La compensation un  permis de détruire  la nature ‘

La compensation un  permis de détruire  la nature '

Comparée à une compensation « à la demande », réalisée au cas par cas après une construction, la compensation par l’offre apparaît plus efficace : elle permet d’anticiper la destruction d’un habitat ; elle peut être planifiée sur des sites plus vastes et mieux connectés aux autres écosystèmes ; et plus facile à contrôler.

Mais cette opération, simple coût à budgéter pour les aménageurs et maîtres d’ouvrage qui en ont les moyens, ne serait-elle pas un peu « trop facile » ‘ Elle risquerait alors, dénonce Attac, de servir de « dérivatif facile et généralisé aux étapes visant à éviter et réduire les dégradations écologiques », et finalement, de « véritable droit à détruire ». Faux, pense l’économiste Harold Levrel, à condition que les critères de cette compensation écologique soient exigeants et que son prix soit élevé comme aux Etats-Unis, où il n’y a pas eu « d’appel d’air à la construction » d’après lui.

Autre critique : la compensation par l’offre conduirait à une « privatisation de la protection de la nature », selon Attac. Aux Etats-Unis, d’ailleurs, « à mesure qu’on donne un prix à la nature, des multinationales, des fonds de pension, des banques s’y intéressent », note la philosophe de l’environnement Virginie Maris. La CDC biodiversité ne vante-t-elle pas elle-même « ses compétences à la croisée des ingénieries financières et écologiques » ‘ Son président s’en défend : « Ce n’est pas parce que je paie mon médecin que la santé est marchandisée. Nous sommes une sorte de clinique de réparation de la nature. On ne vend pas des outardes ou des terres, mais des services de restauration ». Les unités de compensation ne peuvent d’ailleurs être ni titrisées ni revendues.

De manière générale, tout mécanisme de compensation ne laisse-t-il pas croire qu’un écosystème dégradé et ses populations sont substituables ‘ Que l’artificialisation des sols et ses conséquences fragmentation de l’habitat, pollutions, inondations, etc. sont réversibles ‘ « On ne remplace pas un arbre vieux d’un siècle par dix arbres âgés de dix ans », fait remarquer Maxime Combes, d’Attac. « On n’est pas capable de restaurer l’intégralité de l’écosystème préexistant », tranche de son côté le chercheur en ingénierie écologique, Thierry Dutoit. Selon une méta-analyse portant sur 621 zones humides restaurées dans le monde, publiée dans PLOS en 2012, on récupère en moyenne, au bout de plusieurs décennies, 75 % de l’écosystème (pour certaines espèces et fonctions, comme le stockage du carbone).

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