État de santé des Nordistes, y a-t-il du mieux’
Espérance de vie : un petit mieux
Depuis neuf ans, c’est une réalité incontournable, la région possède la plus faible espérance de vie de toute la France, même si comme partout elle ne cesse de progresser. Malgré tout, une petite lueur vient d’apparaître : les dernières statistiques de l’INSEE (76,5 ans pour les hommes contre 79,3 au niveau national, 83,4 pour les femmes contre 85,4) au niveau de la région laissent apparaître quelques espoirs. En effet, département par département, le Nord – Pas-de-Calais n’est plus, à tout coup, le dernier de la classe, avec notamment la Nièvre qui fait moins bien que nous. De quelques mois, mais quand même’ Reste qu’au final, la nouvelle région (Nord – Pas-de-Calais – Picardie) est bien la dernière de France, avec une espérance de vie de 76,9 ans pour les hommes et 83,6 ans pour les femmes.
Cancers: le fléau régional
C’est là où le bât blesse : la région a une surmortalité par cancers qu’on ne trouve nulle part ailleurs en France, aussi bien pour ceux des voies aérodigestives supérieures que du poumon, du sein et des intestins. Ce qui pèse dans la balance de la surmortalité toutes catégories confondues (plus de 9 000 personnes décèdent en plus par an, des vies qui seraient épargnées si la région était au niveau national). Problème : certains secteurs de la région voient leur situation dans ce domaine s’améliorer moins vite que la moyenne nationale.
La prévention en cause
La santé est un marqueur social. À ce niveau, il n’est pas surprenant que la région, en proie à d’importantes difficultés sociales et économiques, soit autant touchée par la surmortalité et se trouve plus globalement dans un mauvais état sanitaire. Avec la difficulté de mettre en place des actions de prévention qui touchent vraiment les gens qui en ont besoin. À moins d’y mettre les grands moyens, ce qui n’a jamais été le cas depuis dix ans.
Pas de plan spécifique
Devant l’ampleur du retard sanitaire «
un scandale
», écrivions-nous à l’époque , on aurait pu imaginer un plan spécifique, décidé par le ministère de la Santé. Au nom d’une certaine égalité des chances sur le territoire français. Il n’en a jamais rien été et les écarts sont restés ce qu’ils sont, voire parfois, pour certains secteurs de la région, se sont amplifiés. À l’époque, les acteurs évoquaient l’importance d’attendre au moins dix ans pour que les choses évoluent, nous y sommes presque, et la région est toujours à la dernière place.
À venir dans La Voix du Nord : lundi notre sondage exclusif sur l’état de santé des Nordistes et mardi notre dossier sur la prévention (est-elle aussi efficace qu’il le faudrait )
Jusqu’où ira le conseil régional
Au téléphone, samedi matin, on la sent gênée. «
Je risque de vous décevoir.
» Mais enfin, Monique Ryo, nouvelle vice-présidente chargée de la santé au conseil régional, rappelle, après des semaines de demande d’interview pour notre enquête santé annuelle. Pour nous dire, justement, qu’il n’est pas possible d’en faire une : «
Il est beaucoup trop tôt. Nous n’avons pas encore défini la politique santé prévue pour tout le mandat. Xavier Bertrand la présentera à l’automne
.
»
Dont acte. On attendra pour savoir si le nouveau conseil régional entend poursuivre la politique volontariste de son prédécesseur. Un seul exemple : l’aide à l’acquisition d’IRM qui a propulsé la région à la deuxième place pour ses délais d’attente. Un quasi-miracle. Monique Ryo se veut affirmative : «
On ne peut pas se satisfaire des mauvais indicateurs de santé.
» Soit et’ patience pour savoir jusqu’où ira Xavier Bertrand, et avec quels moyens, lui qui dans son programme évoquait, pêle-mêle : la prévention, un plan antidrogue, l’accueil des malades d’Alzheimer, l’aide à l’installation des médecins et à l’acquisition de matériel médical.
« Surmortalité : la carte choc »
C’était la une de La Voix du Nord du 13 mars 2007. Une autre époque pour une révélation fracassante : la région est malade. À l’époque, le ministre de la Santé s’appelait’ Xavier Bertrand, aujourd’hui président de cette Région qui englobe la Picardie, elle aussi pas en grande forme. Entre-temps, des choses ont avancé (davantage d’IRM, de scanners’), mais la réalité est restée la même ou presque’ Malgré un autre président de la République, d’autres ministres de la Santé’ Même si sur le terrain, des acteurs de santé n’ont pas ménagé leur peine. Il faut dire que dans le même temps, la crise économique nous frappait, là encore, plus que d’autres’ et que se soigner coûte de plus en plus cher. C’est dire si dans ce contexte, il n’est pas venu le temps où la région sera tirée d’affaire.