Hem , une institutrice condamnée pour avoir poussé une élève de trois ans

«
Quand la détresse rencontre la détresse’
» Le procureur Michaël Bonnet a peut-être le timbre dur. Il cherche cependant le ton juste. Face à lui, C. F., 53 ans, sèche ses larmes. Cette institutrice d’une école maternelle de Hem, au casier vierge, comparait pour avoir violemment poussé M., une élève de maternelle de trois ans.

M. souffre d’une tumeur au cerveau. «
Vous le saviez, non
» rappelle la présidente Audrey Bailleul à l’enseignante. Les traitements prévus dans cette situation peuvent avoir des effets sur le comportement. C. F., elle, se défend en évoquant une autre forme de réalité : le manque de moyens, une classe de 35 élèves’ Des alertes régulièrement adressées à l’Inspection académique. «
Je leur ai dit que j’allais alerter la presse locale, argumente même l’institutrice. On m’a répondu que cela me vaudrait une sanction’
»

‘il au beurre noir

Le 3 février 2015, M. pousse une camarade de classe. La suite est rapportée par l’assistante d’éducation de la classe. «
C. F. a demandé à la petite de pousser M. à son tour, explique l’agent aux policiers. Comme l’élève n’obéissait pas, la maîtresse l’a fait elle-même.
» M. chute contre un banc. En fin de journée, elle présente un il au beurre noir. «
Pourquoi ne pas avoir alerté la direction tout de suite
» continue de s’étonner Audrey Bailleul. Défendue par Julien Briout, C. F. s’effondre, évoque ses propres soucis familiaux, notamment un enfant gravement malade.

Le papa de la petite, lui, ne cherche pas à l’épargner. Son enfant a eu droit à des surnoms peu reluisants. «
Cette institutrice a une réputation peu flatteuse
», insiste le papa, soutenu par l’avocat Maxime Delbar. Sanction : 3 000 euros d’amende avec sursis.