En direct , commentez les corrigés de l’épreuve de philosophie

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Bonjour M.Saint-Jean, pourriez vous nous parler du Texte de Descartes ( Serie ES) melkà 12:41

C’était un texte un peu court. Du coup il demandait aux élèves d’entamer un véritable travail de discussion autour du fondement de nos jugements véritables et des raisons de nos erreurs. Descartes dans ce texte se demande si nous sommes responsables de nos erreurs, sachant que les « erreurs » sont des erreurs d’ordre théorique. Celles qui engagent la connaissance de la vérité. Et si nos erreurs sont dues à un défaut de connaissance (du à notre ignorance) ou à un défaut de jugement qui engage notre volonté. 

Chez Descartes, pour juger cela mobilise deux facultés : l’entendement et la volonté. L’une qui permet de concevoir et l’autre qui permet de donner son assentiment. L' »erreur » alors viendrait non pas de notre capacité à concevoir mais de notre précipitation dans nos jugements, qui est la cause de nos fausses opinions.

C’était pertinent de poser les différents types de désirs possibles J’ai soulevé les désirs sains et certains, les désirs soumis au doute et les désirs conscients mais dissimulés …Jadebrdcà 12:42

Ligeia Saint-Jean : Pour ce qui est du sujet du bac ES (Savons-nous toujours ce que nous désirons ), il était pertinent de se poser la question des différents types de désirs. C’était bien le sujet. Il était surtout question de se demander si l’objet de notre désir était toujours clairement connu de nous. Sous-entendu que les désirs sont par essence confus. 

Qu’il puisse y avoir des désirs « sains,  certains ou conscients », d’autres « dissimulés » comme vous le dites, suppose une réflexion qu’on mène sur nos désirs. Vous semblez être bien dans le sujet.

Je sors de l’examen, j’ai pris le sujet concernant le désir. Parfois, j’ai fait des citations mais je n’ai pas cité mes sources de peur de me tromper. Ça pourrait me porter préjudice Et, mon prof m’a toujours dit qu’en série ES on attendait minimum une feuille double. Mais j’ai tendance à en écrire toujours trop, est-ce que, ça aussi, ça risquerait de me porter préjudice

Merci d’avance. LaPetitePrincesseà 10:33

Ligeia Saint-Jean : Pour les citations, ce qui est important c’est de les analyser et de les rapporter au reste de votre développement. Pour la longueur de la copie, on ne note pas au nombre de pages mais bien à la qualité de l’argumentation. Une copie courte peut être une très bonne copie si elle est bien organisée et soulève bien les problèmes du sujet. Mais évidement si vous n’avez rédigé qu’une courte introduction, la copie sera trop légère.

Ligeia Saint-Jean, professeure de philosophie au lycée Paul-Bert à Paris, vient de nous rejoindre pour commenter les sujets tombés ce matin. Posez-lui toutes vos questions dès maintenant.

Voici notre second corrigé de l’épreuve de philo, concernant le 2e sujet proposé aux candidats au bac L : Le désir est-il par nature illimité

Voici notre premier corrigé de l’épreuve de philosophie, réalisé en partenariat avec Les Bons Profs.

Rendez-vous à 12 h 45 pour un chat avec Ligeia Saint-Jean, professeure de philosophie au lycée Paul-Bert à Paris. Avez-vous réussi votre épreuve de philo Vous pouvez déjà lui poser vos questions.

C’est la fin de ce chat avec l’historien Claude Lelièvre. Merci d’avoir posé vos questions. Et merci à lui pour ses réponses. 

Les élèves du Lycée Claude Monnet qui sortent de l’épreuve de philo parlent de leur problématique #bac2016 http://pbs.twimg.com/media/Ck–QAgWkAESUI_.jpg

Avec le temps, l’impression que le bac est bradé s’accroît. La baisse du niveau d’exigence lié à cet examen est-elle un fantasme ou une (triste) réalité Ozà 11:50

Claude Lelièvre : Il y a « des » bacs  » et pas « un » bac. En ce qui concerne le baccalauréat général qui existe depuis le début, il faut se rappeler qu’ à l’origine il a été conçu comme le premier examen de l’université. Tous les membres du jury étaient d’ailleurs des universitaires. Leur problème était alors de savoir qui pouvait entrer dans « leur » université. Au fil du temps, de moins en moins d’universitaires se sont retrouvés dans les jurys. Jusqu’à aujourd’hui où seulement le président du jury doit finalement être un universitaire. Mais un jury qui n’évalue pas directement.

Par ailleurs les formes de passation du bac ont extrêmement évolué dans le temps. A l’origine ce n’est qu’une interrogation orale de 45 minutes sur les auteurs étudiés dans les classes de première ou de terminale. L’écrit n’apparaît qu’une trentaine d’années plus tard (1840). Ensuite, au fur et à mesure, il va y avoir une multiplication des disciplines et des épreuves. Elles-mêmes ayant des poids différents et des différenciations selon les bacs. 

Donc, lorsqu’on compare avec « avant », de quoi parle-t-on

N’est-ce pas paradoxal de parler « du bac » alors qu’il y a, au bas mot, des dizaines de bac différents’ (bac S, bac pro vente,…)Kerrià 11:56

Claude Lelièvre : Excellente question : « le » bac n’existe plus depuis longtemps, sinon comme réalité juridique. A savoir qu’avec n’importe quel baccalauréat il est juridiquement possible d’emprunter n’importe quelle voie de l’université. Mais en réalité nous avons en effet au moins 3 grands types de bacs : les généraux, les professionnels et les technologiques, qui ont été conçus pour des parcours différents. En principe les filières longues de l’université pour les généraux, les STS et/ou IUT pour les technologiques, et normalement la vie active pour les professionnels. Ils n’ont pas été conçus à l’origine pour les mêmes parcours, les mêmes objectifs. Ils ne forment pas aux même capacités.

Quand j’entends parler du bac me revient une citation de Nietzsche : « Les dieux sont morts de rire en entendant l’un d’entre eux dire qu’il était le seul. » Je ris aussi en entendant parler du « monothéisme » du bac.

Dessin de Fabrice Erre, en réaction aux sujets de philosophie, et en direct de la salle d’examen où il surveille l’épreuve. Retrouvez ce croquis sur son blog, « Une année au lycée ». uneanneeaulycee.blog.lemonde.fr

Agathe Charnet rencontre les candidats qui sortent de l’épreuve de philosophie au lycée Paul Valéry, à Paris : 

A la sortie des épreuves de philosophie, devant le lycée Claude Monnet à Paris.

La valeur du bac a-t-elle changé avec le temps’ Laureà 11:26Claude Lelièvre : pour ce qui est de la valeur des baccalauréats généraux et technologiques, il n’y aucune raison qu’elle diminue. En revanche, le problème est nettement plus compliqué en ce qui concerne le bac professionnel. En effet, en 1995, il n’y avait que 7 % d’une classe d’âge qui obtenait un bac professionnel. En 2015, 22 % de la classe d’âge a obtenu un bac pro. Ici, il n’y a pas stabilité d’obtention, mais triplement. Donc, on peut s’interroger. 

Néanmoins, ce qu’on doit constater, c’est que les bacs professionnels permettent mieux d’accéder à un emploi directement (ils sont faits pour cela) que les bacs généraux, qui préparent eux à des études plus longues. D’autre part, il y a quinze ans, seulement 17 % des lauréats du bac professionnel tentaient de continuer leurs études. Ils sont 34 % en 2015, avec des succès divers : très limités à l’université en licence (3 ou 4 % de réussite) mais convenables quand ils se dirigent vers un BTS (deux tiers de succès).

L’historien Claude Lelièvre est avec nous pour parler du baccalauréat. Posez-lui toutes vos questions.

Nos journalistes Marine Miller et Agathe Charnet sont devant les lycées parisiens ce matin.

Depuis l’instauration du bac , quelles grandes évolutions qualitatives, (en corrélation sociologique ) avez vous repérées LECOURTà 11:15Claude Lelièvre : au départ, il s’agit essentiellement des cadres administratifs et militaires de l’empire. Et ensuite, de façon plus générale, on pourra dire, comme l’a indiqué un sociologue du début du XXe siècle, le bac est un « brevet de bourgeoisie ».Le bac, à l’époque, est un baccalauréat de type général (pas technologique ou professionnel).Claude Lelièvre : au départ, il s’agit essentiellement des acres administratifs et militaires de l’Empire. Et ensuite, de façon plus générale, on pourra dire, comme l’a indiqué un sociologue du début du 20e siècle, le bac est un brevet de bourgeoisie.Le bac, à l’époque, est un baccalauréat de type général (pas technologique ou professionnel). Jusqu’à la fin du 19e siècle, il concerne moins de 1% d’une classe d’âge. En 1960, il concerne 10 % d’une génération. Brusque accélération à l’époque gaullienne: on passe à 20% d’une classe d’âge. C’est la première période de massification. La seconde de situe entre 1986 et 1995 : on passe de 23 à 37 % d’une classe d’âge. Ensuite, c’est la stabilisation : on en est à 39 % en 2015.

Ensuite, en 1970 sont créés les bacs technologiques et ensuite les bacs professionnels, en 1985.

Pour la période récente, on doit remarquer qu’en 1995, il y avait 55 % d’une classe d’âge qui a eu un bac général ou technologique. On garde la même proportion en 2015. En revanche, le taux de réussite au bac général ou technologique était de 75 % en 1995 et de 90 % en 2015. Ce qui signifie qu’il y a environ 15 % de moins d’élèves qui se présentent actuellement à ces bacs généraux et technologiques. Chose qui passe généralement inaperçue.

Mon père m’a toujours dit que le bac reflète une vision napoléonienne de l’éducation : former des citoyens-soldats, disciplinés et formés à un large éventail de domaines. Qu’en pensez-vous Cloà 11:17Claude Lelièvre : Effectivement, c’est Napoléon qui a créé le baccalauréat, une interrogation orale portant sur la rhétorique et autres matières de lettres classiques. Il disait « Avant tout, mettons la jeunesse au régime des saines et fortes lectures : Corneille, Bossuet, voici les maîtres qu’il lui faut. Cela est grand, sublime et en même temps régulier, paisible, subordonné. il faut des conseillers d’Etat, des préfets, des officiers, des professeurs. » Donc le père de cette internaute n’a pas tout à fait tort, mais ce n’étaient pas des citoyens soldats mais des cadres de son empire qu’il s’agissait.

Samuel Lepastier achève ce chat à nos côtés, merci beaucoup pour vos questions. Nous accueillons Claude Lelièvre pour évoquer le bac à travers l’histoire.

Pourquoi le bac garde t il une telle importance symbolique Oriane Là 10:41

A mesure qu’un plus grand nombre de jeunes gens et de jeunes filles accède au baccalauréat son importance symbolique grandit, car il marque la fin de l’adolescence avec la fin des études secondaires, et l’entrée dans le monde des adultes (monde professionnel, université ou classe préparatoire). Par la suite, les adultes racontent leur baccalauréat comme s’ils en étaient les anciens combattants et les générations se retrouvent autour du baccalauréat passé par les plus jeunes. Bien entendu la réalité sociale actuelle vient nuancer cette vision un peu idéalisée. Il n’empêche qu’il n’existe pas d’épreuve symbolique équivalente dans le monde d’aujourd’hui. Dans les pays germaniques l’équivalent du baccalauréat a pour nom « examen de maturité » (Matura).

La philosophie a t’elle une place particulière dans la dimension initiatique du bac’Yohanà 10:46

Je ne suis pas philosophe mais psychiatre et psychanalyste. Cependant, d’une part, je pratique des disciplines de l’esprit qui ne sont pas sans rapport avec la philosophie. Et, d’autre part, mes patients me rapportent leurs interrogations existentielles. La philosophie a une valeur initiatique parce que son enseignement dans le secondaire avait été pensé pour préparer les lycéens à se dégager d’une emprise cléricale trop importante. Même si on ne fait pas de philosophie par la suite, il est nécessaire qu’un temps soit donné au sortir de l’adolescence pour s’interroger sur les questions fondamentales qui se posent à tout être humain. 

Des candidats pendant l’examen au lycée Fustel de Coulanges, à Strasbourg ( Frederick Florin /AFP ).

Pensez-vous que nous ne sommes pas assez préparé au monde professionnel En effet, beaucoup de bacheliers changeront d’orientation dès leur première année universitaire.Hykaruà 10:51

Nous vivons dans un monde où les choses bougent très vite. La fonction de l’enseignement aussi bien au lycée qu’à l’université n’est pas seulement d’acquérir des compétences directement utilisables mais d’être apte à s’adapter aux changements à venir prévisibles ou imprévisibles. C’est pourquoi, il faut prévoir des passerelles de rattrapage rendant plus faciles les changements d’orientation. L’essentiel est de ne pas seulement appliquer des recettes mais de pouvoir penser son action. Le plus important est d’être capable de choisir de façon éclairée.

Nous soumettons vos dernières questions à Samuel Lepastier,  vous pouvez d’ores et déjà commencer à interroger notre prochain invité, l’historien de l’éducation Claude Lelièvre. 

Que se passe-t-il pour les quelque 120 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans aucun diplôme’ Comment abordent-ils la vie future sans ce « rite de passage »‘Max à 10:56

Effectivement c’est un problème social, comme le montre a contrario le fait que certains non-bacheliers qui ont une réussite sociale exemplaire se glorifient de leur absence de diplôme. Il reste que pour la quasi-totalité de ces laissés-pour-compte, la blessure narcissique se double d’incertitude sur leur avenir professionnel. Cela les amène à des attitudes volontiers défaitistes ou provocatrices. Certains se réfugient dans la délinquance, la marginalité ou une fascination pour les idéologies totalitaires de tous bords. Il serait important de valoriser pour eux des accompagnements qui les aident à surmonter leur handicap. Par exemple, outre le service civique, un accompagnement majoré à la formation professionnelle, la valorisation d’autres aptitudes comme le sport ou les talents artistiques.

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