Après le resserrement que reste-t-il du campement rom de Loos’

Après le resserrement que reste-t-il du campement rom de Loos'

Sur le côté du parking, le tas de détritus est plus haut que jamais. Ces simili remparts ont été alimentés par les restes de caravanes détruites lors de l’opération de « resserrement », réalisée mercredi dernier par la préfecture, avec l’appui logistique de la MEL (métropole européenne de Lille) et, comme le précise Anne Voituriez dans un communiqué, «
avec la collaboration des services de la ville
». Reste à ce jour une vingtaine de caravanes, toutes occupées. Sur l’une d’entre elles, il est inscrit à la bombe vert fluo : « Ne pas casser. »

Ce lundi, élus et membres du Collectif citoyens loossois, qui vient en aide aux Roms, ont dénoncé «
une action illégale de la préfecture
». Jean-Luc Munro, élu Vert à Loos et membre du Collectif, s’exclame : «
C’est pour ça qu’ils ne laissaient passer personne !
» Ce dernier avait, selon les forces de l’ordre, essayé de forcer un barrage policier à vélo. Ce qui lui a valu une garde à vue. «
Déplacer une caravane, c’est une expulsion déguisée !, fulmine Ghislain Dhalluin, du Collectif. On fera une procédure judiciaire, un référé devant le tribunal administratif !
»

« OQTF » remises aux Bulgares

Sur place, aucun Rom ne veut parler. «
Ils ont peur
», précise Anne Dhalluin. Selon les élus et associatifs présents, les papiers d’identité des Bulgares (l’autre partie du camp est occupée par des Monténégrins, donc pas Européens) auraient été «
confisqués
», et des « OQTF » (obligations de quitter le territoire français) leur auraient été remises. Exécutables sous trente jours.

Sur le terrain, ceux qui s’occupent des Roms depuis leur installation, légale, en avril 2013 déplorent un grand gâchis
: «
L
es enfants sont scolarisés depuis trois ans, indique Ghislain Dhalluin. Ici, ils ne dérangent personne.
»

Jean-Luc Munro n’en reste pas là

Hier, Jean-Luc Munro, conseiller municipal EELV, s’est rendu au campement en voiture. «
À cause du temps
», sourit-il.

Mercredi dernier, l’élu vert est tombé dans l’allée du train de Loos, alors qu’il tentait d’accéder au camp à vélo. Version police : il a tenté de forcer leur barrage. Version Jean-Luc Munro : le barrage n’était pas matérialisé.

La vérité éclatera, peut être, en octobre, lorsque l’élu sera convoqué devant la justice. En attendant, Jean-Luc Munro a pris un avocat, «
même deux
», et s’apprête à déposer une plainte pour «
violences policières
». Il dit en effet avoir été «
poussé
» par un fonctionnaire alors qu’il passait la grille blanche, ouverte, sur l’allée menant au campement. «
Je ne pensais pas que cela irait jusque là…
»

L’élu, placé en garde à vue vers 9 h 30 mercredi, est resté au commissariat de Loos jusqu’à 17 h 30. Le temps, notamment, d’une confrontation avec les deux policiers en cause.

Un «prélude à la fermeture»’

La maire de Loos Anne Voituriez, qui avait en partie axé sa campagne sur le démantèlement du campement rom de l’ancienne prison de Loos, exulte, sous des dehors modérés, dans un communiqué émis vendredi. «
Cette opération menée par les services de l’État, avec la collaboration des services de la ville, est un prélude à la fermeture du campement que le conseil municipal a appelé de ses v’ux par une motion votée le 3 mars 2016.
»

Pour rappel, cette motion n’a de valeur que déclarative, puisque le campement est installé sur ce terrain appartenant au ministère de la Justice légalement, sur la base d’un arrêté préfectoral autorisant le stationnement des caravanes.

Dans ce même communiqué, Anne Voituriez déplore les «
400 m3 de ferraille et de déchets inflammables de nature objectivement dangereuse
», liés notamment aux activités de ferraille.

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