De Facebook à la SPA, la maltraitance animale pointée par des riverains à Maubeuge

De Facebook à la SPA, la maltraitance animale pointée par des riverains à Maubeuge

Photos, vidéos et exemples à l’appui, ces riverains racontent presque tous la même histoire : celle de ce couple, dont la misère sociale et humaine est criante, qui maltraiterait ses cinq chiens. Durant une semaine, ces animaux auraient été laissés dehors, sans eau ni nourriture, attachés sous le soleil. «
Ça fait au mois un an que ça dure. Je leur jette des pâtes, de la nourriture, ce que je peux
», assure Mélanie, la voisine. «
La semaine dernière, je passais le tuyau d’arrosage dans leur cour. Les chiens étaient tout excités à la vue de l’eau. Pauvres bêtes, c’est insupportable de voir ça
», raconte C.D., une autre riveraine, dont la cour jouxte celle de la petite maison. La venue de la Police nationale, dimanche, n’y fait rien. Difficile d’intervenir dans un domicile privé, sans autorisation. Beaucoup ont du mal à l’entendre. Interpellée, la Société protectrice des animaux mène son enquête mais a, au départ, les mains liées (lire ci-dessous). «
On ne peut pas entrer sans autorisation du maire ou du Parquet. C’est une violation de domicile.
»

Chez les riverains, le discours ne passe pas. Ce lundi après-midi, après un week-end de messages sur les réseaux sociaux, le ton est monté. «
Si vous ne prenez pas les animaux, on ne part pas d’ici !
», réclame Patrick, maître-chien et riverain de cette rue de Sous-le-Bois. Face à la tension, des renforts de policiers municipaux et nationaux sont envoyés. Le maire, Arnaud Decagny, présent dans le quartier, se rend sur place. En quelques heures, la situation se précise. L’odeur d’urine et de matières fécales se propage à l’ouverture de la porte par la locataire d’une vingtaine d’années. Aucune gamelle d’eau en vue. Coopérante, la jeune femme semble dépassée. Trois chiens, un malinois, un croisé staff et un berger allemand sont saisis, allant rejoindre à la fourrière un yorkshire «
plein de puces
», déjà trouvé sur la voie publique la semaine dernière.

Un autre canidé, mort «
depuis au moins une semaine
», est retrouvé à l’étage. L’odeur est insoutenable. «
Hier, il y avait cinq chiens dans cette maison, il manque un labrador qui était enfermé depuis une semaine dans un cagibi
», croit une riveraine. Finalement, la locataire est emmenée au commissariat où elle devrait être rejointe par son conjoint. Tous deux devront s’expliquer, car une enquête est ouverte. «
C’est une pelote que l’on va dérouler
», croit un proche de l’enquête. Sur fond de misère humaine, sociale. Une demi-victoire pour les riverains. «
Ça fait des jours qu’on alerte, on aurait pu éviter la mort d’un animal.
» «
Maintenant il faut faire quelque chose pour aider cette femme
», conclut une autre. Charge au procureur de décider des suites.

« On ne peut pas faire n’importe quoi »

Malmenée sur la Toile, insultée, la SPA souffre parfois d’une incompréhension de la part des usagers. «
Souvent, quand les gens viennent, ils veulent que le problème soit réglé dans la minute, alors que parfois, ça fait des mois que ça dure
», raconte ce bénévole. Or, chaque cas est différent et l’association se doit, comme n’importe quelle association, de respecter la loi et les règles. «
Même si nous sommes reconnus d’utilité publique, nous ne pouvons pas rentrer chez les gens, défoncer les portes et prendre les animaux comme ça.
»

«
On ne peut pas faire n’importe quoi
», raconte la présidente de la structure maubeugeoise, Annie Boucniaux. L’an dernier, sur une vingtaine de procédures, la moitié concernait des problèmes de recouvrement, l’autre la maltraitance animale. «
De gros cas, pas le voisin qui attache son chien avec une corde de 50 cm, poursuit la présidente. Nous avons gagné à chaque fois, mais récupéré seulement 400 euros, la plupart de gens sont insolvables.
»

Mais pour porter plainte et intervenir, il faut des preuves. «
Facebook ne suffit pas
», souffle Annie Boucniaux. «
Il nous faut des témoignages écrits, des photos, dans ces cas-là, quand notre dossier est fourni, on accepte nos plaintes.
» Une prudence d’autant plus de mise à Maubeuge où l’association a été condamnée en appel au début des années 2000, après avoir repris une jument maltraitée à son propriétaire, sans autorisation préalable. «
Cette histoire nous a coûté cher. Nous avons dû indemniser le propriétaire pour les dommages et intérêts, les poulains qu’elle aurait pu avoir pendant ce temps. On a dû repartir de zéro.
» Un argument que, souvent, beaucoup ont du mal à entendre’

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