Islande , tout va bien pour l’instant au pays des elfes et du requin pourri

Islande , tout va bien pour l'instant au pays des elfes et du requin pourri

« Oh, mais ne vous y fiez pas : au moment du match, ici, ce sera la folie ! » Paloma tient Le Bistro, un restaurant français de la rue Laugavegur, dont la longue partie piétonne s’emplit à mesure qu’on avance dans l’après-midi. Mais tout est tranquille. Pas de débordement : l’Islandais cache donc son jeu, si on en croit Paloma : « Lundi dernier, c’était un déferlement. »

Elle cherche un instant : « Je ne vois pas de raison pour que ça ne soit pas encore pire dimanche soir. D’ailleurs, rien que pour ça, j’aimerais qu’ils gagnent : pour vivre un moment historique ! »

Eh bien, s’ils avaient le bon goût de construire leur histoire sur le dos de quelqu’un d’autre, on ne leur en voudrait pas. D’ailleurs, comment leur en vouloir Ils sont charmants. Un peuple qui croit aux elfes ne peut être tout à fait mauvais, n’est-ce pas Oui, ils croient aux elfes. Et aux trolls, et aux fées et à tout un peuple caché, qu’ils appellent Huldufolk.

Très sérieusement, une blonde vendeuse de souvenirs, aux abords du port, raconte qu’un projet d’aéroport a été repoussé de plusieurs années, ici, pour permettre aux elfes de continuer à vivre tranquillement, et leur laisser le temps d’aller s’installer ailleurs. C’est marrant, non Même pas besoin de référendum, rien de tout ça’

On croise beaucoup de Français

Mais ils savent aussi être pragmatiques quand il le faut. Au Bistro, Paloma parle un peu de leurs habitudes culinaires. Ils n’ont pas toujours fait dans la finesse. Parmi leurs spécialités, on trouve du requin putréfié (Paloma dit « pourri »’), des testicules de mouton pressées et bouillies (Paloma ne dit pas « testicules »’), et d’autres fantaisies qui avaient cours à une époque « où il n’y avait rien d’autre ». Rude époque, quand même. On comprend que ça vous forge des caractères. « Mais il y a bien longtemps que plus personne n’en mangeait, quand plusieurs restaurateurs ont relancé ces produits, qu’on consomme à la fonte des glaces. On appelle ça porrablot et c’est un formidable coup de marketing ! »

Un peuple qui réussit, même pour le folklore à faire manger du requin pourri aux touristes, il faut s’en méfier, on est fatigué de vous le dire. Parce qu’ils réussissent ! C’est la pleine période du tourisme, et selon Tordur, un voyagiste à la tignasse toute rousse, « 96% de notre capacité d’hébergement est remplie, à ce jour ». On croise d’ailleurs beaucoup de Français, à Reykjavik, ces jours-ci. Ca promet pour le match.

« Vous croyez qu’on va pouvoir sortir nos écharpes », demande une mère de famille bordelaise qui vient d’arriver avec son mari et ses deux fils pour trois semaines de camping. Mais elle n’est pas réellement inquiète. D’ailleurs, sur la place Mjostraeti, où on vient d’installer un nouvel écran géant, il y a aussi une photo grandeur nature de l’équipe islandaise, avec trois trous à la place de trois des têtes de joueurs. Tout juste assez pour ses trois mecs. Le père et les deux garçons s’exécutent, la maman prend une photo, et gros succès d’estime dans les environs.

Tout va bien pour l’instant. Mais il faut se méfier quand même’

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