera par ailleurs impossible de pénétrer dans les fan zones avec un sac à dos. Une consigne à l’extérieur est prévue, mais le plus sûr est de s’y rendre sans.

En outre, les deux sites seront sous l »il de 68 caméras de surveillance (51 à Lens et 17 à Lille), dont l’État cofinance l’installation avec les collectivités. À Lille, des caméras mobiles des CRS seront aussi déployées, comme c’est le cas pour la Braderie par exemple. Enfin, une inspection quotidienne matinale des services de déminage est prévue.

S. LE. avec Emmanuel Crépelle

Le malaise du Stade de France

Introduction de « bombes agricoles », incendies dans les tribunes’ de l’aveu même de l’État, les incidents de samedi au stade de France lors de la finale de la Coupe de France ont mis en relief des failles de sécurité. Comment sont calibrés les dispositifs pour les deux stades de la région où la sécurité sera de la responsabilité de l’UEFA

Au stade Pierre-Mauroy, 800 à 900 agents de sécurité seront sur le site les jours de match, 700 à 800 à Bollaert-Delelis. Un chiffre qui a augmenté de 30 % au regard du contexte. Le référentiel est celui du double périmètre de sécurité. Pour accéder au stade,

il faudra passer une première étape, à l’extérieur de l’enceinte, avec un contrôle des billets et une palpation. Un second point de contrôle des billets est prévu cette fois aux tourniquets habituels sous supervision de stewards. Si besoin, une autre palpation pourrait y être mise en place.

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