Armentières , Cyril Delannoy s’est jeté dans la Lys pour sauver un homme en pleine nuit

Cyril Delannoy est sacrément enrhumé. Mais il ne s’en préoccupe pas, il pense et repense à cette nuit, celle de vendredi à samedi.

Tout avait commencé d’une manière plutôt banale. Il était aux alentours de minuit et demie : «
J’étais avec des amis du rugby, on partait au Bizet, à cinq, en voiture.
» Cyril, outre son travail de médiateur, est aussi membre du CLLA.

Au niveau du pont, lorsque l’avenue Léon-Blum enjambe la Lys, tout près du magasin Carrefour, Cyril remarque l’attitude étrange d’un homme, qui semble tanguer. «
Je vois ce mec qui regarde la Lys. Je l’appelle, il ne répond pas. On arrête la voiture. À ce moment-là je ne pensais pas du tout qu’il allait sauter ! Je me disais que c’était quelqu’un qui avait trop bu, qui avait peut être besoin d’aide pour rentrer chez lui… Comme je suis médiateur, je suis habitué à remarquer ce genre de choses.
» Cyril et ses amis s’arrêtent, au niveau de l’homme.

Mais au moment où Cyril sort de la voiture, l’homme saute. «
J’ai regardé dans l’eau. Il était comme une étoile de mer, il ne bougeait pas.
» Le jeune homme, qui avait tenté, en 2013, de passer le concours de pompier professionnel, agit, sans se poser d’inutiles questions. «
Je suis descendu par le côté du pont. Il faisait noir. Je n’ai pas vu qu’il y avait des échelles pour descendre dans l’eau.
» Il enlève ses chaussures, son jean «
Il y avait mon portable dedans
» et plonge. «
Au moment où je suis arrivé sur lui, il a coulé. On était emportés par le courant.
»

Juste avoir des nouvelles désormais

Heureusement, le jeune sauveur est sportif, et le jeune sauvé n’est pas trop lourd. Cyril parvient à ramener l’homme, âgé de 29 ans, sur la berge. Grâce aussi à ses copains, qui l’aident à le hisser. «
Il s’est laissé faire, je lui disais Tiens l’échelle !

»

«
Il toussait, il crachait, il pleurait. Il a dit qu’il voulait en finir, c’est une histoire un peu triste… On l’a mis en PLS (position latérale de sécurité). Je pense qu’il a d’abord été inconscient pendant deux ou trois secondes, mais au moment où on a réussi à le sortir de l’eau, il était conscient. On lui a beaucoup parlé pour le laisser conscient.
» Le temps que les secours arrivent. Puis Cyril et ses copains ont laissé la main.

Lorsque nous l’avons rencontré hier, Cyril, Armentiérois de naissance qui vit à La Gorgue, commençait tout juste à se rendre compte de ce qu’il avait fait. «
Je ne suis pas un héros, je n’ai pas réfléchi, j’y suis allé, c’est tout. On m’a demandé ensuite si l’eau sentait mauvais, si elle était froide… Je n’en sais rien du tout ! Vous savez, on ne sait pas comment on réagirait jusqu’au jour où ça vous arrive.
» Maintenant, Cyril aimerait «
juste avoir des nouvelles
» de l’homme qu’il a sauvé, «
j’espère qu’il va mieux. Je l’ai cherché sur Facebook, mais je n’ai pas encore osé lui écrire un message
».