Béthune , le juge Pichoff de l’autre côté de la barre’

Béthune , le juge Pichoff de l'autre côté de la barre'

Un juge face aux juges. Ce n’est pas si souvent. Pierre Pichoff connait par c’ur la manière dont doit se passer une audience comme celle-ci, mais cette fois, il est du mauvais côté de la barre. Mais cela ne fait pas de lui un homme accablé.

D’abord, il écoute attentivement le président du tribunal, celui qui occupe une place qu’il a si souvent assumée, reprendre cette embêtante affaire d’enveloppe. Karim Ould Djelloul lui a bien remis une enveloppe sur un parking au bord de l’autoroute A26. Et c’était à quelques semaines d’une audience qui concernait le même Ould Djelloul devant’ Pierre Pichoff. «
Ça ne doit être terrible par rapport à vos règles
», concède au tribunal l’homme qui les a présentés l’un à l’autre. C’est José Lefrère, commerçant béthunois fort disert, mais pas très clair dans ses explications.

Des aveux troublants

C’est vrai. Mais les deux hommes réfutent totalement la présence d’argent dans cette enveloppe. «
Il s’agit d’un dossier fiscal pour lequel j’avais un redressement
», dit Ould Djelloul. Ils n’en démordent pas, et franchement, rien ne permet d’établir qu’il y avait bien de l’argent dans cette enveloppe. Il y a bien un informateur qui le prétend, mais il a voulu garder l’anonymat, et on ne peut pas dire qu’il ait été beaucoup embêté pendant l’instruction.

Tout de même, quelque chose chagrine le président : «
M. Pichoff, en garde à vue, vous avez reconnu avoir touché de l’argent. Comment se fait-il
»

Alors, de son nouveau côté de la barre, Pierre Pichoff envoie une tirade comme on en entend souvent : «
J’étais dans un état lamentable, M. le président. Je n’avais pas dormi, pas mangé, j’étais en garde à vue depuis six heures du matin, la veille, et j’ai craqué. »

Il y eut un moment un peu suspendu, comme si le tribunal était interloqué. Puis le président regardé par-dessus ses lunettes son ex-collègue : «
Ah pourtant, à l’époque, vous aviez dit au juge que tout s’était bien pasé, qu’on vous avait donné à manger, que vous n’aviez besoin de rien’
»

Leave A Reply