Berck, une villa aux airs de château tombe en ruines et préoccupe le voisinage

Berck, une villa aux airs de château tombe en ruines et préoccupe le voisinage

La station balnéaire regorge de bijoux architecturaux et la rue Rothschild n’est pas en reste. Un « château » y trône depuis plus d’un siècle. Mais ici ne vivent ni roi, ni princesse. Les passants, subjugués par son architecture, s’arrêtent pour l’admirer.

Mais pour les habitants du quartier, cette imposante demeure est loin de susciter l’émoi. À y regarder de plus près les lieux sont bel et bien abandonnés. Les fenêtres et les portes sont condamnées. «
Il y a urgence, alarme un habitant de la résidence voisine, tout fout le camp. La façade dévale sur la rue, les tuiles s’envolent, c’est dangereux !
»

Face à l’habitation, le trottoir est condamné par des barrières. Impossible de l’emprunter. «
Vous vous rendez compte, interpelle un Berckois, ma femme handicapée se fait soigner dans cette rue et est obligée de passer sur la route.
»

Les critiques pleuvent. La propriétaire de la maison voisine connaît aussi son lot de désagréments. «
Un château Vous parlez de la déchetterie à côté de chez moi
», ironise la jeune femme. Depuis quatre ans qu’elle habite là, elle a toujours connu la bâtisse ainsi. «
L’été, nous sommes gênés par le bruit. Les fenêtres sont cassées. Cela crée des courants d’air et à l’intérieur, les portes claquent
».

Il y a deux ans, la jeune femme a souhaité réhabiliter le mur mitoyen et a cherché à entrer en contact avec les propriétaires du château. «
La mairie n’a pu nous communiquer que leurs coordonnées postales, déplore-t-elle, prise par les priorités du quotidien, j’ai laissé tomber.
» Désespérés, les habitants de la rue Rothschild restent avec leurs inquiétudes.

Rue Saint-Georges, les propriétaires des villas voisines en ont assez. L’un d’eux n’ose même plus ouvrir ses fenêtres par peur de l’intrusion des rats ou autres nuisibles : «
Le lierre court sur notre façade. Les pierres s’effondrent à gauche à droite, décrit ce monsieur d’un âge avancé, nous avons fait plusieurs courriers mais la ville ne sait pas nous répondre.
»

La mairie suit le dossier depuis 2004 et tente de pousser le propriétaire, un Parisien, à restaurer. En 2012, la municipalité décide la fermeture des accès. «
Nous avons envoyé la facture au propriétaire du bien qui l’a réglée
», explique Romain Roger, directeur de cabinet du maire de Berck. Mais depuis c’est un peu le jeu du chat et de la souris. Le propriétaire avait promis des travaux en 2014. Ses paroles n’ont pas été suivies d’effets. La mairie a dernièrement envoyé le courrier de la dernière chance. «
Dans un mois, sans réponse de sa part, nous engagerons un arrêté de mise en péril.
»

Maison abandonnées : ce que dit la loi

Lorsqu’un bien menace de s’effondrer ou que sa solidité est mise en cause, la municipalité peut engager une procédure de péril. Ce recours est intenté à l’encontre du propriétaire. Dans un premier temps, le détenteur du bien en question reçoit un courrier qui lui impose de se rapprocher de la mairie dans un délai d’un mois. Le maire peut visiter les lieux afin de constater l’ampleur des dégâts. Un expert est alors mandaté afin de déterminer les travaux à prévoir.

Dans le cadre de la non-exécution des travaux dans les délais imposés, le maire peut faire «
réaliser les travaux d’office aux frais du propriétaire et majorés d’intérêts. Ce dernier peut également faire l’objet de poursuites pénales. » De plus, la municipalité est en mesure d’imposer une astreinte d’un montant maximal de 1000 euros par jour de retard à l’encontre du propriétaire.

Source : Habitat : procédure de péril – service-public.fr

Son histoire

Fin du XIXe
: L’endroit s’appelle « La Roseraie ».

Courant XXe
: La propriété est reprise par un docteur du nom d’Audion, qui renomme l’endroit « Les Tourelles ». Il fera agrandir la partie basse vers l’avant avec l’aide de l’architecte Henri Valette.

1926 : Le lieu devient l’école d’Artois, un enseignement du primaire au secondaire, tenu par Madame Trebez. Là étudiront Gilbert Sabine, le père de Thierry Sabine, et Alain Trebez, dit « Trez », dessinateur de presse et fils des propriétaires de l’établissement.

1944 : À la libération, EDF récupère le bien et en fait des bureaux.

Années 1970
: Des commerces s’installent, notamment une pizzeria tenue par un certain Giorgio.

1980-1990 : Propriétaires méconnus. Les lieux sont squattés et deviennent un terrain de deal. La police est souvent tenue d’intervenir.

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