Festival de Cannes-Bruno Dumont , Ma Loute c’est Racine et Courteline en même temps

Festival de Cannes-Bruno Dumont , Ma Loute c'est Racine et Courteline en même temps

Vous raillez les bourgeois, les curés, les institutions…

« C’est mon côté anar, comme d’ailleurs les surréalistes. Ce côté un peu transgressif que j’ai toujours eu d’ailleurs. Je ne veux pas faire un film de classes. Je les aime bien ces bourgeois. Ils ont quelque chose de crétin, c’est clair, mais ils sont humains. Je n’exprime pas de jugement de classes. Je pense que le film parle du grand champ de la nature humaine. C’est l’homme qui est là. Ce n’est pas une classe sociale. Ils sont trop barrés pour avoir une fonction sociale. Ce n’est pas la vie dans le Nord – Pas-de-Calais ! C’est une représentation de la nature humaine à partir du Nord – Pas-de-Calais qui est ma terre. C’est la nature humaine dans sa splendeur et son crétinisme. »

On pense ligne claire, Hergé !

« Pour faire rire, je dois simplifier les formes. Ça, c’est vachement intéressant. Effectivement, c’est comme en dessin animé ou en bande dessinée. Les actions sont beaucoup plus simples, beaucoup plus faciles à comprendre, sont beaucoup plus drôles. On ne peut pas s’encombrer de la complexité cérébrale. Vous riez ou vous ne riez pas. Le grotesque grossit. En grossissant les traits, je les simplifie. »

Ligne claire, couleurs pastel…

« Je trouve que j’ai fait une très belle image du Nord. Comme je ne l’avais jamais fait auparavant. La simplification conduit à une certaine forme d’idéalisation. On ne sait pas si on est dans le Nord – Pas-de-Calais ou au paradis. »

Vos deux policiers, ce sont Dupond et Dupont, Laurel et Hardy.

« C’est la matière première du burlesque. Le gros, le maigre, le grand, le petit, le riche, le pauvre. C’est schématique, ça prête à rire. Quand ça s’entrechoque, ça explose. »

Nous sommes au carrefour de plein de genres : farce, amour, mélodrame, polar, théâtre’

« Ce qui m’intéresse, c’est le mélange des genres. Ma Loute, c’est Racine et Courteline en même temps. On retrouve cette extrémité et ce mélange des genres qu’on n’a pas l’habitude de voir et que je trouve très jubilatoire. »

La représentation du passé..

« J’ai travaillé à partir de cartes postales de l’époque. Il y a des références historiques sur l’état de la baie de la Slack de l’époque. Ça permet aussi la métaphore, le travail poétique. Dans le regard du spectateur, il y a une poésie du passé. Si je pars dans le passé, c’est aussi une façon de dire qu’on est ailleurs. »

Le retour au cinéma des origines.

« Pour Ma Loute, je me suis bien replongé dans le cinéma muet burlesque. Les premiers films. Comment c’est découpé, voire pas découpé du tout. C’est très particulier. C’est une vraie poésie. Ça n’a rien de naturel. Donc, ça me convient très bien. »

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