Aline Bastin 29 ans #EnMémoireBruxelles

Aline Bastin 29 ans #EnMémoireBruxelles

Depuis, armée de la connaissance de quatre langues, elle a parcouru le monde’ : l’Inde, le Japon, la Birmanie, la Thaïlande, Cuba, et beaucoup d’autres pays’ comme son grand frère, Eric, lui aussi globe-trotteur du fait de son travail. Cette vie de baroudeuse fut parfois synonyme de frayeurs pour ses parents. « Lorsqu’elle était en Birmanie, nous étions fort inquiets, se remémore sa maman, Chantal. Elle était impossible à joindre, car elle n’avait pas de réseau. Elle a été si loin et finalement, c’est ici, chez elle, qu’elle se fait tuer’! » En fin d’année, elle devait s’envoler pour le Guatemala, en compagnie de Pierre, son papa.

Aline était de nature fonceuse, sans peur et sans reproche. Mais elle voyait aussi les choses sur le long terme. Ses études, elle les a réussies sans anicroche. « Des bancs de l’école secondaire de Visé, en latin-sciences, à l’obtention de son double master en communication des entreprises et études européennes (ULB/IHECS) (université de Bruxelles-Ecole supérieure de Bruxelles), en passant par son bac à l’ULg (université de Liège), elle a toujours réussi sans le moindre échec. » Pour son employeur, la Communauté européenne du rail (CER), sise à Bruxelles, près du métro Maelbeek, Aline était énergique et dévouée. « Sa porte était toujours ouverte. Du plus petit service à la requête la plus complexe, elle était là, prête à aider », a indiqué l’institution dans un court texte.

Lorsqu’elle ne voyageait pas, Aline aimait s’évader spirituellement. L’élan poétique d’un Nabokov, la plume acérée de Romain Gary, l’art contemporain à la Brafa (Foire des antiquaires de Bruxelles). « Aline était une personne assez indépendante qui aimait la découverte, confie son père. Elle accompagnait le tout d’une grande ouverture d’esprit. »

Mais Aline avait aussi ses principes. « Elle ne voulait plus toucher à un morceau de viande, souligne sa maman. Grâce à notre belle campagne qui entoure la maison familiale, nous pouvons nous permettre d’avoir chien, chat et perroquet. C’est sans doute l’amour que nous partageons pour les animaux qui l’a transformée en végétarienne. »

De l’affection, elle en communiquait aussi à ses nombreux amis. A Boitsfort, une commune bruxelloise, elle avait adoré vivre avec ses trois colocataires qui la surnommaient « Couli ». Mais à 29 ans, décidée à aller de l’avant, elle s’était lancée à la recherche d’un appartement. Le 22 mars, jour des attentats, elle avait rendez-vous à midi pour acheter son nouveau logement. C’est en se rendant à son travail en matinée que sa vie a été fauchée dans le métro. « Certains m’ont dit qu’elle était au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est faux, ce sont les terroristes qui n’auraient pas dû se trouver là, à cet instant-là », déplore sa maman.

Thibaut Balthazar (« La Libre Belgique », à Bruxelles)

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