Frais de taxi à l’INA , Agnès Saal condamnée à payer 4 500 euros d’amende
Elle a préféré plaider coupable pour précipiter l’épilogue d’une affaire qui, il y a près d’un an, avait déclenché une tempête médiatique
: Agnès Saal, ancienne patronne de l’INA, avait rendez-vous ce lundi avec la justice. Elle a été condamnée à payer 4 500 euros d’amende, soit 150 jours amende à 30 euros pour «
détournement de fonds publics par personne chargée d’une mission de service public
».
En cas de non-paiement, les jours amende deviennent des jours de détention et le condamné effectue tout ou partie de sa peine en prison. Agnès Saal a également été condamnée à verser 5 500 euros à l’association de lutte contre la corruption Anticor, partie civile, au titre des dommages et intérêts et des frais de justice.
« J’ai commis une faute, je la paye très cher »
«
L’épreuve est longue, l’épreuve est dure, l’épreuve est violente, elle est peut-être disproportionnée. J’ai commis une faute, je l’ai reconnue, je l’ai assumée, je la paye très cher. J’aspire vraiment aujourd’hui, à ce qu’on m’autorise à tourner la page, à clore ce chapitre
», a déclaré la prévenue tout de noir vêtue après le prononcé du jugement.
«
Je sers l’État depuis plus de trente ans. Je crois l’avoir très bien servi et je voudrais continuer à le faire aussi bien, mieux peut-être encore que je ne l’ai fait toutes ces années
» a-t-elle ajouté, remerciant «
ses proches, ses amis
» dont «
aucun ne (l’)a lâchée
».
Deux affaires, deux audiences
Cette première audience au tribunal de grande instance de Créteil concernait ses dépenses à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) : 40 000 euros de notes de taxis auprès de la compagnie G7 en moins de dix mois, dont 6 700 euros dépensés par son fils. C’est un « corbeau » qui avait mis un terme à son parcours sans faute et la pousse à la démission en avril 2015 en divulguant au conseil d’administration de l’INA les dépenses de sa dirigeante.
Une seconde audience doit se tenir ce vendredi matin, à Paris, pour ses notes de taxi quand elle dirigeait le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC). Agnès Saal a en effet aussi laissé une ardoise de 38 000 euros de notes de taxis entre janvier 2013 et avril 2014. Des montants qui ont finalement été «
divisés par deux environ
» après enquête, a assuré Me Morain.
Un procès « a minima »
En faisant le choix d’une « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité » (CRPC), plus connue sous l’appellation anglo-saxonne du « plaider coupable », Agnès Saal s’épargne un vrai procès. Quelques minutes devant le juge devraient suffire pour homologuer les peines qui lui ont été proposées par des représentants des parquets de Créteil et de Paris et qu’elle a acceptées. La nature des peines n’a pas été précisée.
Me Jérôme Karsenti, l’avocat d’Anticor, l’association de lutte contre la corruption qui avait porté plainte contre elle, a dénoncé un traitement judiciaire «
a minima
» et «
en catimini
». «
Je regrette qu’on ait maintenu deux procédures. Cela fait trois sanctions avec la mesure disciplinaire
», avait réagi de son côté l’un des avocats de là-haut fonctionnaire, Me Éric Morain.
Début janvier, le président François Hollande l’avait exclue par décret pour deux ans de la fonction publique, dont six mois ferme. Jusque-là, cette énarque, réputée compétente et travailleuse, avait enchaîné les postes au Centre national du Cinéma, à la Bibliothèque nationale de France et au Centre Pompidou avant d’atterrir à la tête de l’INA en 2014.