Bapaume , la folle aventure de détenus devenus membres d’un orchestre en deux semaines

Des sourires radieux, des applaudissements nourris, une ferveur et une incroyable fierté dans les yeux. Ce vendredi, au centre de détention de Bapaume, une bonne trentaine de détenus ont donné un récital dans le cadre d’un orchestre participatif. Un projet fou bouclé en deux semaines qui associait l’université de Lille 3, la direction interrégionale des services pénitentiaires, la direction régionale des affaires culturelles, le conseil régional et l’association Hors Cadre.

Un chef d’orchestre à la baguette

Tout a commencé le 1er avril quand des musiciens, certains professionnels, ont débarqué au centre de détention de Bapaume pour présenter leurs instruments et le projet d’orchestre participatif, mêlant musiciens chevronnés et détenus. Le chef d’orchestre de renommée internationale, Kleibeth Lenin Mora Aragon, est ensuite venu apporter son expérience et attribuer les instruments selon les envies et les morphologies. Un détenu auquel il manque des dents aura du mal à jouer d’un instrument à vent, nous explique-t-on. Une personne qui a des problèmes aux mains pourra difficilement jouer du violon. Pas de solfège ni de discours de musicologie au programme. M. Mora, lui, n’est pas un inconnu, loin de là. Le principe des orchestres participatifs d’El Sistema, né au Vénézuela, c’est lui. C’est d’ailleurs lui qui a dirigé les apprentis musiciens ce vendredi pour le concert

Inoubliable

Le 9 mai, les répétitions ont commencé. Après quelques doutes, l’apprentissage à vitesse grand V a commencé. Les musiciens se relaient chaque jour. Quand les partitions sont trop difficiles, on les arrangeait. En quinze jours de travail, pendant lesquels les détenus ont renoncé à leurs tâches rémunérées en détention, les prisonniers se sont évadés par la musique.

«
La question de la discipline ne s’est jamais posée, détaille Marie-Pierre Lassus, de l’université Lille 3. La musique apporte la joie, l’énergie qui émerge fait naître la beauté. On était heureux de venir. C’était inoubliable
».