Bruay-sur-l’Escaut, ils pensent que ses chiens sont maltraités ils les lui retirent sans autorisation…

Bruay-sur-l'Escaut, ils pensent que ses chiens sont maltraités ils les lui retirent sans autorisation...

«
Je n’en dors plus la nuit, confie Marie. Le médecin m’a mise sous antidépresseur depuis cette affaire.
» Le 13 août dernier, cette Bruaysienne de 49 ans était en plein travaux. «
On était en train d’installer la cuisine aménagée, poursuit la mère de famille qui souffre d’un handicap aux jambes. Les chiens étaient donc dans un enclos de fortune, juste le temps des travaux, avec un accès à la remise s’il pleuvait.
» Quatre à cinq personnes se présentent alors à son domicile : le président, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre l’an passé (lire ci-dessous), de l’association Cause animal du Nord, Anthony Blanchard, ainsi que des militants de l’association Silence animal Belgique.

« Ils m’ont rabaissée plus bas que terre »

«
Ils ont demandé à voir mes animaux, en m’expliquant qu’ils avaient reçu une lettre de dénonciation. J’étais tellement perdue que je n’ai pas su réagir.
» Marie les laisse donc franchir le portail. «
Puis ils se sont permis d’entrer dans la maison sans que je le leur permette. Ils sont même montés à l’étage. Ils m’ont rabaissée plus bas que terre, ils disaient que c’est intolérable d’avoir une maison infestée de puces comme ça. Que mes animaux étaient maltraités, dans un état déplorable. J’en ai même fait un malaise. Mais ils n’ont pas voulu que mon beau-fils appelle les pompiers…
»

« Une fourmilière de familles d’accueil »

Puis tout est allé très vite. «
Ils ont passé des coups de fils devant moi. Puis une fourmilière de familles d’accueil est arrivée. Cinq minutes plus tard, c’était fini. Ils avaient embarqué mes chiens. Et même mes propres caisses de transport !
»

Marie le reconnaît elle-même. Elle avait plus de chiens que ce qu’autorise la législation puisqu’elle en possédait 21. Et au-delà de neuf, il faut une autorisation de la direction départementale de la protection des populations (DDPP). De même, les chiens n’étaient pas tous identifiés ou vaccinés. «
La plupart des chiens, je les ai trouvés en train d’errer sur la route. Quand c’est comme ça, je les prends, je les lave et je m’occupe d’eux jusqu’à ce qu’ils soient retapés. Puis j’essaie de les donner autour de moi. C’est ma passion. Et même avec 800 , j’arrive à nourrir tout le monde. Mes enfants et mes animaux ! »

À Paris, il s’était emparé du chien d’un SDF roumain

Anthony Blanchard, le président de l’association Cause animale du Nord, n’est pas un inconnu. Il y a un an, une vidéo avait fait le tour du web non sans susciter un sacré élan d’indignation. On le voyait, dans une vidéo capturée à Paris, avec une autre militante, en train de s’emparer du chien d’un sans-abri roumain. Le militant estimait alors qu’il s’agissait d’un chien drogué et sans papier.

À l’issue de l’enquête de police ouverte après le dépôt de plainte du SDF, Anthony Blanchard avait été placé en garde à vue pour vol avec violence en réunion. Puis il avait été sommé de rendre le chien à son propriétaire. Le pékinois était en parfaite santé et ses papiers étaient en règle. Plus localement, le procureur de la république de Valenciennes avait qualifié les militants de cette association d’«animalistes jusqu’au-boutiste » lors d’un procès. À Famars, une femme s’était fait arracher quasiment la moitié du visage par un chien. Et l’association avait alors uvré contre «
la condamnation à mort
» de l’animal.

Pour ce qui est de l’action menée à Bruay, le militant estime qu’il avait affaire à «
une situation d’urgence. Il y avait plus d’une vingtaine de chiens et un risque sanitaire car ils étaient remplis de puces. Deux chiens avaient la gale. Ils sont partis en urgence chez le vétérinaire
» Des chiens que la propriétaire affirme qu’elle venait de récupérer depuis deux jours, en mauvais état.
C. BO.

«Ce n’est pas normal !»

Marie, qui a déposé plainte quelques jours après pour vol et violation de domicile à l’encontre de l’association, avait 21 chiens. Il lui en reste désormais neuf. «
Ils m’ont laissé les plus vieux et les croisés pour lesquels j’avais les papiers
», poursuit la Bruaysienne. Avant que les petites boules de poil n’entrent dans la pièce. Des chiens extrêmement câlins qui semblent en excellente santé. «
On s’est rendu sur place, à l’improviste, samedi dernier avec la SPA, confie la maire de Bruay. La maison était très bien entretenue, les animaux qui lui restaient étaient très bien traités.
» Et de s’insurger contre les pratiques de Cause animale du Nord. «
Je ne comprends pas pourquoi ils sont rentrés chez elle comme ça. Ce n’est pas normal, c’est de la violation de domicile. Ils lui ont fait peur, elle a paniqué, et ils sont repartis avec ses animaux.
»

« En dehors de toute procédure »

Une démarche «
en dehors de toute procédure
», dénonce le Belge Fabrice Renels, l’un des militants à l »uvre sur la page Facebook « Boycotte de Cause Animale Nord ». «
Une association peut constater un problème. Mais elle n’a pas le droit, que ce soit en France ou en Belgique, de retirer un animal sans un feu vert judiciaire. Même lorsqu’il s’agit d’une association d’intérêt général !
» Même son de cloche du côté de la préfecture du Nord. «
Une association ne peut retirer un animal que sur décision de justice ou sur demande explicite du propriétaire
», résume la préfecture. Sans quoi il s’agit ni plus ni moins d’un vol. Une enquête de police a été ouverte afin de faire toute la lumière sur cette affaire. Elle a été confiée à la brigade de police d’Onnaing.C. BO.

Leave A Reply