Armentières , Mario l’écolier syrien qui réussit toujours à la fin

Armentières , Mario l'écolier syrien qui réussit toujours à la fin

«
Attachant
», «
spontané
», «
intelligent
», «
motivé
», «
persévérant
», «
souriant
», «
poli
» : voilà quelques uns des qualificatifs utilisés par ceux qui ont un jour croisé le chemin de Mario. À 10 ans, cet écolier est arrivé avec sa famille dans la cité de la Toile à l’automne. Une destination qu’ils espèrent finale après avoir déjà fui leur Syrie natale Mario et sa famille faisaient partie d’une minorité arménienne chrétienne persécutée s’être arrêté en Turquie mais aussi au Liban.

Mario est devenu en quelques mois un CM1 presque comme les autres. Bien sûr, les premiers jours ont pu être difficiles : l’enfant ne parlait pas notre langue. Mais après quelques jours d’anglais, les premiers mots de français sont arrivés. Les couleurs, les chiffres, «
tous les jours on doit compter ceux qui mangent à la cantine, ceux qui vont au JAD et à chaque fois, c’est Mario qui le faisait
», explique un de ses camarades.

« On lui apprend nos jeux »

Très vite aussi, Jérôme Blondel, professeur des écoles, profite des ateliers pour faire travailler Mario en binôme avec un autre élève de la classe. Une manière de faire participer l’ensemble de la classe à l’apprentissage. Et l’instit’ ne manque pas de volontaires. Même dans la cour, Mario n’est jamais seul. «
On lui apprend nos jeux…
» et quelques gros mots, preuve que l’intégration est totale côté enfants.

Des enfants conscients des progrès de leur camarade. «
Nous organisons des conseils d’élèves une semaine sur deux et très régulièrement, Mario se voit attribuer des félicitations
», confirme l’enseignant.

Si Mario est plutôt bon en maths, il sait «
compter jusqu’à un million
», certaines matières sont plus difficiles à cause de la langue. Pour y remédier, Jérôme Blondel utilise des manuels destinés au CP pour l’apprentissage de l’écriture et de la lecture. Et, là encore, les progrès sont impressionnants. Mario reprend ses premiers cahiers et explique : «

Au début, j’avais des problèmes avec ça. Maintenant c’est trop normal.
»

« Là, j’ai tous mes copains »

Une normalité que Mario a pu atteindre grâce à sa persévérance. «
Mario refuse de parler arabe à l’école », explique son professeur. «
Dès qu’il veut apprendre, il ne baisse jamais les bras
», raconte une de ses camarades. Une attitude qui impressionne. «
Mario se nourrit de tout ce qu’on lui apporte. Il connaît la valeur de l’école et surtout il accepte de se tromper et ne se décourage jamais.
»

À quelques semaines de la fin d’année scolaire, Mario a même obtenu le précieux sésame pour passer en CM2. A Léo-Lagrange évidemment : «
Parce que là, j’ai tous mes copains.
»

Une aide pour la scolarisation

Le CASNAV (centre académique pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés

et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs) est un centre de ressources et de formation basé au lycée Baggio, à Lille qui dépend du rectorat. Il a été créé en 2002.

Dans le cas de la scolarisation, sa mission est double. Parce que ces enfants, s’ils ne parlent pas la langue, peuvent avoir un très bon niveau scolaire. Des personnels compétents évaluent les élèves sur leurs compétences. «
Des tests en maths mais aussi dans la langue d’origine nous permettent de déterminer le niveau scolaire de l’enfant et donc aussi d’établir une reconnaissance de leurs acquis scolaires
» et donc ensuite de décider quel niveau de classe ils doivent intégrer, résume Mme Delabre, du CASNAV. «
Ensuite, on essaie de voir s’ils ont des compétences en français, ce qui nous permet d’évaluer le nombre d’heures de cours de français auxquels ils vont avoir droit.
»

Six élèves à Armentières

Ces cours, parfois particuliers, comme pour Mario qui est considéré comme un élève isolé, ou en groupe, c’est généralement le cas à Lille, ont lieu après la classe.

Ils sont dispensés par des enseignants volontaires, rémunérés en heures supplémentaires.

La circonscription d’Armentières a mis en place ce dispositif pour six élèves depuis septembre. «
C’est un vrai plus pour ces enfants qui baignent déjà toute la journée dans le français
», estime Thibault Haesebroeck, conseiller pédagogique auprès de Florian Dierendonck, inspecteur de la circonscription. Un accompagnement dont bénéficie Mario depuis son arrivée à Léo-Lagrange.

Une expérience surtout humaine

«
Je ne pensais pas que ce serait si facile.
» Jérôme Blondel, professeur des écoles depuis douze ans, avide de challenges, découvre avec Mario une situation nouvelle. «
Volontaire pour l’accueillir dans la classe
», l’enseignant a aussi accepté d’assurer les cours particuliers auxquels Mario a droit. Des cours où l’enseignant favorise l’oral, les mises en situation, «
qui permettent d’acquérir plus rapidement le vocabulaire
». «
L’idée c’est d’automatiser le langage oral, pour faciliter ensuite le travail écrit.
» «
C’est une expérience très enrichissante au niveau pédagogique mais surtout au niveau humain.
»

Après plusieurs mois d’investissement, Jérôme Blondel est heureux des bons résultats. «
Mario est un enfant mature, il apprend vite.
»

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