Crise du lait , interruption des négociations appels à cesser le mouvement à Laval

Crise du lait , interruption des négociations appels à cesser le mouvement à Laval

Les difficiles négociations sur le prix du lait entre Lactalis et les représentants des producteurs ont été interrompues vendredi 26 août aux environs de 23 heures. Ces dernières avaient commencé vers 18 heures à Laval, dans la Mayenne, au lendemain d’une première session de discussion infructueuse à Paris. Aucune date n’a été évoquée par les différentes parties pour une éventuelle reprise des débats.

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« Ce soir, on est également en situation d’échec », a expliqué Sébastien Amand, vice-président de l’Organisation des producteurs de Normandie-Centre (OPNC), devant quelque 200 agriculteurs rassemblés sur le rond-point proche d’une usine du groupe, bloqué depuis le début de la semaine.

« Force est de constater que le delta [le fossé entre les positions] entre les deux parties est trop conséquent pour qu’on puisse ce soir trouver un terrain d’entente pour espérer une rémunération en lien avec le marché mais surtout en lien avec les difficultés sociales, financières et de trésorerie que vous vivez dans vos exploitations. »

« C’est partie remise »

« Ce soir, c’est un échec énorme. C’est vraiment triste, très triste », a déclaré pour sa part tôt samedi 27 août Philippe Jéhan, le président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de Mayenne. Il a appelé à mettre un terme à l’action de protestation engagée : « La manifestation est terminée. On n’avait pas d’intérêt à rester jusqu’à lundi. Vous obliger à tenir, ça servait à rien. »

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« C’est partie remise », a-t-il fait valoir, justifiant ce choix par la décision de justice contraignant les manifestants à libérer au moins un des accès du site industriel sous peine d’une astreinte financière : « On a une astreinte rue Arago. Vous auriez vu les camions partir. Si on les bloquait, c’était 5 000 euros de l’heure. »

Le tribunal de Laval a décidé vendredi soir de transformer en décision juridique un accord en vigueur depuis 17 heures et valable jusqu’à mardi matin entre Lactalis et la FDSEA de Mayenne, prévoyant de laisser sortir les camions du site de production durant la période de négociations. Le groupe avait assigné dans la matinée les fédérations régionales de Normandie, Bretagne et Pays de la Loire, dont des membres bloquaient les accès au site depuis le début du mouvement, pour entrave à la liberté de circulation.

« La stratégie, on rebâtit demain. On ne va pas capituler, on ne lâchera pas. On va identifier les points sur la carte et on va aller devant chaque site Lactalis (‘) pour continuer et réussir », a lancé vendredi soir devant les producteurs en colère Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA. Interrogée par l’Agence France-Presse, elle a précisé qu’un entretien téléphonique était programmé samedi avec Xavier Beulin, le président de la FNSEA pour organiser une stratégie « d’envergure nationale ».

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Plan de régulation

Depuis un mois, la grogne monte chez les producteurs de lait sur la somme proposée par Lactalis à la tonne. Un peu en dessous de 257 euros, celle-ci est indexée au prix du marché mondial, mais ne satisfait pas les éleveurs qui la jugent trop basse. Le groupe a annoncé vendredi matin une hausse de 15 euros au 1er septembre, soit environ 271 euros la tonne, malgré l’échec des négociations.

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Le porte-parole de Lactalis, Michel Nalet, a souligné que cette offre avait pour objectif de « démontrer qu’on continue d’aller de l’avant et de négocier ». Mais la proposition a été froidement accueillie par les syndicats agricoles. « Il est clair qu’elle peut être largement améliorée », a estimé Pascal Clément, président de la section laitière de la Fédération régionale des syndicats agricoles (FRSEA) du Grand-Ouest.

A l’issue des premières négociations, le médiateur avait précisé qu’il avait fait une « proposition de la dernière chance à 280 euros les 1 000 litres » pour les cinq derniers mois de 2016 par rapport à un prix actuel d’environ 257 euros, ce qui portait l’augmentation à 23 euros, une offre qu’avait acceptée Lactalis, mais refusée par les représentants des éleveurs.

Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a déclaré qu’il présentera mardi le plan français de régulation de la production laitière. La Commission européenne avait annoncé le 18 juillet une enveloppe de 500 millions d’euros pour soutenir le monde agricole, dont 150 millions pour inciter à réduire la production de lait.

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