Après les controverses le patron d’Uber cherche un bras droit

Après les controverses le patron d'Uber cherche un bras droit

Uber cherche sa Sheryl Sandberg. Mardi 7 mars, la plateforme américaine de voitures avec chauffeur a officialisé son intention de recruter un directeur opérationnel afin d’épauler Travis Kalanick, son fondateur et patron comme l’ancienne responsable de Google qui seconde Mark Zuckerberg chez Facebook depuis 2008. Cette annonce intervient après plusieurs de semaines de controverses. La dernière: une vidéo, publiée par Bloomberg, montrant une dispute entre M. Kalanick et un chauffeur.

« BESOIN D’AIDE »

« Certaines personnes n’aiment pas assumer leurs propres emmerdes », y répondait sèchement le directeur général de la société à son interlocuteur qui l’accusait d’avoir provoqué sa faillite personnelle en baissant sa rémunération. « J’éprouve de la honte, avait par la suite réagi M. Kalanick. C’est un douloureux rappel que je dois fondamentalement changer en tant que leader et grandir un peu. C’est la première fois que je suis capable d’admettre que j’ai besoin d’aide en tant que dirigeant et j’ai l’intention de l’obtenir. »

Selon Recode, le conseil d’administration d’Uber préférerait confier le poste à une femme. Et M. Kalanick militerait pour recruter Helena Foulkes, la présidente de la chaîne de pharmacies CVS. Le site spécialisé cite également le nom de Tom Staggs, l’ancien directeur opérationnel de Disney. Se posera ensuite la question de la cohabitation et du partage des responsabilités. Jusqu’à présent, le patron d’Uber s’était en effet toujours opposé à la venue d’un bras droit, préférant tout contrôler directement.

CLIMAT SEXISTE

Le nouveau responsable arrivera au sein d’une entreprise en plein doute. En février, une ancienne employée a accusé la direction d’avoir laissé s’installer un climat sexiste et d’avoir systématiquement ignoré ses plaintes pour harcèlement sexuel. Des plaintes ensuite relayées en interne par des salariées. Une enquête a été confiée à Eric Holder, l’ancien ministre de la justice de Barack Obama.  La semaine dernière, la société a annoncé le départ de son responsable de l’ingénierie, rattrapé par d’anciennes accusations de harcèlement sexuel.

Uber a aussi été la cible d’une campagne de boycott en raison de ses liens avec l’administration Trump M. Kalanick avait accepté de siéger au sein du « forum stratégique » chargé de conseiller le nouveau président américain sur les questions économiques. La société a par ailleurs été attaquée en justice par Alphabet, la maison mère de Google, qui l’accuse d’avoir volé des technologies dans le domaine de la voiture autonome. Vendredi dernier, Uber a aussi reconnu avoir mis en place un programme pour se jouer des autorités.

RASSURER LES SALARIÉS

La décision de recruter un numéro 2 vise également à rassurer les employés de l’entreprise. Devant le mécontentement de ses troupes, M. Kalanick avait déjà renoncé, début février, à conseiller M. Trump. Après les accusations de sexisme, il s’était par ailleurs exprimé devant l’ensemble des salariés pour présenter ses excuses et promettre d’être un meilleur dirigeant.  Selon le Financial Times, les recruteurs de la Silicon Valley sont, depuis quelques semaines, de plus en plus sollicités par des employés d’Uber.

Au-delà de la culture d’entreprise, ces derniers s’inquiètent de la valeur de leurs stocks options. Uber en effet valorisé à près de 70 milliards de dollars, ce qui limite les éventuelles plus-values. Pis, si la direction ne parvient pas à redresser la barre, ces options pourraient perdre toute leur valeur. Ces craintes valent aussi pour les potentielles recrues, alors qu’Uber est en concurrence pour attirer les meilleurs ingénieurs. L’entreprise a ainsi ouvert la porte à une modification de sa politique de rémunération par action, jugée trop restrictive.

Photo: Uber

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