Euro 2016 , les hôteliers veulent boycotter la taxe de séjour

Euro 2016 , les hôteliers veulent boycotter la taxe de séjour

Pour Thierry Grégoire, c’est davantage qu’une menace. «
Nous allons vraiment le faire !
», assure le président régional de l’UMIH, Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, qui appelle les professionnels de l’hôtellerie à consigner et ne pas reverser la taxe de séjour recueillie pendant la durée de l’Euro de foot, à partir du 10 juin.

L’appel est lancé à tous les professionnels des Hauts-de-France, principalement les zones concernées par les matchs joués à Lens (Bollaert) et Villeneuve-d’Ascq (stade Pierre-Mauroy). En ligne de mire : les plateformes de location d’hébergement entre particuliers (Airbnb, Abritel, ou même Le Bon Coin’), qui connaissent un regain d’activité pendant l’Euro. Et le fait qu’Abritel devienne un partenaire officiel de l’UEFA, sans engagement sur la taxe de séjour, a sérieusement irrité les hôteliers’

Manque à gagner

Schématiquement, les clients payent une taxe de séjour à l’établissement touristique hébergeur qui transfère ensuite la somme au Trésor public’ qui va enfin la reverser aux communes ou communautés de communes, destinataires de la taxe en bout de course. Et si cette dernière n’est pas versée pendant le mois de compétition, c’est un manque à gagner de huit millions d’euros pour les collectivités.

Un enjeu pas « gigantissime » a priori’ sauf à l’échelle d’une municipalité ou d’un office de tourisme, qui ont besoin de cette taxe pour développer leur politique touristique. «
Cette taxe payée par les clients représente un cercle vertueux puisqu’à la fin, elle contribue au rayonnement des territoires
», explique Emmanuel Thebaux, président de l’UMIH hôtellerie métropole lilloise, et lui-même gérant.

Ce dernier se défend d’avoir un regard passéiste sur les nouvelles offres d’hébergement via le Web : «
La concurrence, c’est parfait, ça nous oblige à nous remettre en cause. Et ce type d’offres (entre particuliers) répond à une demande. Sauf que les plateformes ne reversent pas un centime aux collectivités.
» Dans son établissement trois étoiles de l’hyper-centre de Lille, chaque client paye 1,65 par jour de taxe de séjour. Et il aimerait qu’une somme analogue apparaisse sur les factures payées par les particuliers louant un hébergement à un autre particulier, via une plateforme.

Pas de taux, pas de taxe

En théorie, l’affaire est en cours de résolution. Un décret gouvernemental de juillet 2015 précise que ces plateformes n’échappent pas à la taxe de séjour. «
Disons que nous maintenons la pression. Nous voulons faire passer un message fort
», poursuit Emmanuel Thebaux, sur ses gardes.

Car pour que la taxe soit payée, il faut que la ville ou la collectivité compétente ait délibéré sur les différents taux, en fonction des types d’hébergement. Pas de taux, pas de taxe. «
Toutes les communes n’ont pas délibéré, regrette Thierry Grégoire. Notre lobbying est donc également dirigé vers les maires. Ils doivent faire en sorte d’aller la chercher, cette taxe de séjour. » Rien que dans la métropole lilloise (une centaine d’hôtels), elle génère une recette de 3,2 millions d’euros sur une année pleine. Et davantage’ si d’autres loueurs entrent dans la danse.

Maires : faire la chasse aux loueurs

Aux yeux des professionnels de l’hôtellerie, s’il y a une commune qui fait figure de bonne élève, c’est Wimereux. «
Ici, nous sommes allés à la chasse dès le début 2015
», explique Aurélien Portuese, adjoint au tourisme de cette charmante station balnéaire dont le nombre d’habitants passe de 7 300 à 23 000 en été. «
Il faut bien que tout le monde soit logé quelque part’
»

Et donc parfois chez des particuliers via les plateformes de réservation en ligne. «
À la mairie, nous nous sommes mobilisés, les élus, les agents’ Nous nous sommes mis à la place d’un touriste, sur Internet, et nous avons identifié des loueurs particuliers. » Bilan : 40 000 de taxe de séjour en 2015, qui s’ajoutent aux 80 000 perçus jusqu’alors. Pas anodin. «
Et on va encore en trouver’
»

« Impossible ! »

Chasser les loueurs «
Impossible !
», tranche de son côté Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille (MEL). «
On doit avoir 500 000 logements sur notre territoire, vous imaginez Ça, c’est le boulot des sites de réservation en ligne.
» Qui doivent néanmoins s’appuyer sur les taux de taxes de séjour pour les collecter. «
La jonction doit se faire entre ces plateformes Internet et les services fiscaux. Nous, nous avons fait notre travail.
»

En l’occurrence, la MEL a instauré en décembre une taxe de séjour métropolitaine (avant, seize communes appliquaient une taxe chez elles). Le document précise que les sites Web en question n’y échappent pas. «
Les taux varient selon les hébergements. Nous les avons transmis aux services fiscaux.
» Damien Castelain estime que la balle n’est plus dans son camp.

Ce qu’il faut savoir

La taxe de séjour. Il s’agit d’une taxe demandée par les communes (ou communautés de communes) aux touristes séjournant sur leur territoire. Elle est due « par personne et par nuit ».

Quels établissements Les hôtels, résidences de tourisme, meublés de tourisme, chambres d’hôtes, villages de vacances, hébergements de plein air et auberges de jeunesse. Pour les professionnels, le but a été de faire intégrer les hébergements loués via les plateformes de réservation entre particuliers. C’est le cas depuis juillet 2015.

Quel montant Il varie de 0,20 à 4 , selon le type d’hébergement (services, emplacement, catégorie de l’établissement). Un conseil départemental peut instituer une taxe additionnelle de 10 %. C’est le cas dans le Nord.

Combien de lits 260000 lits en Nord – Pas-de-Calais – Picardie (hôtels, campings, meublés et chambres d’hôtes), pour 8,7 millions de nuitées en 2014 au total.

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