Au tribunal de Dunkerque de lourdes peines pour un réseau de passeurs originaires du Bangladesh

Au tribunal de Dunkerque de lourdes peines pour un réseau de passeurs originaires du Bangladesh

Le président du tribunal correctionnel n’a eu de cesse de lever les yeux au ciel, avec ce sentiment qu’on lui racontait des histoires. Mercredi, le tribunal s’occupait du cas d’un réseau de passeurs bangladais. La flagrance, les communications téléphoniques et la convergence des témoignages durant l’enquête semblent imparables. Pourtant, à la barre, les six prévenus présents à l’audience parmi les dix cités nient les faits.

En premier lieu, Mohamed Saduddin et Komor Mohamed, deux frères bangladais, organisateurs de cette filière d’acheminement d’étrangers pakistanais ou bangladais en situation irrégulière de l’Angleterre vers la France. «
C’est un flux d’acheminement inverse à celui que l’on connaît habituellement
», signale le président Salomon. Entre septembre 2010 et avril 2011, dix personnes de cette filière de passeurs bangladais ont pris part à une logistique bien rodée. Depuis l’Angleterre, les migrants étaient conduits par des chauffeurs de poids lourds qui les prenaient en charge jusqu’à Calais ou Dunkerque.

Plus de 200 clandestins auraient gagné la France

Les migrants étaient récupérés à leur arrivée en France par Komor ou par son neveu Islam Jahadul. Les clandestins étaient ensuite transportés par des conducteurs de poids lourds roumains, recrutés par Mohamed Saduddin, jusqu’à Garges-les-Gonesse en région parisienne. Là, un logeur, Abdus Subhan, était chargé d’héberger les migrants dans sa maison. Au total, ce sont plus de 200 clandestins qui auraient gagné la France depuis l’Angleterre entre septembre 2010 et avril 2011. Mais pour les prévenus, c’est le black-out total, absence de souvenirs, négation des faits : «
Je ne connais personne
», «
Je n’ai rien fait du tout
». Oui, mais pour le président, «
certains noms comme celui de Komor
reviennent un peu trop souvent d’un bout à l’autre de la procédure
».

Selon son avocat Me Trinquet, «
Komor a eu la faiblesse de se laisser entraîner par son frère et son beau-frère en Angleterre. D’ailleurs, les vrais commanditaires sont là-bas.
» Ce n’est pas l’avis du tribunal, agacé par la mauvaise foi des prévenus, qui les condamne à de lourdes peines allant de douze mois jusqu’à six ans de prison ferme avec mandat d’arrêt et 50 000 d’amende. Des interdictions définitives de territoire ont aussi été prononcées notamment à l’encontre des chauffeurs roumains.

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