A Perpignan  Visa pour l’image  expose la folie du monde

A Perpignan  Visa pour l'image  expose la folie du monde

Crise des migrants, guerre contre l’organisation Etat islamique (EI), ravages du virus Zika : le festival international de photojournalisme Visa pour l’image, dont la 28e édition a débuté samedi 27 août à Perpignan, expose un monde en pleine tourmente, sans se focaliser sur les attentats ayant frappé l’Europe ces derniers mois.

« La thématique la plus visible », indique Jean-François Leroy, directeur et cofondateur du festival, « ce sont les migrants, avec trois expositions, dont celle d’Aris Messinis du bureau de l’AFP à Athènes », sur le flot de réfugiés vers l’île grecque de Lesbos et intitulée « Scènes de guerre en zone de paix ».

Couverture d’une crise historique

Sont également exposés les travaux d’un autre photographe grec, Yannis Behrakis, de l’agence Reuters. Après avoir parcouru les conflits déchirant le monde pendant un quart de siècle, il est revenu dans son pays couvrir l’arrivée massive de Syriens, d’Afghans et d’Irakiens fuyant les horreurs de la guerre. Marie Dorigny s’est de son côté attachée à suivre les femmes migrantes qui, avec leurs enfants, se sont entassées dans des canots pneumatiques pour tenter de rejoindre les rives européennes.

Jamais, depuis la guerre du Kosovo, Visa pour l’image n’avait reçu autant de propositions de sujets sur cette crise historique.

En septembre 2015, au moment de la précédente édition du festival, la photo du cadavre du petit Aylan Kurdi sur une plage turque avait fait le tour du monde. Elle avait suscité une vague d’émotion planétaire. Il y a quelques jours, celle du petit Omrane, 4 ans, hagard et recouvert de sang, blessé à Alep (Syrie), avait également beaucoup ému.

« Mais après, il ne se passe rien. On a dit plus jamais ça’ mais on les laisse se noyer, s’emporte le directeur du festival. Une photo n’a jamais arrêté une guerre ni influencé un responsable. Et je le regrette. »

Quant aux attentats ayant frappé l’Europe – la France, la Belgique ou l’Allemagne – ils seront abordés en soirées lors des projections. Mais pas lors des expositions.

« On a adopté un principe : un attentat à Nice, à Paris ou à Bruxelles a la même importance qu’un attentat à Kaboul ou à Alep. On refuse le mort au kilomètre’, selon lequel un piéton écrasé à Perpignan est plus important qu’un double attentat à Kaboul avec plus de 200 morts », explique M. Leroy. « On met tous les attentats au même niveau, c’est ma responsabilité en tant que directeur d’un festival international », insiste-t-il.

3 000 professionnels accrédités

De fait, ce rendez-vous incontournable de la profession offre une visibilité à des travaux qui ne font pas nécessairement la Une de l’actualité, comme la situation très difficile des homosexuels et des personnes transgenres en Afrique (Frédéric Noy-Cosmos avec « Ekifilre ou les demi-morts »).

Peter Bauza pour Echo Photojournalism n’a pour sa part pas photographié le Brésil des Jeux olympiques mais il a tourné ses objectifs vers Jambalaya, connu sous le nom de Copacabana Palace, un complexe immobilier près de Rio en partie occupé par des sans-abri. 300 familles y vivent dans des conditions insalubres.

Niels Ackermann, pour Lundi13, a rencontré les enfants de Tchernobyl (Ukraine) devenus grands. Et Felipe Dana (Associated Press) s’est rendu dans le nord-est du Brésil, une région pauvre où des familles ont été durement frappées par le virus Zika.

Visa pour l’image braque aussi les projecteurs sur le travail de photojournalistes présents sur des conflits qui sont moins couverts par les médias. Dominic Nahr s’est ainsi rendu au Soudan du Sud, Andrew Quilty (Agence Vu’) est lui basé à Kaboul depuis 2013.

Jusqu’au 11 septembre, le grand public tout comme 3 000 professionnels accrédités et 280 agences représentant une cinquantaine de pays sont attendus à Perpignan. Plus de trente agences et collectifs de photographes du monde y ont un bureau de présentation.

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