Ivanka Trump première  First Daughter 

Ivanka Trump première  First Daughter 

L’influence de la jeune femme de 35 ans auprès de son père et de son conseiller de mari lui confère un rôle inédit.

Le Monde
| 15.01.2017 à 06h46
Mis à jour le
15.01.2017 à 11h18
|

Par Stéphanie Le Bars

La First Lady, Melania Trump, ne viendra pas à Washington. Pas tout de suite. Elle a choisi de demeurer pour quelques mois encore à Manhattan dans le confort clinquant de son triplex de la Trump Tower. Ce retrait volontaire prolonge la discrétion, voire l’inexistence, de l’ex-mannequin tout au long de la campagne présidentielle de son époux, Donald Trump.

Pour autant, le nouveau président ne devrait pas manquer de présence féminine à ses côtés. Faute de First Lady, les Etats-Unis s’apprêtent à introniser une « First Daughter ». Ivanka Trump, née il y a trente-cinq ans du premier mariage du milliardaire, est sur le point d’emménager avec époux et enfants au c’ur d’un quartier chic de la capitale fédérale, à deux pas de la nouvelle résidence de la famille Obama et de celle de l’ambassadeur de France.

Le gendre idéal

Le jeune couple juif orthodoxe Ivanka s’est convertie au judaïsme lors de son mariage avec Jared Kushner, héritier d’une société immobilière florissante y a déjà choisi sa synagogue. Un timing parfait, puisque son époux vient de décrocher un emploi à Washington : Donald Trump l’a nommé, lundi 9 janvier, haut conseiller à la Maison Blanche où ne s’applique pas la loi antinépotisme en vigueur pour les postes ministériels.

L’amour filial ne suffit donc pas à expliquer le prompt changement de vie de la jeune femme à la mise toujours impeccable. Entrepreneuse, ancien mannequin, spécialisée jusqu’alors dans la vente de bijoux et de chaussures et impliquée dans la gestion de l’empire familial, elle partage visiblement avec son père et son mari des ambitions plus politiques.

Omniprésente ces derniers mois auprès de Donald Trump à l’exception des quelques jours qu’elle s’est accordés pour accoucher de son troisième enfant, fin mars 2016 , Ivanka est sur le point d’abandonner toutes ses activités professionnelles pour se consacrer à la présidence paternelle. Sans fonction officielle, son rôle n’est pas encore défini et sa présence dans l’aile est de la Maison Blanche, habituellement réservée à la First Lady, encore incertaine. Mais son influence auprès de son père et de son conseiller de mari lui confère déjà un rôle de « première fille » assez inédit.

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Des précédents existent : au cours de l’histoire américaine, des présidents, veufs ou célibataires, se sont entourés de leur fille ou de leur nièce pour assurer les tâches d’accueil et de représentation longtemps dévolues aux femmes. Mais, si l’on en croit les premiers pas de la famille Trump dans les arcanes du pouvoir, le rôle d’Ivanka ira au-delà, alors même que ses fonctions exécutives au sein de l’entreprise Trump posent question sur de possibles conflits d’intérêts.

Depuis l’élection du milliardaire, qui ne cache pas son admiration pour les qualités physiques et intellectuelles de sa fille, la proximité entre ces deux membres du clan Trump ne s’est pas démentie. Le plus souvent accompagnée de son mari, loué lui aussi pour ses multiples atouts par son beau-père, Ivanka a assisté aux premières rencontres entre le président élu et certains de ses ministres nouvellement nommés.

Le couple était encore présent lorsque le président élu a reçu le premier ministre japonais, pays où les Trump mènent de prospères affaires. Et Ivanka était aussi là avec ses deux frères, également partie prenante du business familial pour recevoir les patrons de la Silicon Valley, conviés par le président élu pour amorcer un rapprochement avec ce secteur plutôt hostile au milliardaire.

De manière tout à fait baroque, mais qui en dit long sur la façon dont fonctionne le futur président, elle s’est aussi substituée à son père lors d’une conversation téléphonique avec Nancy Pelosi, la chef de file des démocrates à la Chambre des représentants. Après avoir parlé politique intérieure avec cette dernière, M. Trump a passé le combiné à sa fille’ pour évoquer les sujets liés aux femmes et à la famille.

« L’aile gauche du clan Trump »

Durant la campagne de son père, Ivanka, qui publiera au printemps un ouvrage consacré à la réussite professionnelle et personnelle des femmes, s’est exprimée à plusieurs reprises sur ces questions. En porte-à-faux avec la doctrine républicaine classique, elle défend notamment l’instauration du congé maternité, quasi inexistant pour nombre de femmes aux Etats-Unis.

Erigée en championne de la cause féminine par les soutiens de son père, elle a toutefois obstinément refusé de répondre aux interpellations des journalistes sur les accusations de sexisme et de harcèlement imputées à Donald Trump. Ayant par le passé, tout comme sa belle-famille, soutenu le Parti démocrate, la jeune femme se plaît à incarner « l’aile gauche » du clan. C’est à son instigation que le président élu, climatosceptique affirmé, a rencontré deux défenseurs de l’environnement, l’ancien vice-président démocrate Al Gore et l’acteur Leonardo DiCaprio.

Mais des faux pas ont d’ores et déjà terni l’image de cette apprentie en politique. Courant décembre, une des initiatives de la famille Trump a dû être interrompue en catastrophe, lorsque le New York Times a révélé qu’Ivanka acceptait de « prendre un café à New York ou Washington » avec toute personne prête à verser une généreuse contribution à l’une des bonnes uvres de son frère, Eric.

Des lobbyistes de tous poils se sont mis sur les rangs pour avoir accès à la future « First Daughter » ; le plus prodigue s’apprêtait à débourser plus de 70 000 dollars pour passer quelques minutes en sa compagnie. Un mélange des genres, parmi d’autres, que la « famille présidentielle » va désormais devoir éviter.

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