Incarcération d’une élue de Villeneuve-d’Ascq, le maire ecrasé par l’ampleur de l’affaire

Incarcération d'une élue de Villeneuve-d'Ascq, le maire ecrasé par l'ampleur de l'affaire

Appelé par le procureur de la République, Gérard Caudron a été directement informé vendredi dernier de la mise en détention provisoire de Fadila Bilem, élue PS de sa majorité, pour blanchiment.

«
J’ai demandé si cela avait un lien avec sa fonction d’élue, le procureur m’a assuré que non. Et m’a affirmé que ce qui lui était reproché était en lien avec son fils. Depuis, je n’en ai pas su plus. Je me suis tourné vers les élus du PS qui m’ont dit aussi découvrir la situation, sans avoir le détail des faits reprochés. C’est ce matin que j’ai découvert les griefs. Je ne peux pas dire que je suis effondré car je n’étais pas un proche de cette élue, mais je suis effaré. Si tout cela est vrai, car on parle d’une affaire qui va jusqu’à la tentative de meurtre, c’est effrayant. Je suis écrasé par les intitulés des faits’
», souffle Gérard Caudron, littéralement ébranlé ce samedi matin à la lecture de notre journal.

Face à ces accusations, une question s’impose : comment l’élue, si les faits sont avérés, aurait-elle pu tromper son monde depuis 2014 et son arrivée sur la liste de la majorité aux municipales

Une « relation fusionnelle » avec son fils

«
J’ai été surpris de la voir présentée par le PS, car je l’avais vue très combative avec la CNL face au socialiste Alain Cacheux lorsqu’il dirigeait LMH. Je ne la connaissais pas, mais j’ai vu que c’était quelqu’un qui parlait peu, semblait très réfléchie lorsqu’elle s’exprimait. Elle paraissait donc sérieuse, ne donnait pas l’impression de rouler sur l’or : elle habitait un logement HLM et ne faisait rien paraître d’anormal sur son train de vie
», juge Gérard Caudron, qui sait que l’élue entretenait une «
relation fusionnelle
» avec son fils.

«
On peut tous comprendre qu’un parent soit enclin à soutenir son enfant lorsque celui-ci fait une connerie. Mais si ce qui est reproché là est vrai, on est à un autre stade
», estime l’édile, pour qui la simple morale voudrait que Fadila Bilem démissionne de son mandat de conseillère municipale. «
Car en tant que maire, je n’ai aucun pouvoir. J’espère que, si elle en a une, sa conscience l’amènera à prendre sa décision, ou que le PS saura la convaincre. »

De lourdes charges

Fadila Bilem est soupçonnée de «
blanchiment aggravé
» par le Parquet, qui ne fournit pas de détail sur son rôle. Prestige Autos, entreprise de location de voitures de luxe créée à Lille sud par son fils, était dans le collimateur des enquêteurs qui soupçonnaient blanchiment d’argent, abus de confiance, faux et usage de faux, abus de biens sociaux.

Des voitures auraient aussi été impliquées dans des trafics de stupéfiants et «
une tentative de meurtre
» évoque un proche de l’affaire. Les policiers ont saisi des véhicules de luxe, des biens immobiliers et de l’argent liquide pour 1,8 M’.

L’opposition taxe le PS de «légèreté»

Comment Fadila Bilem, condamnée en 2002 à de la prison avec sursis dans une affaire d’attribution de logements contre rémunération, a-t-elle pu tromper la supposée vigilance des responsables politiques, jusqu’à se retrouver élue conseillère municipale de Villeneuve-d’Ascq, membre de la commission du CCAS Sans vouloir aborder le fond de l’affaire pour laquelle l’élue est incarcérée, Florence Bariseau, au nom du groupe d’opposition municipale VAT, a pointé du doigt hier «
l’amateurisme et la légèreté
» du camp socialiste.

«
Je suis très surprise d’apprendre que personne à gauche ne connaissait la condamnation de Mme Bilem
», s’étonne l’édile, qui vise plus particulièrement Didier Manier. «
M. Manier reconnaît qu’il a eu vent de ces démêlés judiciaires mais qu’il est persuadé qu’il s’agissait de rumeurs. N’était-il pas de la responsabilité du PS de vérifier avant de présenter Mme Bilem aux municipales et de demander aux Villeneuvois de lui accorder leur confiance
», questionne Florence Bariseau, qui se dit stupéfaite par cette affaire.
S. H.

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