Calais , l’idée d’une monnaie locale soumise aux commerçants

Calais , l'idée d'une monnaie locale soumise aux commerçants

À l’image de
la monnaie Bou’Sol, utilisée dans le Boulonnais depuis bientôt trois ans
, Laurent Roussel propose d’implanter une monnaie locale à Calais, afin de «
redynamiser l’économie du centre-ville
». Partant du constat que ce dernier souffre à cause des grandes surfaces implantées en périphérie, il espère ainsi les «
concurrencer
». Le principe est simple : les Calaisiens ne pourraient utiliser cet argent que dans les commerces prestataires généralement de proximité en ville, ce qui les encouragerait à acheter chez les petits commerçants. «
Le centre-ville serait plus vivant, donc plus attractif pour les touristes.
» En contrepartie, les utilisateurs pourraient avoir des avantages, comme «
une remise de 5 %
». Autrement dit, contre 20 , les consommateurs disposeraient de 21 billets locaux.

Un fonctionnement associatif

S’il se concrétise, ce projet aboutira à la création d’une association pour gérer et promouvoir la monnaie locale. Comme l’a précisé, Joackim Lebrun de l’antenne lilloise d’APES (association Acteurs pour une économie solidaire), venu à titre d’informateur à la réunion publique, «
une monnaie locale résulte d’une volonté politique et citoyenne
». Joackim Lebrun estime «
entre un an et demi et trois ans
» la création d’un tel système. Ce afin de définir quelle forme prendra la monnaie (billets ou dématérialisé), quelle banque sera partenaire pour échanger des euros contre cet argent local, quels commerces pourront y entrer… Sur ce point, Laurent Roussel a déjà son idée : «
Tous les commerces de proximité, y compris les franchisés, mais pas les supermarchés type Carrefour ou Lidl
», toujours pour «
concurrencer
» les grandes surfaces.

Des réactions mitigées, un « niet » de la Ville

«
C’est un beau projet, a commenté Marion Lavigne, présidente de l’association Calais commerces, à l’issue de la réunion publique. Reste à savoir comment le mettre en place. » Même sentiment parmi les autres commerçants et représentants, ce lundi : tous semblent apprécier l’idée mais elle ne leur semble pas pratique. «
Une monnaie locale peut être prise comme une contrainte supplémentaire pour les commerçants
», relève Frédéric Van Ganbsbeke, président de la Fédération du commerce du Calaisis. Céline Paris, gérante de la boulangerie Saint-Pierre, voit venir «
une comptabilité compliquée
».

Quant à la Ville, la réponse a été directe : «
La maire est contre cette idée de monnaie locale, a expliqué Emmanuel Agius, premier adjoint, par téléphone hier. Je ne vois pas quelle peut être la valeur ajoutée. La ville a une monnaie, l’euro, comme toutes les autres villes.
» L’appui d’élus étant préférable mais pas obligatoire pour une monnaie locale, Laurent Roussel a affirmé que, même sans la Ville, il créerait une monnaie de quartier pour le Petit-Courgain.

Depuis trois ans, la monnaie boulonnaise se développe timidement

Fin mai 2013, portée par la communauté d’agglomération du Boulonnais, la monnaie locale Bou’Sol a fait son apparition. En partenariat avec le Crédit municipal, gérée par l’Association pour la promotion de la monnaie citoyenne du Boulonnais (APMC), la monnaie était utilisée, au bout de six mois, par une trentaine de commerçants et restaurateurs et environ cent cinquante consommateurs. Aujourd’hui, les prestataires sont près de soixante et les utilisateurs deux cent cinquante. «
C’est une progression lente
», concède Miguel Iturra, salarié de l’APMC. Il est venu à la réunion publique à Calais pour «
présenter le Bou’Sol et les aider à ne pas faire les mêmes erreurs que nous
». La monnaie boulonnaise aurait eu «
une mauvaise communication
» à son démarrage, la faute principalement à «
un manque de moyens humains
». Malgré tout, il estime que le Bou’Sol continue de se développer.

Marcel Guesquière, gérant de l’épicerie associative Artisans du monde à Boulogne-sur-Mer, a été un des premiers prestataires du réseau Bou’Sol. Aujourd’hui, il se dit «
un peu déçu. Ça ne s’est pas développé autant qu’on l’espérait. Beaucoup de gens sont réticents, ils se demandent ce que ça apporte de plus. Je demeure confiant mais il faut que ça se développe un peu plus, et une meilleure communication
». Le commerçant relève tout de même que «
12 % du chiffre d’affaire est réalisé avec des Bou’Sol. C’est plus que les chèques, qui représentent 8 %
». D’après lui, la monnaie locale n’a pas autant de succès chez tous les prestataires. En tête se trouvent les magasins alimentaires et la Fnac, membre du réseau depuis 2015.

Comment fonctionne le Bou’Sol

6 000 monnaies locales existent dans le monde, chacune ayant son fonctionnement propre.

L’agglomération du Boulonnais a opté pour un système de billets, «
pour un vrai échange de mains à mains entre commerçants et citoyens
», explique Miguel Iturra, de l’association gérant la monnaie boulonnaise (laquelle envisage toutefois d’adopter, à terme, un système de paiement dématérialisé). La date est tamponnée à chaque retrait auprès de l’association, avec la mention précisant «
Ce billet garde sa valeur la plus forte pendant deux mois. » Cette période de validité encourage les consommateurs à acheter rapidement auprès des prestataires locaux, cette monnaie ne devant pas être épargnée mais au contraire encourager l’économie locale.

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