Comment Le Touquet s’est fait doubler par Cannes pour accueillir le festival

Comment Le Touquet s'est fait doubler par Cannes pour accueillir le festival

Vous l’avez peut-être lu dans les articles consacrés à l’histoire du festival de Cannes qui s’est ouvert le 11 mai. L’idée de créer un festival international de cinéma en France remonte à la fin des années 30. Le rendez-vous des amoureux du 7e art, en Europe, c’est alors la Mostra de Venise. Mais l’événement commence à subir l’influence allemande et mussolinienne. Philippe Erlanger, directeur de l’Association française d’action artistique, décide de créer un festival libre. Il reçoit le soutien de Jean Zay et d’Albert Sarraut, ministres de l’Éducation nationale et de l’Intérieur. L’idée divise à cause des relations qui se tendent en Europe, mais on se met en quête d’un lieu dès le printemps 1939.

Le festival de Biarritz, Aix-les-Bains, Vichy ou même de Deauville

La ville de Venise, choisie par les organisateurs de la Mostra, c’est un site unique, un passé riche, l’Exposition’ « La France devait l’égaler, donner à son festival un cadre aussi prestigieux » relate le site de la ville de Cannes. Sept villes sont retenues, parce que « reconnues mondialement, elles peuvent prétendre à l’organisation d’un festival. Grâce à leur développement touristique, toutes possèdent des équipements et des installations essentiels à l’accueil de l’événement » : Cannes, Biarritz, Aix-les-Bains, Deauville, Vichy, Alger (l’Algérie est une colonie française)’ et Le Touquet.

Alain Holuigue et Frédéric Quételart, de la société académique du Touquet, n’ont pourtant jamais entendu parler de cet épisode. « À mon avis, les élus de l’époque ne l’ont même pas su car ici nous n’avons pas de trace. Ça ressort grâce aux documents internes du festival de Cannes », pense Frédéric Quételart.

L’histoire n’a, de toute façon, pas retenu Le Touquet. Les organisateurs voulaient le sud. Et « la plupart des villes se trouvaient dans l’impossibilité de construire et d’aménager, en quelques mois, une salle de projection pouvant accueillir un millier de spectateurs », précise le site de Cannes.

Pas assez de salles

Le Touquet a bien quelques cinémas, mais rien de grandiose. Il est donc écarté. Seuls Cannes et Biarritz restent en lice, avec l’issue qu’on connaît en 1946.

« Si le maire de l’époque le Dr Pouget, NDLR et les élus, des gens comme Fernand Recoussine, Édouard Champion, Louis Quételart’ avaient été au courant, ils n’auraient jamais laissé passer une occasion pareille », est persuadé Frédéric Quételart.

« C’était des fous. C’est vrai que la crise avait démarré, mais entre 1927 et 1931, c’était les années fastes. La ville pouvait construire en une ou deux années, la piscine, l’hôtel de ville, le marché couvert, la Poste’ Tout ça grâce aux casinos. En Angleterre, les jeux d’argent étaient interdits alors les Anglais venaient dans les casinos », détaille Alain Holuigue pour resituer Le Touquet à l’époque. Si seulement, ils avaient préféré le cinéma’

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