La renaissance de LCI passe par le numérique et le magazine

La renaissance de LCI passe par le numérique et le magazine

Le Monde
| 25.08.2016 à 13h16
Mis à jour le
25.08.2016 à 13h58
|

Par Alexis Delcambre

Comment trouver sa place dans un paysage de l’information en continu déjà largement occupé par BFM-TV, leader incontesté des audiences, et i-Télé ‘ Comment attirer l’attention, alors que les regards sont tournés vers la nouvelle chaîne d’information publique, Franceinfo, dont le lancement est attendu le 1er septembre ‘ Quelle singularité faire valoir quand chacun revendique déjà les créneaux de la réactivité et du « décryptage » ‘

Ces questions accompagnent LCI, à l’heure où la chaîne d’information du groupe TF1 devait dévoiler, jeudi 25 août, sa nouvelle formule, que les téléspectateurs pourront découvrir sur le canal 26 de la TNT à compter du lundi 29 août, ainsi que sur le numérique (Lci.fr et une application mobile). « Le pari est certain, dit la directrice générale adjointe à l’information du groupe TF1, Catherine Nayl. Mais l’ambition est forte. »

A l’appui de ce message, la chaîne pionnière de l’information en continu en France met en avant une ligne directrice, le numérique, plusieurs têtes d’affiche recrutées ces derniers mois et un nouveau leader, Thierry Thuillier.

Partenariats avec des start-up

En 2016, affirmer qu’une chaîne d’information est aussi un émetteur de contenus numériques peut sembler banal. Mais l’apparente évidence est à relativiser. Editer une chaîne d’information, une de ces machines accaparantes qui ne s’arrêtent jamais, n’a pas souvent permis de développer une offre numérique consistante. Si BFM-TV a fini par rattraper son retard et pointe désormais au 4e rang des offres d’information en ligne, i-Télé n’a pas fait le même chemin, tandis que l’articulation Web-antenne à Franceinfo reste à démontrer.

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La nouvelle LCI, elle, se présente d’emblée comme une offre globale. Ces derniers mois, TF1 a fusionné les équipes précédemment réparties entre LCI, les sites MYTF1News et Metronews. La chaîne et le nouveau site, Lci.fr, porteront désormais le même nom et seront gérés par la même équipe, sous une hiérarchie unique. TF1 a aussi mis en place une cellule de développement de nouveaux formats, LCI Air, et noué des partenariats avec des start-up comme Nunki, pour l’aider à détecter les sujets qui émergent, et Wibbitz, qui convertit automatiquement du texte en vidéo.

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Il faudra patienter pour mesurer les résultats concrets de ces initiatives. Mais elles donnent l’impression que TF1 est aujourd’hui moins hésitante qu’hier à investir résolument dans le Web d’information. Nécessaire pour toucher tous les publics, celui-ci est aussi, pour elle, une façon d’atténuer les contraintes imposées à la chaîne par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) lors de son autorisation de passage en gratuit, accordée en décembre 2015.

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Série de rendez-vous thématiques

Pour ne pas déstabiliser la concurrence, le CSA a demandé à LCI de ne pas consacrer plus d’un tiers de son temps d’antenne à l’information chaude. Cela signifie que la part des journaux ne doit pas excéder, en moyenne, dix-huit minutes par heure. Mais sur le Web, ces limites n’existent pas.

« Le numérique aura une fonction plus tournée vers l’actu, quand la chaîne fera ­cohabiter un univers chaud et un univers magazine », dit Mme Nayl.

Cette dimension « magazine » s’incarne dans une série de rendez-vous thématiques consacrés à l’international, à la politique et à l’économie, mais aussi à la ­culture, au sport, à la technologie, à la science, à la consommation, à la santé, à l’environnement’ Autant de moments pendant lesquels la chaîne s’affranchira du « hard news », qui fait la force et parfois la faiblesse du leader du secteur, BFM-TV.

Fédérer la rédaction

Reste qu’attirer les téléspectateurs sur cette promesse hybride, a fortiori sur un canal éloigné, le 26, est une gageure. Pour y répondre, LCI s’est attaché les services de figures connues du grand public, notamment Yves Calvi, présentateur de 18 heures à 20 heures, François-Xavier Ménage, à la tête de « La Matinale », Audrey Crespo-Mara, qui assurera l’interview du matin, ou Julien Arnaud, pour l’émission du soir.

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Enfin, la chaîne semble avoir résolu ses problèmes de leadership avec le recrutement de Thierry Thuillier comme directeur général. Ancien journaliste de TF1 âgé de 53 ans, l’homme a été directeur de la rédaction d’i-Télé, patron de l’information de France Télévisions, puis de France 2, et éphémère directeur des sports de Canal+.

Annoncé en juillet, son retour à TF1 intervient après une crise au sommet chez LCI, conclue par le départ surprise de Céline Pigalle, restée directrice de la rédaction trois mois, et la mise à l’écart de Nicolas Charbonneau, directeur général pendant sept mois.

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Réputé pour sa rigueur ainsi que pour son tempérament combatif, M. Thuillier n’a pas tardé à fédérer une rédaction qui attendait un nouveau souffle. Il lui reste à affronter un sérieux défi : asseoir une identité, passer de 0,2 % à 1 % d’audience d’ici à 2019 et venir à bout des pertes de LCI, qui pourraient atteindre 30 millions d’euros en 2016, compte tenu des investissements consentis.

Guillaume Zeller quitte i-Télé

Moins d’un an après sa nomination surprise, le directeur de la rédaction de la chaîne d’information du groupe Canal+, Guillaume Zeller, a quitté ses fonctions, a-t-on appris mercredi 24 août. À la maison-mère, Vivendi, on indique qu’il devrait se voir confier d’autres fonctions au sein du groupe et que son remplacement interviendra d’ici fin septembre, pour la nouvelle formule d’i-Télé qui deviendra alors CNews. Le profil de M. Zeller, ancien directeur de la rédaction de Direct 8, spécialiste du catholicisme et de certains thèmes chers à la droite sans expérience des chaînes d’information en continu, avait suscité la perplexité des troupes d’i-Télé lors de sa nomination par Vincent Bolloré en septembre 2015.

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