Agression sur une aire de repos de l’A26 à Chocques, ce que l’on sait

Agression sur une aire de repos de l'A26 à Chocques, ce que l'on sait

De l’avis d’un gendarme, «
c’est une agression très très rare
». Jeudi soir, vers 23 h 45, un groupe d’une vingtaine de migrants a agressé trois personnes, sur l’aire de repos de la Grande Bucaille, sur l’autoroute A 26 : le conducteur d’une camionnette, qui s’était arrêté là pour téléphoner, ainsi qu’un couple originaire de Norrent-Fontes, qui revenait d’Arras.

D’après nos sources, le groupe s’en serait pris à la camionnette d’abord, puis aux occupants de cette Clio. Armés de pierres et de bâtons, les agresseurs ont asséné des coups et brisé les vitres du véhicule. L’un des garçons du couple s’est alors réfugié dans les toilettes de cette aire, avec le conducteur de la camionnette, pour avertir les gendarmes. Entre-temps, son compagnon, à l’extérieur, a été sérieusement blessé (lire ci-dessous).

Mauvais endroit, mauvais moment

Les premiers éléments de l’enquête tendent à penser que les victimes «
étaient au mauvais endroit, au mauvais moment
». Cette aire d’autoroute étant située à deux kilomètres du petit camp de migrants de Chocques (une vingtaine de personnes tout au plus), ceux-ci tentent souvent d’embarquer dans les camions depuis le parking.

D’après certains témoignages, il semblerait qu’un groupe violent de passeurs ou de migrants même, terrorise les exilés de Chocques. Dans ce contexte migratoire très tendu, des luttes sont en effet observées pour la maîtrise des points de passage. «
La pression monte
», constate une bénévole de l’association Terre d’errance, qui vient en soutien aux exilés. Plusieurs bagarres auraient ainsi éclaté, depuis le début de l’année, ce qui n’est pas confirmé.

Il se pourrait donc que les trois victimes de l’aire de l’A26 aient été confondues avec des membres de ce groupe violent qui sévirait dans la région, et que certains exilés aient voulu se venger, attaquer pour se défendre. C’est, pour l’heure, l’hypothèse privilégiée. Le peloton autoroutier de Béthune a ouvert une enquête.

Norrent-Fontes : la colère d’une maman dont le fils a été agressé

C’est une mère en colère qu’on a au bout du fil. Son fils, qui vit avec elle à Norrent-Fontes, a été agressé jeudi soir sur l’aire de la Grande Bucaille, sur l’autoroute A26. «
On lui a donné des coups de bâtons, des coups de pierre. On lui a sauté dessus !
» Choquée et révoltée, elle a déposé plainte et alerte, depuis, beaucoup de médias. «
On m’a dit que retrouver les agresseurs c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, raconte-t-elle, mais j’irai
au bout de mon combat. »

Sérieusement blessé

Son garçon de 22 ans s’en est d’abord sorti avec des blessures légères. Mais la situation semble avoir empiré : «
Il est à nouveau à l’hôpital depuis dimanche. Le médecin lui a donné sept jours d’interruption de travail.
» Recousu à la joue, souffrant de multiples hématomes et ayant la mâchoire abîmée, le jeune homme aurait également «
du sang dans le cerveau
». Il devait passer un scanner ce mardi après-midi à la polyclinique avant un potentiel transfert à Lille.

Une fête de soutien annulée, tout un travail de terrain gâché

Dimanche, il devait y avoir des concerts et de la joie, au camp de migrants de Chocques. Comme elle le fait régulièrement à Norrent-Fontes, l’association Terre d’errance convie bénévoles, habitants et exilés à se rassembler autour de groupes, pour un après-midi solidaire. Le goûter du 17 avril était par exemple sa réponse pacifique à la demande d’expulsion du campement entérinée récemment par le tribunal de Béthune.

Mais étant donné le contexte, l’association a préféré annuler. «
Après cette agression vraiment très particulière, personne n’a le c’ur à faire la fête, explique Nan Suel, secrétaire de Terre d’errance. Les exilés sont choqués.
» Les bénévoles, inquiets et désolés pour les victimes, cherchent eux aussi une explication logique à cet acte violent. «
En tout cas, on est OK pour aider la gendarmerie à trouver les coupables.
»

Récupération politique

Cette agression et les amalgames qu’elle engendre parfois met à mal une partie du travail qui est mené sur le terrain. «
On comprend absolument la réaction de la maman d’une des victimes, c’est la récupération politique de cet événement qu’on condamne.
» L’information de l’agression, qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux, est en effet exploitée par des groupuscules d’extrême droite.

Le monde des exilés, n’est pas un monde merveilleux. Et ceux qui arpentent chaque jour les allées des camps le savent bien. Mais concernant cette agression, la position de Nan Suel est sans équivoque : «
On ne veut pas que les explications deviennent des excuses.
»

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