Après trois mois Proch’emploi donne plus de formations que de travail

Après trois mois Proch'emploi donne plus de formations que de travail

1. Proch’emploi, ça en est où

Difficile d’avoir des chiffres solides pour évaluer les résultats du dispositif, près de trois mois après son lancement en fanfare. Aucun problème pour obtenir le nombre important d’appels reçus (6 171) par la plate-forme téléphonique et le nombre d’entretiens réalisés entre demandeurs d’emploi et agents de la Région (5 565). En revanche, savoir combien de demandeurs d’emploi reçus ont décroché un boulot ou une formation est encore floue. «
Plusieurs dizaines de retours directs à l’emploi et un chiffre plus important de formations
», se borne-t-on à indiquer du côté du cabinet de Xavier Bertrand. «
On travaillait avec des indicateurs artisanaux, on construit les outils de traçabilité en ce moment même. Mais on a voulu agir très vite, pas attendre six mois d’avoir un dispositif complet.
»

2. Proch’emploi contribue-t-il à faire baisser le chômage

Non. En tout cas pas encore. Les chiffres de février sont sans appel : dans la Grande Région, 4 250 personnes supplémentaires se sont retrouvées sans aucune activité par rapport au mois de janvier, soit un total de 387 000 chômeurs. «
Proch emploi est une pierre à l’édifice. Nous n’avons jamais dit qu’il s’agirait de la solution miracle
», indique Alexandre Brugères, directeur de cabinet de Xavier Bertrand. Reste l’objectif de 60 000 créations d’emplois d’ici à septembre.«
Les retours directs à l’emploi ne sont pas la vocation première. Mais ils sont des bénéfices collatéraux
», argue-t-on à la présidence. «
Proch’emploi vise surtout à proposer des formations, qui sont le c’ur de compétences de la Région.
» L’institution a d’ailleurs accueilli avec satisfaction les 33 000 formations supplémentaires proposées récemment par le gouvernement.

3. Est-ce que Proch’emploi fait mieux que Pôle emploi

«
Il n’y a pas de logique de concurrence. Nous sommes partenaires
», explique Alexis Brugères. Les remontées vont toutefois dans le sens d’entretiens de qualité à la Région. Il faut dire que la masse à gérer est moins importante qu’à Pôle emploi qui manque parfois de moyens, dans un contexte de chômage explosif, pour effectuer un travail de placement efficace. Dans plusieurs agences de la région, les conseillers Pôle emploi ont en « accompagnement guidé » beaucoup plus de demandeurs d’emploi que les 100 à 150 maximum qu’ils devraient suivre. Pour ce qui est de Proch’emploi, près de 200 agents ont rencontré 5 565 personnes. Soit une trentaine d’entretiens par agent depuis début février. Sans doute plus simple pour bien cerner les compétences et les besoins du demandeur d’emploi.

Proch’emploi, un numéro vert : le 0 800 02 60 80, c’est le numéro pour joindre Proch’emploi. Le dispositif de la Région a pour but de faire le lien entre les chômeurs et des emplois ou des formations.

La Voix de Sébastien Leroy

Après la com’

«
Au travail !
», affichait Xavier Bertrand sur ses documents de campagne en 2015. Comment s’étonner alors que l’attente soit à la mesure du slogan : impérieuse. Surtout dans une région où l’emploi se disloque depuis des années. Certes, il était sans doute un peu abusif de croire que Proch’emploi allait tout régler d’un coup de baguette magique. Mais le dispositif s’appelle Proch’emploi. Pas «
Proche formation
» ou même «
Proche entretien de qualité avec un agent de la Région bien aimable
». À jouer avec les mots, le candidat Bertrand a suscité un espoir que le président Bertrand doit maintenant assouvir d’urgence, avec des résultats tangibles.

Ministre du Travail de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand disait ne plus vouloir payer pour les autres la facture de la montée du chômage de 2008-2009. Six ans plus tard, on peut lui reconnaître le volontarisme. Mais si le chômage persiste à augmenter, le nouveau président de Région pourra-t-il toujours rejeter la responsabilité sur les autres

Des discussions tous azimuts

Xavier Bertrand ne s’en cache pas : il veut muscler Proch’emploi, afin d’en faire un acteur incontournable de l’emploi et de la formation. Pour cela, il est en discussion avec Le Bon Coin et Randstad, ce que confirment les deux entreprises.

«
François Béharel, le président du groupe Randstad France, travaille en direct avec Xavier Bertrand sur ce projet courageux et ambitieux
», indique un responsable de l’entreprise spécialiste du travail temporaire. L’idée est de s’appuyer sur l’expérience du leader de l’intérim en matière de recrutement, de reclassement et de formation.

Une représentante du Bon Coin atteste que l’entreprise a été contactée par des responsables de Proch’emploi. «
Pour l’instant, on a commencé les discussions, on en est aux prémices.
» Pourquoi le site discute-t-il avec Proch’emploi «
Ce qui nous intéresse, c’est de fluidifier le marché du travail. En tant qu’acteur de l’emploi, avec plus de 250 000 offres en France aujourd’hui sur le site, on étudie toutes les propositions.
»

Dans son livre-programme, le président Les Républicains parlait déjà du site Internet . «
Je reste convaincu de recourir aux nouveaux outils numériques (pour l’emploi). Aujourd’hui, Linkedin, Facebook ou Le Bon Coin permettent de retrouver un emploi.
»

Toutefois, rien n’est encore signé entre Proch’emploi et les deux entreprises. Il est encore trop tôt pour savoir si et quand ces discussions aboutiront. Mathilde Cousin

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