Grande-Synthe , une vaste production de cannabis démantelée deux Grand-Synthois incarcérés ce vendredi soir

Il s’agit de la plus grosse saisie de pieds de cannabis jamais réalisée dans le Dunkerquois. Mardi matin, au terme de plusieurs mois d’enquête, de surveillance et d’écoutes téléphoniques, la brigade des stupéfiants de Dunkerque et les douanes ont mis la main sur 511 pieds d’herbe de cannabis. La production se trouvait dans un hangar de 80 m2 attenant à une habitation occupée par un marginal, sur des terrains maraîchers, près du centre commercial de Grande-Synthe.

L’enquête a débuté au mois de février alors que la sûreté urbaine et les douanes ont compris qu’ils travaillaient sur la même cible. Deux Grand-Synthois auraient eu l’idée de développer leur production locale. Contre un peu d’argent donné au marginal pour qu’il ferme les yeux, ils ont pu disposer du bâtiment agricole, qu’il a fallu aménager.

Un ressortissant hollandais non identifié aurait procédé à l’installation technique du local. «
Du travail de professionnel, jusqu’au compteur électrique, de très bonne facture
», commente le commissaire de la sûreté urbaine, Jean-François Allaert.

Dans les règles de l’art

Systèmes de pompe d’arrosage, de production de chaleur, de lumière, tout a été fait dans les règles de l’art, jusqu’à la mezzanine permettant d’augmenter la surface cultivée. La récolte était prévue dans les prochains jours, pour une quantité de 93,2 kilos d’herbe, soit une valeur estimée à 400 000 à la revente, au tarif semi-grossiste. De quoi fournir une grande partie de la consommation en cannabis à Grande-Synthe.

Les surveillances exercées par la police ont permis de démontrer que les deux Grand-Synthois venaient tous les deux ou trois jours « bichonner » discrètement leurs plantations, à forte teneur en THC (molécule psychotrope). Prudents, ayant eu maille à partir avec la justice à maintes reprises, notamment dans des affaires de trafic de drogue, ils changeaient fréquemment les puces de leurs téléphones portables.

Ils ont été placés en garde à vue mardi, interpellés chez eux, en même temps que les plants étaient saisis. Le marginal qui avait cédé la dépendance a lui aussi été placé en garde à vue, mais il ne sera pas poursuivi.

Des petites coupures pour 21 000

Lors des perquisitions réalisées mardi après l’arrestation des deux suspects, 21 000 en petites coupures ont été retrouvés, bien cachés, dans le garage de l’un d’eux. Au fil de ses auditions, il n’a pas pu expliquer clairement la provenance de cette somme d’argent, évoquant un moment des gains au jeu, un autre la revente d’un fonds de commerce.

En tout état de cause, il n’est pas fréquent de cacher des milliers d’euros gagnés « honnêtement » dans un garage.

La somme est rondelette, alors que les deux suspects n’ont pas eu le temps de revendre leur première récolte, qui a dû commencer à pousser vers la fin de l’année 2015 ou au début de l’année 2016.

En garde à vue, les deux mis en cause, âgés d’une vingtaine d’années pour l’un et de 30 ans pour l’autre, ont tenté de minimiser leur implication dans un quelconque trafic de stupéfiants tout en reconnaissant qu’ils s’occupaient de faire pousser les plants.

Jugés lundi en comparution immédiate

Les deux hommes ont été présentés ce vendredi après-midi devant un magistrat du parquet de Dunkerque qui leur a signifié leur convocation pour un jugement en comparution immédiate lundi. Ils encourent des peines de dix ans d’emprisonnement.

Ce vendredi soir, ils ont été placés en détention provisoire jusqu’à lundi par le juge des libertés et de la détention.

La culture locale en plein essor

Dans le Dunkerquois, il s’agit de la plus importante saisie jamais réalisée dans le domaine de la culture de cannabis. Le phénomène de la production « maison » tend à se développer. En témoignent deux affaires emblématiques, récentes, dans le Nord.

Le 17 février, à Hem, près de Roubaix, la PJ de Lille a mis la main sur une plantation de 4 000 pieds de cannabis dissimulés dans un hangar industriel. Valeur de la marchandise : 500 000 . «
Les cultures indoor sont désormais des axes de travail importants dans la lutte contre les stupéfiants
», avait déclaré Romuald Muller, le patron de la PJ de Lille.

Le 20 janvier, à Steenvoorde, la BRI (brigade de recherche et d’intervention) saisissait 1 800 pieds de cannabis cultivés discrètement dans un hangar de la rue de la Brasserie.