La base de données des  Panama papers  ne sera publiée que partiellement

La base de données des  Panama papers  ne sera publiée que partiellement

Le Monde
| 06.05.2016 à 18h50
Mis à jour le
09.05.2016 à 11h27
|

Par Les Décodeurs

Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) va mettre en ligne sur son site, lundi 9 mai à 20 heures, une partie des données du scandale des « Panama papers ». Mais il ne s’agit en aucun cas de l’intégralité des 11,5 millions de fichiers puisés dans les archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore.

L’ICIJ et ses 109 partenaires, dont Le Monde, ne souhaitent pas les publier, pour d’évidentes raisons de respect de la vie privée  elles contiennent des adresses, des correspondances privées, des transactions financières, des passeports.

Ne seront divulgués que le registre interne des quelque 214 000 structures offshore administrées par Mossack Fonseca entre 1977 et 2015 et les métadonnées associées à chacune d’entre elles, c’est-à-dire les dates de création et éventuellement de dissolution, leur statut (active, dormante, dissoute’), le nom des actionnaires, des intermédiaires financiers et, lorsque Mossack Fonseca possédait l’information (c’est-à-dire rarement), des bénéficiaires finaux de ces sociétés. Autant d’informations qui sont, au mieux, parcellaires, et au pire, introuvables dans les registres officiels des 21 paradis fiscaux où ces sociétés sont installées.

Cette base de données, que l’ICIJ avait décidé dès le début de l’enquête de publier un mois après les premières révélations, va donc ressembler au registre du commerce transnational des paradis fiscaux des informations d’intérêt public, explique l’ICIJ, qui met en avant l’intérêt pour des chercheurs, hors du réseau des médias partenaires du ­consortium, de les explorer.

Données manquantes

Il s’agit de données brutes, extraites du système informatique interne du cabinet Mossack Fonseca et donc, à l’origine, saisies par une personne physique : elles ne sont pas à l’abri d’une erreur humaine. On y trouve parfois des fautes d’orthographe ou des données manquantes, d’autant plus fréquentes que l’on remonte dans le temps.

Par ailleurs, les seules métadonnées des sociétés ne suffisent pas à en connaître les véritables propriétaires. Les cabinets de domiciliation ainsi que les intermédiaires financiers proposent en effet des services de dissimulation, des prête-noms, qui peuvent s’enregistrer comme actionnaires en lieu et place des véritables bénéficiaires. Dans les 450 000 noms d’actionnaires de la base se mêlent donc des ayants droit véritables et des prête-noms.

Les métadonnées ne disent rien non plus des activités desdites sociétés : sont-elles utilisées à des fins légales pour des investissements internationaux ou pour frauder le fisc en plaçant discrètement de l’argent non déclaré sur un compte en banque ‘ Seuls les documents associés à chaque société actes juridiques, documents bancaires, correspondances électroniques ‘ donnent l’occasion d’en savoir plus. L’ICIJ n’entend pas les publier.

Le Consortium a enfin ajouté aux « Panama papers » les données des 100 000 sociétés de l’enquête « Offshore Leaks » (2013), administrées par d’autres domiciliateurs offshore que Mossack Fonseca (Portcullis TrustNet et Commonwealth Trust Limited).

L’ensemble des informations est présenté sous la forme d’un moteur de recherche et d’une visualisation en réseaux. Elles seront intégralement téléchargeables.

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