La Roumanie adversaire en (re)construction

La Roumanie adversaire en (re)construction

Le Monde
| 09.06.2016 à 09h12
Mis à jour le
10.06.2016 à 16h01
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Par Anthony Hernandez

« Le football roumain a perdu vingt-cinq ans ­depuis la chute du communisme. Pendant cette période, il n’y a eu aucun investissement dans le football car la priorité n’était, bien entendu, pas le sport. » A 31 ans, Razvan Burleanu, le jeune président de la Fédération roumaine de football, sait que sa sélection, opposée à la France en match d’ouverture vendredi 10 juin, ne fait plus figure d’épouvantail.

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La génération dorée des Gheorghe Hagi et Gheorghe Popescu, polie au sein du programme de formation communiste du Luceafarul, n’est plus qu’un lointain souvenir. Lors du Mondial 1994 et de l’Euro 2000, les footballeurs roumains se hissaient en quarts de finale et les exploits des ­coéquipiers d’Hagi, surnommé « le Maradona des Carpates », faisaient vibrer les amateurs de beau jeu.

Au sein des Tricolorii, que les Bleus ont souvent retrouvés sur leur route ces dernières années (Euro 2008 et éliminatoires de l’édition 2012 et de la Coupe du monde 2010), il n’y a plus guère que le nom du vétéran Razvan Rat, 35 ans dont dix passés au Shakhtar Donetsk (2003 à 2013), qui parle un peu aux amateurs éclairés. Et pourtant, le retour de la Roumanie lors d’un grand tournoi est un signe encourageant.

Avant de se qualifier en deuxième position de son groupe éliminatoire, derrière l’Irlande du Nord mais devant la Finlande, la Hongrie ou la Grèce, l’équipe roumaine n’avait en effet participé qu’à un seul des sept derniers championnats d’Europe des nations ou Mondiaux. Elle avait été éliminée au premier tour de l’Euro 2008… comme l’équipe de France.

Cette année, Razvan Burleanu espère « une qualification en huitièmes de finale ». Mais être présent en France fait déjà son bonheur. « Le premier jour de ma présidence, j’avais assumé l’objectif d’être immédiatement performant. Nous sommes parvenus à nous qualifier pour l’Euro 2016. Nous visons désormais le ­Mondial 2018 et l’Euro 2020 », confirme Razvan Burleanu, ­docteur en sciences politiques et également président de la ­Fédération européenne de mini-football depuis 2007 (six contre six en salle).

Objectif Euro 2020

Elu à la surprise générale en 2014, après 25 ans de présidence du controversé Mircea Sandu, Razvan Burleanu est bien décidé à changer en profondeur le football de son pays. Il a fait adopter un plan quinquennal en 2015 : augmentation du nombre de licenciés, développement du football féminin, accent mis sur la formation des jeunes et des entraîneurs, construction d’infrastructures, lutte contre les discriminations et la corruption.

Le chantier est vaste, ambitieux mais nécessaire. Dans quatre ans, Bucarest accueillera des matchs de l’Euro 2020, qui se déroulera dans treize villes européennes. « En 2020, nous accueillerons ­quatre rencontres : trois en poules et un huitième de finale. La fédération essaie de contribuer à la modernisation des infrastructures de football, mais aussi à celle des infrastructures générales telles que les ­stations de métro ou les auto­routes », ­plaide-t-il.

Sur cette même période, le dirigeant a fixé des objectifs sportifs élevés à sa sélection, porte-étendard du football roumain. Le plus jeune président d’une ­fédération nationale de football en Europe vise le top 10 du ­classement FIFA d’ici à la fin de la décennie. Une hérésie pour l’actuel vingt-deuxième ‘ « On l’a déjà été quelques mois avant le Mondial 1998 en se classant septième », lance, confiant, ­Razvan ­Burleanu.

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