La  bataille  de la  loi travail  continue dans la rue et au Sénat

La  bataille  de la  loi travail  continue dans la rue et au Sénat

Ils ont promis un mardi 14 juin « énorme », avec, pour objectif, le retrait du projet de loi « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs ». La journée de manifestation nationale, à Paris, organisée par les sept principaux syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL s’annonce très forte. Le cortège partira vers 13 h 15 de la place d’Italie, pour rejoindre les Invalides.

De son côté, le Sénat a commencé, lundi, l’examen du projet de loi. Et la majorité de droite de la Haute Assemblée a bien l’intention d’en profiter pour déstabiliser l’exécutif.

Après huit journées de manifestations à travers la France, relayées par des blocages et des grèves touchant des secteurs-clés, comme les raffineries, la SNCF, Air France ou les déchets, les opposants à la loi travail n’entendent pas déposer les armes, ni changer leur mot d’ordre : le retrait d’un texte jugé trop favorable aux employeurs, et facteur de « régression sociale » pour les salariés. La CGT a recensé plus de 600 cars affrétés dans toute la France pour que les contestataires puissent rejoindre le rassemblement dans la capitale.

Dès mardi matin, des initiatives ont été organisées en province. Des barrages filtrants ont été mis en place à Brest, un incinérateur a été bloqué à Fos-sur-Mer’ Le secteur de l’énergie était également à nouveau touché, avec des baisses de production dans différentes centrales. Selon la CGT, des lignes haute tension ont été coupées en région parisienne et 350 000 clients basculés en heures creuses à Paris. Le mouvement de grève touche également la tour Eiffel, qui est fermée, mardi, « les effectifs sur place n’étant pas suffisamment nombreux pour ouvrir le monument », a annoncé la direction.

Les sept organisations contestataires ont déjà programmé deux nouvelles journées de mobilisation, les 23 et 28 juin. Mais, sur fond de mise en veilleuse des actions en cours, des tractations sont engagées pour trouver une porte de sortie avant que le débat revienne à l’Assemblée nationale, au début de juillet. M. Martinez doit être reçu, pour la première fois depuis le début de la contestation, par la ministre du travail, Myriam El Khomri, vendredi 17 juin. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière (FO), dont le syndicat a du mal à être visible derrière la CGT, a, pour sa part, prévenu : « On ne lâchera pas. »

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130 personnes interdites de manifestations

Face aux craintes d’affrontements avec la police, « environ 130 personnes » ont été interdites de participer, mardi à Paris, à la manifestation nationale. Selon le préfet de police de Paris, Michel Cadot, il s’agit de personnes déjà interpellées lors de précédents défilés contre le projet de loi de réforme du code du travail.

« Il n’est pas exclu qu’il y ait des casseurs qui commettent des exactions », a-t-il justifié, concédant qu’il s’agit d’une « mesure assez inhabituelle, assez massive », et précisant que les personnes visées avaient « fait l’objet soit d’un jugement », soit « d’une comparution judiciaire dans l’attente d’un jugement à venir » pour des dégradations ou des violences lors de précédentes manifestations.

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L’arrêté est valable pour mardi après-midi sur le parcours et aux abords de la manifestation entre la place d’Italie et les Invalides. Pour le défilé, une vingtaine d’unités de CRS et de gendarmes mobiles seront déployées, des contrôles préventifs et des fouilles effectués, a prévenu le préfet. Les voitures stationnées sur le parcours seront enlevées.

Le Sénat, vitrine de l’opposition

En parallèle du mouvement social, depuis lundi (et jusqu’au 24 juin), c’est au tour du Sénat d’examiner le très controversé projet de réforme du code du travail. Il avait été adopté par l’Assemblée nationale grâce à l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, c’est-à-dire sans le soumettre au vote.

Si le Sénat dispose d’une marge de man’uvre pour figer certains articles, cette lecture devrait surtout faire office de vitrine pour l’opposition. La majorité de droite entend en effet donner un coup de barre libéral au texte en affirmant notamment vouloir « faire sauter le verrou des trente-cinq heures ».

Un vote solennel est programmé le 28 juin au Palais du Luxembourg. Le texte fera ensuite l’objet d’une commission mixte paritaire Assemblée nationale-Sénat chargée de trouver un accord. En cas d’échec, attendu, c’est la première des deux chambres qui aura le dernier mot. Le premier ministre, Manuel Valls, pourrait bien être tenté d’y utiliser à nouveau le 49.3.

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