Attentats , la longue traque d’une nébuleuse terroriste franco-belge

Attentats , la longue traque d'une nébuleuse terroriste franco-belge

L’arrestation jeudi à Boulogne-Billancourt de Reda Kriket et ses liens avec Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats du 13 novembre, place de nouveau sous les projecteurs une nébuleuse franco-belge au c’ur des attentats de Paris et Saint-Denis et des attaques de Bruxelles le 22 mars. Un réseau que, dans une véritable course contre la montre, les enquêteurs ont entrepris de démanteler. Outre Reda Kriket en France, neuf suspects ont ainsi été interpellés avant le week-end dans l’agglomération bruxelloise : trois ont été arrêtés vendredi dans les communes de Schaerbeek, Forest et Saint-Gilles. Six autres ont été appréhendés jeudi lors d’une série d’interventions à Schaerbeek, Bruxelles et Jette. Trois ont été libérés vendredi et trois autres placés en détention provisoire. Au fil des semaines, et la traque continue encore, les enquêteurs français et belges dévoilent ainsi peu à peu les contours d’une conspiration terroriste plus étoffée encore que celle qui a frappé New York en 2001.

VIDÉO SUDPRESSE

Alors que les pirates du 11 Septembre étaient au nombre de 19, « plus d’une trentaine de personnes » ont déjà été à ce jour identifiées dans les seuls attentats de Paris comme l’a rappelé Manuel Valls qui a même détaillé : «
Onze sont décédées, douze sont sous les verrous, d’autres sont recherchées.
» Englobant les commandos, les logisticiens ainsi que les cerveaux présumés, à commencer par les frères Clain qui ont enregistré le message de revendication, cette estimation pourrait donc bien être revue à la hausse si l’on agrège ceux qui ont plongé la Belgique dans l’épouvante. Car les deux séquences ayant ébranlé l’Europe sontl »uvre d’une seule et même équipe téléguidée depuis la Syrie et articulée autour d’Abdelhamid Abaaoud, mort dans l’assaut du Raid à Saint-Denis. Toutes les pistes convergent.

L’ADN de Laachraoui sur des ceintures explosives du 13 novembre

D’abord parce que Khalid El Bakraoui, qui a déclenché sa ceinture à la station de métro Maelbeek, est soupçonné d’avoir loué sous un faux nom une planque de Charleroi où sont passés une partie des djihadistes de Paris avant les attaques. Ensuite parce que Mohamed Belkaïd, alias Samir Bouzid, tué le 15 mars lors d’une perquisition à Molenbeek, et Najim Laachraoui, qui s’est fait exploser à l’aéroport de Zaventem, étaient en contact téléphonique avec plusieurs tueurs au soir du 13 novembre. Ceux-ci auraient notamment été destinataires du fameux SMS envoyé depuis le Bataclan : «
On est parti, on commence.
» Enfin, les traces génétiques de Laachraoui, artificier et coordinateur présumé, ont par ailleurs été retrouvées sur les débris de ceintures des kamikazes du Stade de France et du Bataclan mais aussi dans l’appartement de Schaerbeek, qui a pu servir d’atelier de confection des bombes.

Dans cette cache, les policiers ont identifié un autre ADN, celui de Salah Abdeslam avec lequel Laachraoui, lui encore, avait été contrôlé le 9 septembre à la frontière autrichienne, en provenance de Hongrie. Le troisième homme surpris dans la voiture n’était autre que Mohamed Belkaïd, alias Samir Bouzid. Paris, Bruxelles, «
c’est le même groupe, qui avait vocation à commettre des attentats en France et en Belgique
», a résumé une source proche de l’enquête. Seul rescapé des équipées sanglantes de Paris et Saint-Denis, Salah Abdeslam est la clef permettant de pénétrer dans les arcanes de la nébuleuse. Placé à l’isolement dans les sous-sols de la prison de Bruges, le dixième homme des attentats de Paris souhaite désormais «
partir en France le plus vite possible
», comme l’a affirmé jeudi son avocat, Sven Mary.

Une menace à son paroxysme

Les confessions d’Abdeslam sont d’autant plus attendues qu’au moins trois terroristes présumés sont toujours en cavale
: son énigmatique ami d’enfance Mohamed Abrini, l’inconnu au chapeau filmé à l’aéroport de Bruxelles et celui surpris par les caméras de vidéosurveillance du métro de Maelbeeck. Si Salah Abdeslam se disait prêt à soulager sa conscience, il n’a en revanche fourni aucun élément susceptible d’éviter les 31 morts et quelque 300 blessés de Bruxelles. Lors de sa première audition devant la police fédérale belge le 19 mars, au lendemain de son arrestation, il a livré des déclarations à prendre avec d’infinies précautions. Reconnaissant avoir «
loué des voitures et des hôtels à la demande
» de son frère Brahim, qui s’est fait exploser devant le Comptoir Voltaire dans le XIe arrondissement, le « logisticien » a accablé Abaaoud comme «
responsable
» des opérations.

Retors, Abdeslam soutient ne l’avoir rencontré qu’une fois, dans la nuit du 11 au 12 novembre, alors même que, selon la presse belge, les deux hommes ont été condamnés pour vols en 2011. À l’heure où un projet d’attentat a été déjoué en France et que la menace terroriste a atteint son paroxysme, l’urgence à percer les mystères des filières terroristes presse car d’autres équipes sont sans nul doute dans la nature. Le communiqué de Daech revendiquant des attaques de Bruxelles ne souffre, quant à lui, aucune ambiguïté : «
Nous promettons aux États croisés des jours bien sombres. Et ce qui vous attend sera plus dur et plus amer.
»

Une série d’attentats déjoués ou ratés

Selon le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, onze attentats ont été déjoués en 2015. La liste des attaques déjouées ou ratées rendues publiques est édifiante : Nice (attaque de militaires au couteau le 3 février) ; Villejuif (attentat raté de Sid Ahmed Ghlam contre des églises le 19 avril) ; Saint-Quentin-Fallavier (le 26 juin, Yassin Salhi décapite son employeur et tente de faire sauter une usine) ; Pyrénées-Orientales (un groupe démantelé le 13 juillet visait une base militaire) ; Paris (un djihadiste interpellé à son retour de Syrie devait attaquer une salle de concert) ; Thalys (le 21 août Ayoub el Khazzaniest maîtrisé dans le train Amsterdam-Paris) ; Toulon (un terroriste, interpellé le 29 octobre, visait la base militaire) ; Orléans (démantèlement le 19 décembre d’un groupe visant des militaires, des policiers ou des gendarmes).

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