Air France , échec des négociations des annulations de vols attendues

Air France , échec des négociations des annulations de vols attendues

Le Monde
| 09.06.2016 à 02h57
Mis à jour le
09.06.2016 à 12h41
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Par Guy Dutheil

Les syndicats de pilotes représentatifs à Air France ont rejeté jeudi 9 juin le nouveau protocole de fin de conflit transmis dans la nuit par la direction, quasiment « un copier-coller » du précédent, selon eux, et qui ne contient « aucune proposition » permettant de lever la grève débutant samedi.

Après l’échec de la nouvelle journée de négociation marathon avec les trois syndicats de pilotes, mercredi, la direction d’Air France avait déjà indiqué qu’elle devait annoncer, jeudi, les « premières annulations de vols » pour cause de grève, notamment à travers l’envoi « de SMS aux passagers ».

La loi Diard oblige en effet les grévistes des compagnies aériennes à se déclarer 48 heures à l’avance. Or, le « préavis de grève prévue du 11 au 14 juin est maintenu » ont annoncé, mercredi soir, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), le Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF) et Alter.

La direction d’Air France assure être en contact avec le cabinet du premier ministre, Manuel Valls. Ce dernier entend être informé « de l’impact éventuel de la grève sur le championnat d’Europe de football », qui démarre vendredi 10 juin au stade de France.

De son côté, l’Union européenne des associations de football (UEFA), organisatrice de l’Euro, « veut s’assurer qu’Air France pourra bien acheminer tous les arbitres » de chaque match de la compétition.

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Promesses « assez vagues »

Mercredi soir, les syndicats de pilotes se sont dit déçus de n’avoir que des promesses « assez vagues » de la direction. Même si Air France a apporté quelques « précisions » à certaines de leurs demandes, les représentants des personnels réclamaient « des engagements fermes ».

Dans la nuit, la direction a transmis un nouveau « procès-verbal de sortie de crise ». Un texte qui, selon elle, serait « dans le même esprit que celui de mercredi mais avec des précisions ». Air France assure qu’elle reste sur la « même ligne ».

Frédéric Gagey, PDG d’Air France, ne cesse de répéter « qu’il ne peut toujours pas prendre d’engagements » sur la principale revendication des pilotes, le « rééquilibrage » de l’activité entre Air France et KLM.

Les pilotes français estiment que la compagnie tricolore décline d’année en année, au profit de sa cons’ur néerlandaise, malgré les accords passés lui garantissant un nombre d’heures de vol supérieur.

Avec les achats d’avion et la croissance déjà budgétés par Air France-KLM, « on arrive, sur cinq ou six ans, à rétablir le ratio » voulu par les syndicats français, avec un « coût zéro » pour l’entreprise, assure Emmanuel Mistrali, porte-parole du SNPL :

« Ça ne demande pas d’acheter des avions à la fin de la semaine, ni d’avoir une croissance à 15 %. Il suffit juste de changer la répartition du nombre d’avions nouveaux déjà programmés, en accordant la priorité à Air France, sans faire décrocher KLM. »

Pour M. Gagey, de tels engagements sont de la responsabilité du PDG d’Air France-KLM. Jean-Marc Janaillac, qui a été nommé pour succéder à Alexandre de Juniac à la présidence de la compagnie franco-néerlandaise, et doit prendre ses fonctions le 4 juillet. Avant cette échéance, il ne souhaiterait pas intervenir dans le conflit.

Le soutien des hôtesses et stewards

Cette « position légitimiste étonne » les organisations représentatives des pilotes agacées par la vacance du pouvoir. Désormais, les syndicats « ont le désagréable sentiment que malgré tout cette grève aura bien lieu », se désole Emmanuel Mistrali, porte-parole du SNPL.

Mercredi, les trois syndicats de pilotes de ligne ont présenté une proposition de croissance d’Air France. « Une hypothèse crédible », d’après M. Mistrali. Elle se fonde sur « les prévisions de croissance envisagées par Air France, soit 2 % par an », ajoute le SNPL.

Avec cette démarche, « nous pouvons arriver à rétablir l’équilibre tout en maintenant la croissance chez KLM », assure le syndicat. Selon les calculs du SNPL, Air France devrait augmenter sa flotte long-courrier d’une vingtaine d’appareils en cinq ans pour rétablir son rapport de force avec KLM.

Au sein d’Air France, le mouvement des pilotes aurait le soutien des autres catégories de personnels. « Nous sommes assez d’accord avec eux », indique ainsi un des principaux syndicats d’hôtesses et de stewards. L’arrivée de nouveaux avions signifie aussi la création d’emplois avec l’embauche de nouveaux équipages et de personnels au sol.

Dans l’entourage de la direction, on voudrait croire à une faible mobilisation des pilotes. « Il n’y a pas de souci de ce côté-là », rétorque le SNPL, qui assure que « la mobilisation est bonne ».

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