Braquage d’un fourgon blindé en 2011 près d’Arras , l’heure de rendre des comptes (VIDÉO)

Braquage d'un fourgon blindé en 2011 près d'Arras , l'heure de rendre des comptes (VIDÉO)

Il est des faits-divers dont les journalistes se souviennent plus que d’autres. En arrivant presque en même temps que les pompiers sur ce qui n’était au départ qu’un « feu de fourgon blindé », je découvre une scène de guerre. Des gens courent dans tous les sens, des voitures font marche arrière. Devant moi, trois véhicules ravagés par les flammes, dont un fourgon blindé.

« C’est le GIGN. On réquisitionne votre camion ».

Ce 17 mars 2011 reste gravé dans l’esprit comme dans le bitume de la RN 17, où l’on distingue encore des stigmates de l’incendie. Le scénario laisse pantois tant la chronologie est minutieusement réglée. Peu avant 15 heures, un chauffeur routier se fait braquer son camion à Sainte-Catherine par des hommes encagoulés et armés de fusils-mitrailleurs, se faisant passer pour le GIGN.

Roger, le chauffeur-routier pris en otage, nous avait livré son témoignage hallucinant à l’époque : «
Je venais de Sainte-Catherine quand ils m’ont doublé, ils étaient habillés en bleu style GIGN. L’un d’eux est sorti en disant
: « C’est le GIGN. On réquisitionne votre camion ». Ils avaient un gyrophare. J’ai pas cherché à comprendre. Ils avaient des pétards aussi. C’est allé très vite. Le gars est monté avec moi, il m’a fait sortir, m’a mis une cagoule et m’a attaché les mains. On m’a fait asseoir dans le fourgon et on m’a dit « tu dis rien ! Dès qu’on sort, tu te barres ». Quand ils sont sortis, je me suis mis à courir. Il y avait un gars devant moi avec une mitraillette
».

Rafales de mitrailleuses

Ensuite, ils montent un traquenard dans lequel les convoyeurs de fonds de la Loomis tombent. Les malfrats disposent des cônes de signalisation pour rétrécir la circulation. Lorsque le fourgon blindé arrive à hauteur du camion, ce dernier lui fonce dessus. Une fourgonnette blanche se présente dans la foulée. Cinq individus encagoulés font irruption, lourdement armés. Tandis que le chauffeur routier, pris en otage, parvient à s’échapper, les malfaiteurs intiment l’ordre aux convoyeurs de descendre, posent des cales sous les roues du véhicule pour l’immobiliser et disposent des charges explosives sur la porte arrière. Devant la menace, les convoyeurs prennent la fuite. Un gendarme en civil s’approche, mais est mis en fuite par une rafale de mitrailleuse. Il n’est pas blessé. Les assaillants activent les charges, pulvérisant le fourgon.

En un éclair, les bandits déchargent la quasi-totalité des trente sacs contenus dans le fourgon, avant d’incendier les véhicules impliqués, fourgon blindé compris. Près de deux millions d’euros sont emportés. Les assaillants prennent la fuite à bord de deux véhicules, dont l’un, volé, est incendié à Angres.

La police judiciaire de Lille est saisie. Juin 2011, Redoine Faïd est arrêté dans la banlieue lilloise puis incarcéré. Celui qui assurait s’être rangé est soupçonné d’avoir pris part au braquage de la RN 17 avec cinq autres suspects. Tous, sauf peut-être Redoine Faïd, seront jugés dès lundi à la cour d’assises du Nord à Douai.

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