Inondations , le niveau de la Seine descend à Paris la crue se déplace vers l’Ouest

Inondations , le niveau de la Seine descend à Paris la crue se déplace vers l'Ouest

Près de la place du Châtelet. A Paris et en Ile-de-France, le niveau de la Seine suscite des inquiétudes. Dans la capitale, où le niveau de vigilance jaune a été activé, la montée des eaux est rapide.

Denis Allard / REA pour « Le Monde »

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Quatre morts dans les inondations

« Nous avons quatre décès à déplorer et vingt-quatre blessés à ce stade, a déclaré le premier ministre à l’issue d’une visite à la cellule de crise au ministère de l’intérieur. Nous pensons aux familles concernées. »

Un petit garçon de trois ans ans a trouvé la mort dimanche à Saint-Martin-d’Ordon, près de Sens (Yonne), dans le sous-sol inondé du pavillon familial. Mercredi soir, le corps sans vie d’une femme de 86 ans a été découvert flottant dans son pavillon inondé à Souppes-sur-Loing, en Seine-et-Marne. Une autopsie a été réalisée vendredi mais, selon le parquet de Fontainebleau, le médecin légiste n’était « pas en mesure de donner les causes du décès, et il n’y a pas confirmation de noyade ».

Jeudi, un cavalier de 74 ans a été « emporté par les eaux » de l’Yerres à Évry-Grégy-sur-Yerres, dans le même département. Vendredi, une femme d’une soixantaine d’années av été retrouvée morte, apparemment par noyade, dans un jardin de Montargis (Loiret), situé en bordure de la rivière Vernisson.

Un « maximum » de 6,10 m à Paris

Le risque de débordement de la Seine semblait s’éloigner à Paris : à 9 heures samedi, le fleuve atteignait 6,05 m, selon le service de prévention Vigicrues, après un « maximum » de 6,10 m enregistré dans la nuit, à 2 heures. « On n’ira pas plus haut » que ce pic, a précisé Vigicrues. Il s’agit d’une crue très inférieure à celle, historique, de 1910 (8,62 m), mais comparable à celle de 1982 (6,18 m).

La cellule de crise de la ville, réunie samedi matin, reste mobilisée pour cette nouvelle phase, désormais qualifiée de « plateau ». Dans l’attente d’une décrue en début de semaine prochaine, les services restent mobilisés et portent une attention particulière aux sous-sols, craignant une possible remontées des nappes phréatiques, actuellement gorgées d’eau.

Les difficultés risquent désormais de se concentrer sur l’aval, indique Vigicrues :

« Sur l’amont de l’ensemble des cours d’eau ayant fortement réagi, les décrues sont amorcées. Par propagation, les secteurs à l’aval sont progressivement touchés par les débordements. »

Cette crue aura « des impacts en aval de Paris, sur le camping du bois de Boulogne qui a été évacué vendredi, l’île de la Jatte, l’île Saint-Germain, ainsi qu’à Rueil-Malmaison avec de possibles évacuations », a également averti vendredi le ministère. La Seine pourrait déborder samedi dans l’Eure et en Seine-Maritime.

Crue de la Seine attendue à l’Ouest

Avec la propagation vers l’aval, les crues, qui concernaient jusqu’ici principalement l’Ile-de-France et la région Centre-Val de Loire, devraient également toucher la Normandie. Vigicrues prévoit ainsi des débordements localisés entre Rouen et l’estuaire de la Seine, un phénomène qui devrait être amplifié par les forts coefficients de marée attendus pour ce week-end.

Outre les 14 départements placés en vigilance orange en raison des crues, cinq départements du Nord-Est font également l’objet d’une vigilance orange pour des orages qui devraient survenir à partir de la mi-journée.

Pannes d’électricité et évacuations

Depuis le début des inondations, 20 000 personnes ont été évacuées, « dont 17 500 en Ile-de-France », selon le premier ministre, Manuel Valls. Dans la région Centre par exemple, 850 personnes ont été évacuées à Villandry, La Chapelle-aux-Naux et Vallères (Indre-et-Loire), situées le long du Cher, en raison d’un risque de brèche sur une digue voisine. En Meurthe-et-Moselle, 100 personnes ont dû être évacuées et relogées vendredi soir à la suite de violents orages qui ont occasionné une montée rapide des eaux dans plusieurs communes.

17 130 foyers restaient privés de courant samedi midi dans le Loiret, le Loir-et-Cher et l’Ile-de-France en raison des inondations, a indiqué le gestionnaire du réseau français de distribution d’électricité Enedis (ex-ERDF). Dans le détail, en Ile-de-France, 15 030 foyers étaient toujours victimes de coupures. 8 300 étaient touchées dans l’Essonne, 5 100 en Seine-et-Marne, 960 dans le Val de Marne et 670 plus en aval dans les Yvelines. Dans le Loiret, 650 foyers restaient privés d’électivité, 1 100 étaient touchés dans le Loir-et-Cher enfin 350 clients étaient concernés dans le Cher.

34 bâtiments, essentiellement des entreprises du tertiaire, restent privées d’eau chaude samedi à la mi-journée en raison de coupures sur le réseau de chaleur d’une parrtie de la métropole urbaine.

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Le trafic des trains en Ile-de-France était toujours « critique » samedi matin en raison des intempéries, selon la SNCF. La moitié des lignes de Transilien étaient touchées de façon très importante en raison de glissements de terrain et de coulées de boue sur les voies. Trois lignes de trains étaient coupées samedi en raison d’innondations : la ligne D entre Melun et Corbeil, la ligne R entre Moret et Montargis via Nemours et enfin la ligne C dans Paris intra-muros entre Austerlitz et Javel. En revanche, le trafic a repris samedi sur la ligne P entre Tournan et Coulommiers et vendredi sur la ligne N, suite à la menace d’un effondrement d’un mur à Meudon contenu par la SNCF.

« Sur la trentaine de sites qui ont été impactés en Ile-de-France, il y en a une dizaine pour lesquels les travaux sont terminés et il reste une vingtaine de sites sur lesquels les équipes de SNCF Réseau sont mobilisés, pour des travaux de déblaiements, de confortements de remblais, de remise en état de la signalisation et des travaux de nettoyage dans les gares », a détaillé Guillaume Pepy, citant l’exemple de la gare des Invalides à Paris « où l’eau s’est maintenant à peu près retirée mais la gare est dans un sale état ».

Le président de la SNCF Guillaume Pepy a rapporté samedi qu’un retour à « un trafic normal n’est pas attendu avant la deuxième partie de la semaine prochaine », une fois que la décrue de la Seine aura eu lieu :

« Le jour où la voie sera à sec, quand la décrue sera faite, il faudra 48 heures de travaux pour remettre en service normal donc ça signifie qu’il faut compter sur un trafic normal dans la deuxième partie de la semaine prochaine. »

Cependant, « si la décrue était très rapide, ça pourrait être un peu plus tôt mais la question est de savoir s’il y a un plateau ou s’il y a une décrue rapide et à ce stade, on se sait pas », a estimé M. Pepy.

La RATP, qui a fermé à titre préventif deux stations (Cluny-la-Sorbonne et Saint-Michel) proches du fleuve, a déclenché son plan de prévention, au cas où l’eau atteindrait le seuil d’alerte de 6,60 m. Trois camions transportant du matériel destiné à édifier des protections à l’abord des stations de métro étaient en route et d’autres sont prêts à partir.

Interview :
 

« 140 km de tunnels peuvent potentiellement être sous l’eau », selon la RATP

Après les musées du Louvre et d’Orsay fermés depuis jeudi soir pour évacuer certaines uvres, le Grand Palais a aussi fermé ses portes vendredi, ainsi que deux sites de la Bibliothèque nationale de France. Le président de la République, François Hollande, s’est rendu dans la nuit de vendredi à samedi au Louvre pour apporter son soutien aux équipes chargées de ces opérations.

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Les lieux culturels tentent de se protéger des eaux

A Paris, vingt parcs et jardins sont fermés, soit parce qu’ils sont complètement inondés, soit parce que des arbres, fragilisés par les eaux, menacent de tomber.

Solution d’accueil pour les SDF

La Ville de Paris a annoncé l’ouverture de deux gymnases « pour mettre à l’abri les personnes sans domicile fixe ». Par ailleurs, « aucune évacuation n’est prévue » dans la capitale, « de même qu’aucune coupure de gaz et d’électricité, même à titre préventif », a affirmé Colombe Brossel, adjointe à la sécurité de la mairie.

La crue aura toutefois « des impacts en aval de Paris, sur le camping du bois de Boulogne, qui a été évacué vendredi, sur l’île de la Jatte, sur l’île Saint-Germain, ainsi qu’à Rueil-Malmaison avec de possibles évacuations », selon le ministère de l’environnement. Vendredi, des « débordements significatifs » affectaient le sud de Paris, à Melun, Corbeil et Villeneuve-Saint-Georges.

« Etat de catastrophe naturelle »

Face aux importants dégâts matériels, « l’état de catastrophe naturelle sera reconnu » mercredi, a promis le chef de l’Etat. Les dommages devraient s’élever à au moins 600 millions d’euros, selon le président de l’Association française de l’assurance, qui participera lundi à une réunion entre les assureurs et le gouvernement pour coordonner l’indemnisation des victimes.

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a évoqué des « conséquences catastrophiques » sur le réseau ferroviaire du pays, particulièrement en Ile-de-France, qui se chiffreront en dizaines de millions d’euros.

En images :
 

Les inondations les plus catastrophiques en France depuis 1900

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