Coups de feu au camp de migrants de Tatinghem , un an de prison ferme

Coups de feu au camp de migrants de Tatinghem , un an de prison ferme

Ce ne sont finalement pas deux, mais trois coups de feu de sommation qui ont été tirés par les policiers de la brigade mobile de recherches, lors de l’intervention dans le camp de migrants de Tatinghem, mercredi soir. Cette précision a été apportée vendredi 27 mai au cours du procès de Gulbaz Jankhel, un Afghan de 34 ans, interpellé après avoir pointé un pistolet chargé en direction des policiers. «
Ce qui rend cette affaire très grave, c’est qu’il a eu la volonté de se servir de l’arme mais qu’il n’a pas pu tirer uniquement parce que la culasse s’est coincée
», relève le président du tribunal, Bertrand Duez.

« La balle était bien chargée »

Ce soir-là, la BMR venait interpeller un passeur présumé. Les agents ont eu maille à partir avec deux hommes chargés de guetter les abords du camp. L’un d’eux s’est laissé interpeller. Gulbaz Jankhel, lui, a pris la fuite, malgré les sommations de la police. Durant sa course, «
sur près de cinq cents mètres
», souligne le tribunal, il a armé la culasse d’un Ruby 1915 de calibre 7.65, chargé. Il l’a pointé vers les policiers. Et a fini par le jeter. Après avoir tiré à trois reprises en l’air, et avoir crié «
police
» plusieurs fois, les agents qui arboraient des brassards fluo indiquant leur profession, ont réussi à maîtriser le fuyard. Ils ont aussi retrouvé l’arme en question.

«
La balle était bien chargée dans la chambre, explique le président. Les tests réalisés après ont montré que l’arme fonctionnait. » Pour le tribunal, si Gulbaz Jankhel n’a pas tiré, «
c’est uniquement à cause d’un incident technique
».

« J’ai des problèmes d’audition »

«
J’ai des problèmes d’audition, je n’ai pas vu que c’était des policiers, je croyais que c’était des Kurdes d’une bande rivale
», explique le prévenu par la voix de son traducteur. Il explique : «
Les passeurs sont des malins, ils repèrent les faibles qui ont peu de ressources et leur demandent de surveiller le camp. Ils m’ont donné ce revolver que j’ai mis dans ma poche, mais je ne sais même pas m’en servir
».

Une version «
plausible
», selon Anne-Laure Le Galloudec, substitut du procureur. Elle déplore les «
conditions de vie
» dans ce camp, mais n’admet pas qu’il se transforme «
en zone de non droit où la police n’est pas en sécurité
». Elle réclame six mois de prison ferme et huit avec sursis. «
Les faits sont graves, mais sa vie est déjà assez miséreuse comme ça
», tente Me Cambrai pour la défense du prévenu.

Le tribunal se montre plus sévère encore : Gulbaz Jankhel est conduit directement en prison pour un an. Et quand il sortira, six mois de sursis planeront sur sa tête.

Un passeur incarcéré

Le passeur présumé interpellé mercredi soir dans le camp de Tatinghem a été mis en examen vendredi 27 mai pour aide à l’entrée et au séjour irrégulier en bande organisée. Il a été incarcéré au centre pénitentiaire de Longuenesse. Selon le parquet de Saint-Omer, cet Afghan d’une trentaine d’années aurait reconnu dans le cadre de sa garde à vue avoir organisé soixante-dix passages à la barrière de péage de Setques sur l’autoroute A26. Des passages qu’il aurait fait payer 5000′. L’enquête se poursuit pour tenter d’interpeller trois autres personnes soupçonnées d’avoir dirigé ce réseau avec lui.

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