Dégradations à l’hôpital Necker , ce qu’il s’est passé

Dégradations à l'hôpital Necker , ce qu'il s'est passé

Le Monde
| 15.06.2016 à 14h25
Mis à jour le
15.06.2016 à 15h35
|

Par Adrien Sénécat

Des violences et des dégradations ont de nouveau entaché une partie de la manifestation parisienne contre la loi travail, mardi 14 juin. Vingt-neuf représentants des forces de l’ordre et onze manifestants ont été blessés, selon la préfecture. Des actes de vandalisme ont été commis à l’hôpital Necker-Enfants malades, dans le 15e arrondissement de la capitale, comme le montre cette photo de notre journaliste Pierre Trouvé :

Ces dégradations ont été vivement dénoncées par la classe politique et nombre d’observateurs. La ministre de la santé, Marisol Touraine, a dénoncé une « attaque insupportable de casseurs ». Alain Juppé y voit « le signe de l’irresponsabilité totale de certaines organisations syndicales ». Voici, précisément, ce que l’on sait des événements.

Que s’est-il passé ‘

Des affrontements ont éclaté entre des manifestants en tête de cortège et des policiers à l’angle du boulevard des Invalides et de la rue de Sèvres, juste à côté de l’hôpital. Hugo Melchior, un manifestant, témoigne : « Il y a eu des affrontements sur ce point de fixation pendant une heure environ. Des centaines de projectiles ont été lancées, mais ils ne visaient pas l’hôpital. »

Selon lui, les dégâts sur la façade relèvent plus des « dommages collatéraux » que d’une intention d’un groupe de s’en prendre à l’hôpital. Des images tournées par un journaliste du Monde sur place montrent néanmoins un homme en noir muni d’une masse donner plusieurs coups sur les vitres du bâtiment. Un autre, en blanc, un peu plus loin, donne également des coups de pied. « Hé, c’est un hôpital de gosses ! », les interpelle un passant. Des tags ont été inscrits sur certaines vitres.

Notre journaliste n’a pas vu d’autres casseurs s’en prendre directement à l’hôpital. Les images montrent néanmoins de nombreux projectiles sur le sol au pied de l’établissement pédiatrique ; ce qui tend à montrer qu’ils ont bien été lancés dans sa direction, que le responsable ait conscience de sa nature ou non.

Quelles dégradations ont été causées ‘

L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a dénoncé une attaque « inadmissible », annonçant vouloir « porter plainte ». Une quinzaine de baies vitrées ont été cassées, selon la direction de l’établissement. Et la façade dégradée comportait très distinctement l’inscription « hôpital universitaire Necker-Enfants malades ».

Le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, rappelle dans un message aux personnels que « juste derrière les vitres visées, il y a des blocs opératoires ». Au-delà des dégâts matériels, il insiste sur les perturbations engendrées pour les patients et le personnel :

« Pendant ces attaques, il y avait des enfants qui étaient opérés et des équipes soignantes au travail, sous les bruits et les menaces des projectiles. Les soins ont été perturbés. Les équipes que nous avons rencontrées sont sous le choc. »

Contactée pour avoir des précisions sur les dégradations, l’AP-HP n’a pas souhaité réagir.

L’enfant du couple de policiers assassiné se trouvait-il dans l’hôpital au moment des faits ‘

C’EST VRAI

Bernard Cazeneuve s’est indigné de ces dégradations, le soir même sur France 2. Le ministre de l’intérieur a fait savoir que l’enfant du couple de policiers assassinés à Magnanville avait justement été admis dans la journée à l’hôpital. « Les vitres de l’hôpital Necker brisées alors que l’enfant des policiers s’y trouve’ Tout cela est inacceptable », a-t-il déclaré.

Jusque-là, l’information était restée relativement confidentielle. On ne la trouvait par exemple pas dans les dépêches de l’AFP avant l’intervention du ministre sur France 2. Tout juste était-elle mentionnée au détour de quelques articles, par exemple dans Le Figaro.

Si l’information est exacte, le lien établi par le ministre entre le crime terroriste de Magnanville et les casseurs de la manifestation contre la loi travail à travers le petit orphelin de 3 ans divise. Certains l’ont reprise à leur compte, d’autres l’ont au contraire trouvée déplacée.

Y avait-il un policier en civil à côté du casseur ‘

C’EST FAUX

Des internautes ont affirmé, à partir d’une capture d’écran des images du Monde, qu’un policier en civil aurait « fait mine de ne rien voir » alors que l’homme muni d’une masse s’en prenait à la façade de l’hôpital Necker.

Rien ne permet pourtant de l’affirmer. Contrairement à ce que soutient cet internaute, l’homme à l’image porte un brassard orange réservé à la presse, et pas un brassard de policier. Cet homme, muni d’un appareil photo, d’un casque et d’un sac à dos, semble plutôt être un photographe (ce qu’indique aussi son attitude à d’autres moments de la manifestation, sur les images dont nous disposons).

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