Aux urgences de Roubaix des agents en souffrance se mettent en arrêt

Aux urgences de Roubaix des agents en souffrance se mettent en arrêt

Loïc Deledique est au bout du rouleau. Ce week-end, cet infirmier a pris son poste de nuit aux urgences. Avec la boule au ventre. « Je fais des crises d’angoisse, je pleure. J’ai sans cesse peur de faire une bêtise. » Sa perte de confiance dans ses compétences et son mal-être, le jeune homme aux yeux fatigués l’attribue à ses conditions de travail. Travailler de nuit, il aime ça. Mais c’est là tout le problème : depuis la fin de l’année, la direction souhaite supprimer les « fixes de nuit », comme lui, qui passeront à un rythme alternant trois mois de travail de nuit et un mois de travail de jour.

« Comme ces agents de nuit n’acceptent pas la nouvelle organisation, on les pousse à bout, explique Marc Duez, secrétaire de FO, qui précise qu’aucun accord n’a été signé. Les cadres de santé sont sans cesse sur leur dos, ils font l’objet de rapports, et désormais, on modifie leurs horaires de travail sans préavis, sans qu’ils puissent en changer avec des collègues. »

« Sanction »

Comme Loïc Deledique, Valérie Lamart a ainsi appris voici quinze jours qu’elle passait dans une autre équipe, et ce pour deux mois. « Cela signifie que les semaines où je devais travailler les lundis et mardis et le week-end, je travaille les mercredis et jeudis, et vice-versa. C’est très perturbant d’un point de vue personnel, j’ai pris des rendez-vous. Je vis tout ça comme une sanction. »

Les deux infirmiers ont été reçus lundi après-midi par la médecine du travail, après avoir alerté le syndicat FO qui a déclenché une mesure RPS (risques psycho-sociaux). Depuis ce mardi matin, ils sont en arrêt. Avec eux, cinq autres agents, infirmiers ou aide-soignants, ont expliqué au médecin du travail les difficultés qu’ils rencontrent, chaque nuit.

Lundi soir, une réunion a eu lieu avec la direction des ressources humaines. « Elle n’a rien donné », résume Marc Duez qui déplore « le manque de dialogue et de concertation ». La direction de son côté a une appréciation un peu différente. « De cette réunion est ressorti qu’il y avait des incompréhensions concernant des modifications apportées dans les roulements de certains personnels des urgences. Un groupe de travail regroupant l’encadrement médical et non-médical ainsi que des représentants des différents corps professionnels des urgences est mis en place et se réunira le 14 mai pour réfléchir à ces organisations de travail, dont l’objectif est d’améliorer l’accueil et la prise en charge des patients. » Face à cette souffrance, on peut dire à plus d’un titre qu’il y a urgence.

Une conséquence du départ du Dr Marie-Anne Babé’

En 2013, le personnel des urgences s’était mobilisé pour tenter d’empêcher le départ de son emblématique chef de service, le Dr Marie-Anne Babé. Celle-ci dénonçait la pression mise par la direction de l’hôpital sur son équipe et avait préféré s’en aller à Wattrelos. «
Depuis le départ du Dr Babé, plus
rien ne va, constate Sabine, infirmière « fixe de nuit ». Avant, on avait une super cohésion avec les médecins. Depuis l’arrivée du nouveau chef de service, on ne se dit même plus bonjour’
» Une autre infirmière enfonce le clou : «
Il faudrait peut-être s’interroger : pourquoi quatre, bientôt cinq médecins, sur les dix-neuf du service des urgences, sont partis depuis le départ du Dr Babé Si on n’arrive pas à les remplacer, ce n’est parce que les
paramédicaux sont ingérables
comme le dit sa remplaçante’
»

Leave A Reply