Bana Al-Abed et de nombreux autres enfants ont pu être évacués d’Alep

Bana Al-Abed et de nombreux autres enfants ont pu être évacués d'Alep

Cette petite fille, dont le compte Twitter, tenu par sa mère, racontait les horreurs de la guerre, a quitté ce qu’il reste des quartiers tenus par les rebelles lundi.

Le Monde
| 19.12.2016 à 14h14
Mis à jour le
19.12.2016 à 16h51
|

Par Big Browser

Bana Al-Abed, qui a vécu des années de guerre et des mois de bombardements intenses, est mondialement connue depuis que sa mère a créé un compte Twitter à son nom pour raconter le quotidien d’une petite fille de 7 ans en temps de guerre. Ses messages, dans un anglais basique, ceux de sa mère, qui appelaient à l’aide d’une manière de plus en plus désespérée au plus fort du siège, et les images et vidéos de bombes et de dégâts étaient suivis par plus de 320 000 personnes.

Des images de la petite fille ont été relayées par l’ONG humanitaire islamique turque IHH, qui dit que l’évacuation vers Rashidin, région rurale contrôlée par les rebelles à l’ouest d’Alep, a eu lieu le 19 décembre. Le président de la Société médicale américano-syrienne, Ahmad Tarakji, a diffusé la photo de Bana Al-Abed avec un travailleur humanitaire’

‘ et dit que de « nombreux autres enfants » étaient dans les convois :

Le journaliste indépendant syrien Hadi Alabdallah a ensuite mis en ligne une vidéo où il parle avec « la célèbre petite Syrienne d’Alep » :

Selon l’ONU, il resterait plusieurs dizaines de milliers de civils, ainsi qu’entre 1 500 et 5 000 combattants rebelles avec leurs familles. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) espère que l’évacuation totale d’Alep-Est puisse se terminer prochainement. A New York, l’ONU a voté à l’unanimité une résolution présentée par la France pour encadrer l’évacuation « dans la dignité et la sécurité » et permettre « un accès humanitaire et mettre réellement l’accent sur la protection » des civils.

A mesure de sa médiatisation sur les réseaux sociaux et dans la presse occidentale, l’identité de Bana Al-Abed, celle de sa mère, et le fait qu’elles soient vraiment à Alep ainsi que leurs motivations ont été questionnés et parfois violemment attaqués.

Chaque message sur Twitter se voyait de plus en plus invectivé par des comptes défendant le régime de Bachar Al-Assad et ses alliés russes, qui y répondaient par un déversement d’insultes. Elles étaient accusées d’être manipulées et même d’être des « outils de propagande », comme l’avait formulé Bachar Al-Assad. Fatemah Al-Abed répondait à ceux qui se demandaient comment elle pouvait autant tweeter sous les bombes qu’elle rechargeait son téléphone avec « des panneaux solaires » et que le seul objectif du compte créé pour sa fille était :

« Simplement que les civils d’Alep comme nous puissent être évacués du champ de bataille. Rien d’autre. »

D’ailleurs, depuis qu’elles ont quitté la zone, le compte n’a plus diffusé de messages. Comme elles ont réussi à sortir de cette zone de guerre, la localisation réelle de la famille Al-Abed pendant le siège ne devrait plus empêcher les trolls de Twitter de dormir le soir. Si ce n’était pas assez, des médias comme le New York Times ou Bellingcat ont confirmé, en analysant les images et vidéos postées, que la famille Al-Abed était bien là où elle disait être, même s’il était impossible de savoir si tous les messages avaient bien été écrits depuis là-bas, les identifiants d’un compte pouvant être utilisés par n’importe qui.

L’Unicef, par exemple, reconnaissait que l’on ne pouvait pas savoir cela avec absolue certitude. Mais comme l’expose sa porte-parole pour le Moyen-Orient, Juliette Touma, « il y a quelque chose de symbolique dans les tweets de Bana ou ceux du compte ».

« Dans le sens où ils mettent en avant l’histoire des enfants coincés entre les tirs, il ne s’agit pas d’une seule fille, il s’agit de nombreux garçons et filles. »
Depuis 2011, la guerre en Syrie a coûté la vie à plus de 300 000 personnes, selon les estimations de l’ONU ;Sur les 23 millions d’habitants que comptait le pays, près de 60 %, c’est-à-dire 13,5 millions, ont été affectés ou ont dû quitter leur domicile pour fuir les combats ou les persécutions, selon l’ONU ;Selon l’Unicef, 8,4 millions d’enfants ont été touchés à des degrés divers par cette guerre. Elle estime qu’un jeune Syrien sur trois n’a jamais connu la paix.

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