Euro 2016 , les Français face au bus de l’Albanie

Euro 2016 , les Français face au bus de l'Albanie

AFP PHOTO / FRANCK FIFE

Il n’y a pas encore l’angoisse et l’excitation des matchs couperets à venir, et déjà plus celles du match d’ouverture passé, mais c’est la magie d’un Euro à 24 équipes : la France va vibrer pour une rencontre face à l’Albanie mercredi soir (21 heures). Le pays a déjà vécu autant d’émotions en une seule minute, la 89e face à la Roumanie, qu’en deux ans de matchs amicaux entre la Coupe du monde au Brésil et l’Euro à domicile, et si l’adversaire du jour n’est pas un nom ronflant du football mondial, cette rencontre, quatre jours avant celle face à la Suisse, n’est pas complètement neutre (attention, un jeu de mots relatif à la neutralité de la Suisse s’est glissé dans cette phrase).

Parce que c’est l’occasion d’assurer une place en huitièmes de finale qui l’est en fait peut-être déjà (y a-t-il un mathématicien dans la salle pour nous indiquer la probabilité de se qualifier au titre de parmi les quatre meilleurs troisièmes’ avec trois points au compteur ). Parce que ça se passe au Vélodrome, qui, selon les mots de Didier Deschamps, est « un vrai stade de foot » et « toujours synonyme de vraie ambiance de foot », ce qu’on aurait mal pris si on avait été le Stade de France. Parce que le suspense est insoutenable, on n’en peut plus d’attendre de découvrir si le sélectionneur va faire jouer Pogba et Griezmann en 4-3-3 ou Martial et Coman en 4-2-3-1. Parce qu’on espère que les Bleus seront la première équipe à inscrire trois buts en une soirée, ce que personne n’est encore parvenu à faire en douze matchs depuis le début de l’Euro.

Mettre trois buts à l’Albanie, ou simplement deux, l’équipe de France n’y est pas arrivée les deux dernières fois qu’elle l’a rencontrée. Elle a même réussi à n’en inscrire qu’un en deux matchs, et à récolter un nul et une défaite. Alors certes, à l’époque, Valbuena et Benzema étaient coéquipiers en bleu, et « on était quasiment en vacances », a rappelé DD. Mais le sélectionneur a aussi rappelé que l’Albanie était une équipe « très bien organisée », grâce à « un sélectionneur italien [Gianni De Biasi] qui a fait un remarquable travail », qui « défend très bien mais ne s’en contente pas », qui « part très vite à la récupération », qui fait preuve d’une « dépense d’énergie et une générosité impressionnantes », et qui « aurait mérité d’égaliser » contre la Suisse. On peut parfois avoir l’impression, en écoutant les conférences de presse d’avant-match (de chaque équipe, d’ailleurs), que l’adversaire qui se présente est toujours le plus redoutable de la Terre. Au moins, personne ne sera jamais accusé d’excès de confiance.

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Qu’a-t-on vu depuis 24 heures à Marseille

L’ARRIVÉE DES BLEUS à l’hôtel Golden Tulip Villa Massalia (qui avait déjà accueilli l’Angleterre samedi, et par le passé toutes les grandes équipes opposées l’OM en Coupe d’Europe, à l’époque où l’OM savait encore ce qu’était la Coupe d’Europe), devant quelques dizaines de supporteurs un peu déçus de ne pas avoir aperçu les idoles plus de dix secondes, soit le temps qu’il faut à Jimmy Vicaut pour courir cent mètres, et à Antoine Griezmann pour parcourir les dix entre la porte du bus et celle de l’hôtel.

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« On a applaudi les Marseillais, et ils nous ont salués », racontent Manon et Romain, 18 et 22 ans, qui vivent dans ce quartier du sud de la ville. « Les » Marseillais On n’avait compté que jusqu’à 1 : Mandanda. « Payet et Gignac aussi, il sont Marseillais », en vertu de leurs deux et cinq saisons passées à l’OM nous corrige Romain, qui doit regretter le forfait de Lassana Diarra : « Non, lui, c’est compliqué, il est question qu’il aille au PSG la saison prochaine. » Être supporteur, c’est tout une gymnastique émotionnelle. Revoyons au ralenti l’arrivée d’André-Pierre Gignac, et le taquet qu’il met au passage à Samuel Umtiti.

.@10APG acclamé à la descente du bus devant l’hôtel des #bleus après l’entraînement au Vélodrome. #FiersdetreBleus pic.twitter.com/uhREhVx2ag

‘ Equipe de France (@equipedefrance) June 14, 2016

LE TROPHÉE DE L’EURO en personne, littéralement. Nous vous informons que la coupe d’Europe s’appelle Dominik Kovacic, qu’elle a 50 ans, qu’elle vient de Haute-Savoie, qu’il lui a fallu trois mois de réflexion et trente heures de travail pour se fabriquer, que maintenant, elle « sait ce que ça fait que d’être une femme qui marche avec une jupe longue », qu’elle assiste à tous les matchs des Bleus, et qu’elle ne s’est jamais cassée la figure au stade, mais « qu’il faut faire gaffe dans les escaliers ».

La France a un incroyable talent.

LE SUPPLICE DE TANTALE DES TEMPS MODERNES, incarné par Salim (à gauche), 22 ans, qui assiste à tous les matchs de l’Euro au Vélodrome, mais sans les voir vraiment, puisqu’il travaille à l’une des buvettes du stade.

AUCUN HOOLIGAN RUSSE OU ANGLAIS, ce qui est appréciable. « Ils ont emmené le bordel avec eux en partant », a supposé Romain.

UN RÉTROVISEUR PATRIOTE.

BEAUCOUP MOINS DE SUPPORTEURS ALBANAIS qu’il n’y avait d’Irlandais ou de Suédois à Paris la veille, mais quelques grappes quand même, notamment celle composée des sympathiques Ndricim, Ergi (et son t-shirt « Pour toujours avec l’Albanie ») et Eglinor, qui se sont retrouvés en Suède, où vit ce dernier, et ont fait le trajet en voiture, via Lens pour le premier match face à la Suisse. Ces messieurs pronostiquent une victoire 1-0 des leurs face aux Bleus, et font étalage d’une belle science tactique : « On ouvre le score, et on fait comme José Mourinho : on gare le bus de l’Albanie devant nos cages. Ou alors on met 11 joueurs dans les buts. »

UN QUART D’HEURE d’entraînement sur la pelouse du Vélodrome, où les tricolores se sont fait beaucoup de passes de la tête, laissant augurer d’une stratégie basée entièrement sur le jeu aérien face à l’Albanie dont les joueurs, totalement décontenancés, devraient logiquement perdre leurs moyens, tactique du bus de Mourinho ou non.

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UN PETIT QUART D’HEURE de conférence de presse d’Hugo Lloris, puis un gros quart d’heure de conférence de presse de Didier Deschamps, à qui, comme promis, on a posé la question sur les déclarations de Sepp Blatter, ex-président de la FIFA, qui disait lundi au quotidien La Nacion avoir déjà assisté au truquage du tirage au sort de compétitions européennes. On a eu droit à un joli bâche.

« Bonjour Didier, avez-vous eu vent de l’interview de Sepp Blatter dans un grand journal argentin ‘ Non. Je lis rien, j’écoute rien et je vois rien.’ Il évoque des tirages au sort truqués.’ Ça ne m’intéresse pas.’ Je voulais savoir si vous aviez vous-même eu vent de ce genre de pratiques.’ Non, j’ai pas eu vent. Pourtant y a du mistral à Marseille.’ Excellente réponse.’ Je vous en prie. »

Question suivante d’un confrère. « Bonjour Didier, vous avez dû voir les incidents qui ont émaillé le match Angleterre-Russie ici à Marseille. ‘ Oui, j’ai eu vent. »

Henri Seckel

PS Info service : si vous habitez Port Moresby, le match de ce soir aura lieu demain matin à 5 heures. Bonne nuit.

Jour J! Les Bleus jouent aujourd’hui leur 2e match de poule de l’#EURO2016 . Ne ratez pas le coup d’envoi! #FRAALB pic.twitter.com/eNZ8xDPAJN

‘ Equipe de France (@equipedefrance) June 15, 2016

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