Journée à haut risque au Venezuela où la police tente de disperser des manifestations

Journée à haut risque au Venezuela où la police tente de disperser des manifestations

« Maduro, dehors ! » « Référendum, référendum ! » Des heurts ont éclaté, mercredi 18 mai, à Caracas, entre la police et des milliers de manifestants, rassemblés à l’appel de l’opposition vénézuélienne, qui exige le départ du président Nicolas Maduro. Les manifestants ont tenté de se diriger vers les sièges des autorités électorales dans une vingtaine de villes et dans la capitale, où 14 stations de métro ont été fermées. Les policiers ont procédé à des arrestations, les rassemblements n’ayant pas été autorisés par le pouvoir.

Cette mobilisation, la troisième en une semaine, se tient au lendemain d’une brusque crispation des deux camps : l’opposition a appelé l’armée et la population à la désobéissance, tandis que le président Maduro, qui a décrété l’état d’exception, a invoqué une « fraude » pour écarter le référendum qui le menace.

Le chef de l’Etat a d’ailleurs mis en garde contre la possibilité de relever le niveau de ce dispositif.

« C’est un recours dont je dispose si le Venezuela est le théâtre de violence en vue d’un coup d’Etat et je n’hésiterai pas à le décréter si cela était nécessaire pour combattre en faveur de la paix et la sécurité de ce pays. »

Le décret sur l’état d’exception rejeté

Dans la nuit de mardi à mercredi, l’Assemblée nationale, où l’opposition est majoritaire, a rejeté le décret présidentiel publié lundi et prolongeant de soixante jours « l’état d’exception ». Les députés, qui ont voté à main levée, ont estimé que ce décret « approfondit la grave altération de l’ordre constitutionnel et démocratique que subit le Venezuela ».

Etat d’exception et menaces extérieures

Un « état d’urgence économique » avait été mis en place mi-janvier, malgré son rejet par le Parlement, accroissant les prérogatives du gouvernement dans les domaines du maintien de la sécurité et de la distribution alimentaire et énergétique.

Depuis lundi, la présidence a prolongé cet état d’urgence, mais aussi proclamé « l’état d’exception ». L’armée et la police ont désormais pour ordre de « garantir la distribution et la commercialisation des aliments et produits de première nécessité ».

Nicolas Maduro a invoqué une « menace extérieure » jusqu’ici mal identifiée. Mardi, il a directement accusé les Etats-Unis d’intrusion dans l’espace aérien vénézuélien la semaine dernière, et annoncé une protestation diplomatique officielle. « Notre force aérienne, notre aviation militaire bolivarienne, a détecté l’intrusion illégale à des fins d’espionnage du Boeing 700 E-3 Sentry, doté de tous les mécanismes pour exercer une surveillance électronique », a-t-il déclaré. Washington, qui nie tenter d’influer sur le cours des événements au Venezuela, a de nouveau fait part de sa préoccupation concernant le pays mardi.

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Risque d’« explosion » du pays

Coupures d’électricité quotidiennes, pillages de commerce, pénuries, lynchages et protestations se multiplient dans ce pays pétrolier, qui sombre chaque jour un peu plus dans la crise politique, économique et sociale, depuis la victoire d’une coalition d’opposition aux élections législatives, à la fin de 2015. L’électricité et l’accès aux services publics sont limités, alimentant un énorme mécontentement parmi les Vénézuéliens, qui doivent déjà faire des heures de queue devant les supermarchés.

En 2015, le pays a subi une inflation de 180,9 % une des plus élevées au monde , et un recul du PIB de 5,7 %, pour la deuxième année d’affilée.

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Les experts soulignent le risque « d’explosion » du pays et d’affrontements civils, alors que sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion de leur président, selon un sondage de l’institut Datanalisis. Neuf sur dix qualifient la situation de négative.

Mais M. Maduro, qui se dit victime d’une tentative de coup d’Etat, entend rester en place. Ses alliés au sein du pouvoir judiciaire ont jusqu’à présent réussi à contrer les initiatives de l’opposition.

Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013, et mentor de Nicolas Maduro) et opposants au chavisme s’est intensifié depuis que l’opposition a rassemblé, au début du mois de mai, 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum pour révoquer le président, qu’elle espère organiser d’ici à la fin de 2016.

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