Hervé Chadeau 44 ans #EnMémoireNice

Le feu d’artifice de la Fête nationale était chaque année l’occasion d’un beau moment pour Hervé Chadeau, sa femme Vanessa et leurs enfants, Gabriel, 6 ans, et Angeline, 3 ans. Ce 14-Juillet, la petite famille se rendait aux concerts donnés le long de la promenade des Anglais lorsque le 19 tonnes a tué sur le coup Hervé Chadeau, à quelques mètres de l’hôtel Negresco. Vanessa Chadeau,percutée à la jambe gauche par le pare-chocs du camion, a miraculeusement survécu. Leurs enfants, restés près d’un couple d’amis, ont été épargnés.

Né à Blaye (Gironde) le 6 juillet 1972, Hervé Chadeau s’était orienté dès l’adolescence vers un CAP de cuisinier. D’un naturel rigoureux, il avait travaillé dans des hôtels avant de s’engager dans l’armée, à 18 ans. Il y fera carrière plus de dix-sept ans. Ironie du sort, il avait lutté contre le terrorisme. Promu chef d’équipe à Paris et Marseille pour le plan Vigipirate, il avait aussi participé à des missions militaires de protection lors de l’opération « Sentinelle ».

Hervé Chadeau avait débuté chez les marsouins du deuxième régiment d’infanterie (2e RIMa), avec lesquels il s’était rendu en ex-Yougoslavie au début des années 1990 puis en Nouvelle-Calédonie, en 1994. De nouveau l’ex-Yougoslavie en 1995, où il rejoint la position de l’artillerie sur le mont Igman, qui domine Sarajevo. Affecté l’année suivante au troisième régiment d’artillerie de marine (3e RAMa) à Canjuers (Var), il s’envolera pour le Sénégal, puis le Kosovo comme chef d’équipe, et enfin la Polynésie française en 2006.

« Hervé avait traîné ses guêtres, soupire Stéphane, son ami du 3e RAMa. Il avait toujours les photos de ses enfants dans sa poche. Avec le temps, il ressentait un vide de plus en plus profond lorsqu’il était loin d’eux. Malgré son mètre soixante-deux, il savait mettre sa peur de côté et se faire respecter par ses hommes. Je l’appelais mon petit roquet’, car il était teigneux’ »

Lecaporal-chef de première classe Hervé Chadeau avait fait la connaissance de Virginie Huard, qui deviendra sa meilleure amie, dans un piano-bar de Draguignan (Var) où il avait ses habitudes. « Un jour, dans un rade malfamé, il m’avait défendu contre un gars qui faisait trois têtes de plus que lui. Il était très protecteur », se souvient-elle, émue.

En 2003, Hervé rencontre Vanessa, étudiante à Nice. Il est déjà père de Camélia, née en 2000 d’une première union. C’est le coup de foudre. Il a 31 ans, elle en a onze de moins. « Il avait quitté l’armée en 2007 à cause de ses genoux qui le faisaient souffrir, témoigne-t-elle. Avant de me rejoindre à Nice, il avait passé un diplôme d’assistant comptable. Il galérait pour trouver un emploi mais s’accrochait et savait profiter des bons moments : le bain des petits, manger avec eux et les coucher. Il aimait beaucoup ce rituel. »

Le soir du drame, Vanessa Chadeau a été jetée au sol avant d’être percutée à la jambe. Si pour elle, le souvenir reste flou, pour son ami militaire, « il n’y a pas de doute : Hervé a eu le réflexe de pousser sa femme. Il était formé à réagir en cas d’attaque ».

Maxime François

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