En Algérie la  concession  du président Bouteflika sur les retraites ne satisfait pas

En Algérie la  concession  du président Bouteflika sur les retraites ne satisfait pas

La loi contestée sur la réforme des départs anticipés a été amendée sur demande de la présidence, à cinq mois des législatives.

Manifestation le 27 novembre 2016 devant le Parlement algérien contre la réforme des retraites qui prévoit le non-versement à taux plein en cas de départ avant 60 ans.
Crédits : RYAD KRAMDI/AFP

A l’origine d’un vaste mouvement social ces derniers mois, la loi sur la réforme des retraites, qui rend impossible tout versement de pension à taux plein pour les travailleurs de moins de 60 ans, a été adoptée mercredi 30 novembre par le Parlement algérien. Le ministre du travail, Mohamed Al-Ghazi, a cependant annoncé qu’un amendement avait été introduit dans le texte, sur décision du président Abdelaziz Bouteflika, afin d’autoriser le départ en retraite des travailleurs ayant atteint les trente-deux années de cotisation et l’âge de 58 ans en 2017. Une concession qui ne satisfait toutefois pas les syndicats.

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Confrontées à la chute des prix du pétrole qui plombe les comptes publics, les autorités algériennes avaient annoncé en juin leur intention de mettre fin au départ à la retraite sans condition d’âge (à partir de trente-deux années cotisées). Mais, depuis le 17 octobre, plusieurs syndicats autonomes ont organisé des grèves dans la fonction publique. Dimanche, une manifestation a été réprimée dans la capitale. Surtout, au cours des derniers mois, des milliers de fonctionnaires ont demandé à prendre leur retraite anticipée avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.

« Geste électoraliste »

« L’intervention du président est liée à la pression du mouvement social, estime Idir Achour, membre du Conseil des lycées d’Algérie. Ce petit recul est positif mais insuffisant. Cela nous encourage à continuer la lutte. » La contestation contre la réforme des retraites a principalement été organisée par les syndicats autonomes, même si des sections locales de l’Union générale des travailleurs (UGTA), le syndicat officiel, ont dénoncé un projet de loi « injuste ». Aujourd’hui, ces syndicats appellent à poursuivre la mobilisation. « Selon nos calculs, l’amendement ne va concerner que 1 % des travailleurs algériens. Cela ne fait que reculer l’application de deux ans. C’est un geste à but électoraliste, avant les législatives [d’avril 2017] », déclare Nabil Ferguenis, porte-parole du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap), ajoutant : « Il ne faut pas oublier que nous dénonçons également la loi de finances 2017 et la modification du Code du travail. Les travailleurs vont continuer à manifester. »

Nouredine Bouderba, ancien dirigeant syndical, refuse, lui, d’évoquer un « recul » du gouvernement : « Nous ne sommes pas en possession du texte qui a été voté. L’annonce du ministre du travail n’est pour le moment qu’un amendement verbal qui pose question. Par exemple : que va-t-il se passer pour les femmes qui avaient le droit de partir à la retraite à 55 ans ‘ » Le Parti des travailleurs (PT) estime, lui, que la loi, même amendée, aura des conséquences « néfastes » sur les salariés. Le député FFS (Front des forces socialistes), Chafaa Bouaïche, s’est opposé au projet de loi, car « son contenu n’a pas été examiné par la commission et les syndicats autonomes n’ont pas été associés au débat ». Pour le ministre du travail, la nouvelle loi permet de « renforcer le principe de solidarité intergénérationnelle », alors qu’il manque cette année 200 milliards de dinars (1,7 milliard d’euros) pour payer la totalité des pensions de retraite.

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